Patrice Franke, directeur Audi France
Journal de l'Automobile. Après une bonne fin d'exercice 2009 êtes-vous satisfait de votre début d'année ?
Patrice Franke. Nous avons bien commencé l'année 2010 malgré un certain attentisme général suite à la réduction de la prime à la casse dont nous n'avons d'ailleurs que très peu bénéficié en 2009. Cependant, je ne ferais pas de déclarations péremptoires car les conditions sont toujours complexes et peuvent bouleverser nos scénarii. Il reste encore 10 mois et beaucoup de choses peuvent encore changer.
JA. La nouvelle A8 sera bientôt dans le réseau, mais, cette année, votre incontestable vecteur de croissance sera l'A1. Quelles sont vos ambitions pour ce modèle ?
PF. L'A8 est notre vaisseau amiral et vous n'êtes constructeur premium à part entière que si vous êtes capable d'avoir une telle offre. Elle est la démonstration de notre savoir-faire et cela rejaillit sur l'ensemble de la gamme. A l'opposé, dans cette gamme, justement, l'A1 est un autre challenge dans l'univers des citadines compactes premium. Ici les volumes seront évidemment plus importants avec une ambition de 15 000 unités en année pleine. L'A1 sera lancée sur le marché français le 9 septembre prochain et, d'ici à la fin de cet exercice, elle devrait représenter 4 000 à 5 000 immatriculations.
JA. L'A3, qui jusqu'ici était votre entrée dans l'univers Audi, ne risque-t-elle pas de souffrir ?
PF. Comme toujours lorsque vous étendez votre gamme, il existe un risque de cannibalisation. Nous ne l'avons pas quantifié mais fidéliser des clients de l'A3, qui auraient peut-être quitté la marque, avec l'A1 me convient parfaitement. Ceci étant, la conquête reste notre objectif majeur avec 60 à 70 % de nouveaux clients.
JA. Avec le concept A1 e-tron vous présentez également la future A1 des villes ?
PF. Il s'agit d'un concept vraiment destiné aux grandes villes, un Mega City Vehicule. Cette A1 e-tron peut parcourir 50 km en mode 100 % électrique et si toutefois vous souhaitez sortir de la ville, un moteur rotatif thermique d'appoint vous permet d'étendre de 200 km votre rayon d'action. Avec ce concept, Audi confirme sa stratégie sur les véhicules électriques. L'appellation e-tron va, comme le Quattro en son temps, venir s'étendre sur toute la gamme.
JA. Comment votre réseau a-t-il vécu l'année 2009 ?
PF. Nos partenaires ont vraiment fait un très bon travail. D'une façon assez radicale, ils ont surveillé toutes les zones à risque en commençant par le VO. Nous les avons toutefois aidés en limitant drastiquement les voitures à loueurs. De plus, la prospection commerciale a également été au cœur de l'activité. Avec une rentabilité moyenne nationale de 1,4 %, nous sommes dans le peloton de tête.
JA. Qu'en sera-t-il en 2010 ?
PF. Nous ne savons pas comment le marché va réagir et encore moins les efforts qu'il faudra consentir pour maintenir l'activité (promotions, soutien au crédit, etc.) De plus, il est évidant que beaucoup de nos distributeurs sont en pleine phase d'investissements. Cette situation aura un impact sur le résultat d'exploitation car les charges immobilières vont augmenter. Cependant, nous avons constaté, jusqu'ici, que ceux qui ont terminé cette restructuration ont vu augmenter leur fréquentation atelier de 15 à 70 %. Ce nouveau flux a logiquement une influence sur les activités VN et VO.
JA. Qu'en est-il de l'amélioration de la qualité et de la satisfaction client ? Y consacrez-vous une part plus importante dans les rémunérations de vos distributeurs ?
PF. Nous travaillons aussi bien sur la vente que sur l'après-vente. En ce qui concerne l'après-vente, nous avons doublé le budget alloué à la rétribution des efforts de qualité du réseau. Il en va de même pour la vente où tous les distributeurs qui sont en totale conformité avec nos demandes touchent automatiquement un pourcentage supplémentaire de marge. Cette part est plus importante que par le passé et permet de faciliter les amortissements. Mais nous ne sommes qu'au début de notre offensive qualité. Pour les années à venir, il s'agit de notre cheval de bataille.
JA. Avec l'arrivée de l'A1 notamment, pensez vous pouvoir prendre le leadership de l'univers premium en France ?
PF. Notre objectif principal n'est pas d'être premier mais d'exploiter au mieux le marché. La première place n'est pas une fin en soi. Nous privilégions d'abord la rentabilité. Cependant, il est vrai que cette année nous pourrions tirer notre épingle du jeu avec nos nouveautés.
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