Origine France : et après ?

Le patriotisme économique existe-t-il en France ? Pas vraiment, mais PSA espère bien tirer profit de la labélisation "origine France Garantie" de six de ses produits. En effet, l'association Pro France, présidée par le député Yves Jégo, a reconnu, après une étude du Bureau Veritas, les Peugeot 508, 3008 et 5008 ainsi que les Citroën DS3, DS4 et DS5 comme des produits "français".

Pour mériter ce label, voulu sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le véhicule doit être assemblé dans notre pays, comme au moins 50% des éléments (en valeur) qui le constituent. PSA fait même mieux sur ce dernier critère puisque, pour ces six véhicules, la part moyenne de la valeur produite en France atteint 68%.

Dans un communiqué, Philippe Varin, le président du groupe, s'est félicité de cette labellisation : "Les six véhicules labélisés sont des véhicules Premium dont certains portent la technologie Hybrid4. Ils sont le fruit de l'innovation et du savoir-faire des salariés du groupe, et démontrent notre volonté de continuer à investir et produire en France. Cette labellisation témoigne ainsi de notre détermination à rester un acteur industriel majeur sur le territoire français."

Rappelons que la 508 est assemblée à Rennes, les DS3 et DS4 à Poissy et Mulhouse, et enfin que l'usine de Sochaux produit les 3008, 5008 et DS5. Gageons que d'autres productions du constructeur français vont également obtenir cette "origine France Garantie", comme notamment la 308, qui sera assemblée à Sochaux. Quant au 2008, bien qu'il soit produit à Mulhouse pour l'ensemble des marchés européens, l'exigence de 50% de la valeur moyenne venant de France semble plus compliquée à atteindre, comme pour la 208 dont le crossover reprend 67% des pièces.

Malheureusement, comme le souligne Philippe Varin, ce sont des modèles Premium qui sont labélisés et ce n'est pas ceux que les clients achètent en nombre. Surtout en France. Ainsi la production de PSA (VP+VUL) dans l'Hexagone au cours du premier trimestre 2013 a baissé de 35,7%, à seulement 230337 unités. Renault ne fait guère mieux avec un repli de 23,7%, à 118600 unités.

Que vendent finalement PSA et Renault ? Principalement des petits véhicules qui sont fabriqués en grande partie hors de nos frontières. La 208, certes assemblée à Poissy, l'est aussi à Trnava, en Slovaquie. Les 107 et C1 ? Elles arrivent de République tchèque. La Clio, certes produite à Flins, voit le plus gros de ses volumes arriver de Turquie. La Twingo est produite en Slovénie. Et nous ne parlerons pas ici de Dacia, dont les bases de production sont la Roumanie et le Maroc.

Ce label, que Toyota a déjà obtenu pour sa Yaris produite à Valenciennes, a le mérite de mettre les produits français sous les feux de la rampe, mais ce sera sans doute son seul effet. Pour produire à nouveau en France des modèles qui se vendent réellement, il y a encore beaucoup de choses à revoir. L'accord que Renault vient de signer avec les organisations syndicales a permis d'annoncer de nouvelles productions à Flins et à Sandouville, mais ce n'est qu'un pansement sur une jambe de bois. L'Etat, qui a été si prompt à vilipender Philippe Varin, la famille Peugeot et dans une certaine mesure Carlos Ghosn, doit aussi réfléchir à l'automobile autrement que comme une vache à lait fiscale ou une arme de destruction massive.