"Nous ne craignons pas de retournement car nous prenons nos dispositions"

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Que peut-on lire au travers des études que Nissan a dévoilées ?
PIERRE BOUTIN. Nous avons inventé le segment du crossover, il nous faut nous interroger désormais sur ce que pourrait être la prochaine étape, afin de rester leader sur ce marché. Le “HiCross” est une étude des évolutions stylistiques envisageables. Véhicule de sept places, à quatre roues motrices, il adopte une motorisation hybride, dont la partie électrique provient de la Leaf, conjuguée à une boîte CVT de nouvelle génération conduisant à une réduction de 10 % de la consommation.

A travers le concept “Invitation”, Nissan démontre sa volonté d’attaquer le segment B avec un véhicule taillé pour l’Europe, qui viendrait se greffer entre la Micra et le Juke afin de concurrencer des modèles comme la Ford Fiesta. Ce véhicule apportera des technologies nouvelles pour ce créneau et affichera des émissions de CO2 inférieures à 100 g/km. Assemblé sur la base de notre plateforme V, nous comptons en produire 100 000 unités dès la première année.

JA. A quelques semaines du bouclage de l’année fiscale de Nissan, quel est le bilan ?
PB. Je peux vous confirmer que 2011-2012 restera une année record pour Nissan. Nous atteignons les 3,8 % de pénétration en Europe, arrachant en prime le leadership des marques asiatiques en France et au Royaume-Uni. Notre objectif reste donc d’atteindre les 5 % en Europe et 4 % en France. Nissan peut se targuer d’avoir un rythme de production en phase avec le plan, il a même augmenté de 14 % à l’échelle mondiale.

JA. Dépendant de deux modèles, ne craignez-vous pas un retournement qui serait brutal, si ce n’est fatal ?
PB. Sur ce point, nous ne sommes pas très différents des autres constructeurs qui, eux aussi, font la plupart de leurs ventes avec une petite partie de leur gamme. Nous ne craignons pas de retournement car nous prenons nos dispositions. D’une part, la Micra ne cesse de monter en puissance, même sans le soutien de la prime à la casse. D’autre part, le véhicule découlant du concept Invitation nous renforcera vis-à-vis de la demande et de la concurrence. Au regard des deux premiers mois, on sait que 2012 sera une année difficile pour le marché, mais Nissan progresse et poursuit sa conquête de parts.

JA. Peut-on connaître votre sentiment sur cette politique de rabais qui définit le marché ?
PB. Les remises témoignent d’une chose : la surcapacité chez certains constructeurs devient une problématique de taille. Le consommateur en tire profit, ce que nous ne pouvons pas déplorer. Chez Nissan, nous avons la conviction que les clients entrent en concession avec l’idée de gagner en valeur ajoutée.

JA. Qu’en est-il alors des plans pour le réseau ?
PB. La rentabilité moyenne dépasse les 2 %, en hausse de 0,8 point. Nous aurons un plan en trois points dont le premier visera à augmenter la capillarité. A la fin du prochain exercice, nous souhaitons, en effet, gagner environ 40 points de vente et de service, pour un total de 230 en France. Il s’agit ensuite d’augmenter la capacité volumétrique de chacun. Enfin, le dernier point s’attachera à accroître les compétences. Le réseau Nissan est en recherche de partenaires pour accompagner la formation et de collaborateurs pour renforcer les équipes, dont 100 techniciens et 200 commerciaux. Pour cela, nous avons mis en place un programme de motivation au recrutement.

JA. En quoi votre succès commercial rejaillit-il sur le poste après-vente ?
PB. En France, nous avons augmenté notre chiffre d’affaires pièces et services de 10 % l’an passé. Nous sommes au-dessus de la moyenne en termes de fidélisation, à 53 %, soit 4 points de mieux qu’en 2010. Nous allons essayer d’être encore plus compétitifs et plus présents aux côtés du client. Nissan va travailler étroitement avec la captive en vue d’améliorer le panel de services et d’allonger les délais de garantie.

JA. Au cours des derniers jours, des rumeurs concernant l’ajout de marques chez Nissan ont animé les débats, peut-on en savoir plus ?
PB. En effet, la marque sportive Nismo arrive en force en Europe et sera introduite très prochainement au catalogue. Un premier modèle badgé Nismo sera commercialisé avant la fin de l’année. Il s’agit certainement d’une version musclée du Juke. En ce qui concerne Datsun, je ne peux pas donner de précisions, mais simplement rappeler que le plan Power 88 implique une croissance dans les pays émergents. Ce qui nous pousse à envisager de nombreuses pistes, dont la renaissance de Datsun.

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ZOOM - L’e-NV200 est aussi venu

“HiCross” et “lnvitation” n’étaient pas les seules nouveautés révélées sur le stand de Nissan. Andy Palmer, vice-président exécutif de Nissan Motors, a, en effet, d’abord attiré l’attention avec l’e-NV200, le premier véhicule multi-usage 100 % électrique de la marque. Pas totalement inconnu, puisque le constructeur avait communiqué à son sujet en décembre dernier, à l’occasion du démarrage de la phase d’expérimentation à Londres. Le concept Nissan e-NV200 s’est présenté dans un habit Aqua Blue qui n’était pas sans rappeler la Leaf, dont il partage la technologie, soit une batterie lithium-ion composée de 48 modules compacts et un moteur électrique synchrone à courant alternatif à réponse élevée de 80 kW (109 ch), qui génère un couple de 280 Nm. Les tests doivent se poursuivre en Europe. La date de commercialisation n’a donc pas encore été communiquée.