"Notre professionnalisme doit être irréprochable"
Journal de l’Automobile. Après un début d’exercice orienté à la baisse, pensez-vous pouvoir clore 2011 sur de meilleurs résultats ?
JÉRÔME STOLL. Le groupe était effectivement en Europe à - 7 % à la fin du premier semestre. Cette baisse était essentiellement due à nos problèmes d’approvisionnements suite à la catastrophe au Japon, mais elle existait déjà avant sur certains composants du moteur Diesel 1.5 dCi. Depuis la fin de l’été, notre appareil industriel a retrouvé l’ensemble de sa capacité de production, et nous avons donc commencé à livrer notre portefeuille qui n’a cessé de grossir. A fin août, il était d’ailleurs supérieur de 10 % à celui de l’année précédente. Nous devrions donc montrer un tout autre visage d’ici la fin de l’année et terminer l’exercice en France au même niveau qu’en 2010 en termes de parts de marché.
JA. La bonne tenue du marché français vous a-t-elle surpris ? Qu’imaginez-vous pour 2012 ?
JS. Au fil de l’année, nous avons effectivement revu nos prévisions de baisse du marché français, passant d’une estimation de repli d’environ - 10 % à - 4 % sans doute. A l’échelle européenne, la même logique nous a conduits à finalement tendre vers un marché stable. Et ce, malgré les difficultés de nombreux pays. Quant à 2012, il est aujourd’hui très difficile de pouvoir se déterminer. Toutefois, je pense que nous allons connaître une année assez semblable à celle-ci, toujours avec de fortes disproportions entre les pays. Cette hypothèse ne vaut que si le contexte économique ne se détériore pas dans les mois à venir.
JA. Depuis deux ans et le régime des primes à la casse, le prix était finalement devenu l’élément déterminant. Avec la fin de ces aides, avez-vous constaté une augmentation de votre tarif moyen de vente ?
JS. Notre mix s’améliore sensiblement chez Dacia, avec la montée en puissance du Duster, et la famille Mégane va également nous permettre de le rééquilibrer dans la gamme Renault. Toutefois, nous continuons à proposer des offres compétitives avec Twingo et Clio. J’aimerais préciser que nos offres sur les Clio essence, notamment, étaient de très bonnes campagnes marketing qui ont attiré la clientèle et que nous n’avons en rien bradé nos véhicules, contrairement à ce que j’ai pu entendre.
JA. Le prix catalogue sert-il encore à quelque chose aujourd’hui tant les remises et rabais sont devenus la règle ?
JS. Je conviens qu’il s’agit d’une tendance préoccupante. Et d’autant plus perceptible pour nous qui travaillons avec deux business modèles. Celui de Dacia est extrêmement vertueux puisque le prix annoncé ne fait pas l’objet de négociation, que le client perçoit le produit de manière claire et comprend ce qu’il achète dans une transparence totale. C’est mon rêve ! Pour Renault, malheureusement, l’environnement concurrentiel, avec des politiques commerciales agressives, fait que nous n’arrivons pas à créer un business modèle aussi vertueux. Une normalisation des pratiques serait sans doute utile, aussi bien pour les constructeurs que pour les clients qui y verraient plus clair dans les offres.
JA. Le business modèle électrique pourrait-il être un début de solution ?
JS. Il s’agit d’un autre business modèle où nous avons déconnecté la voiture de “son carburant”. Mais ce changement, avec la location des batteries, s’explique par la rupture technologique qui amène une rupture d’usage. Nous voulons ici rassurer le consommateur en lui offrant toujours une batterie optimale. La notion d’usage du véhicule ne prend pas encore le pas sur la propriété, même si ce rapport évolue sensiblement avec le VE.
JA. Votre réseau est-il prêt à l’arrivée imminente des véhicules électriques dans les showrooms ?
JS. Le réseau est prêt. Notre professionnalisme doit être irréprochable et nous finalisons d’ailleurs les dernières formations. Il faut voir là une vraie opportunité. En effet, beaucoup de personnes vont pousser les portes de nos concessions pour découvrir le véhicule électrique, mais nous devons aussi être capables de montrer ce que Renault incarne, au-delà de cette nouvelle mobilité. Le trafic dans les showrooms devrait être en augmentation, même s’il faudra attendre 2012 et ZOE pour complètement toucher le grand public. Comme avec Twizy, d’ailleurs, qui devrait intéresser beaucoup de monde. Nos concessionnaires sont vraiment motivés.
JA. L’électromobilité a été au cœur des investissements de Renault ces dernières années. N’avez-vous pas délaissé la mobilité traditionnelle, thermique, qui demeure pour longtemps encore indispensable ?
JS. Je tiens à rappeler que Renault demeure un motoriste. En plus de gagner presque tous les week-ends sur les circuits de Formule 1, Renault, après avoir lancé un tout nouveau moteur Diesel 1.6 dCi Energy, s’apprête à élargir la famille des TCe avec l’arrivée d’un bloc 1.2 qui brillera non seulement par ses niveaux d’émissions, mais aussi par son agrément.
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