Luca de Meo plaide pour la création de zones franches vertes en France
Si Jean-Dominique Senard, président du groupe Renault, est presque un habitué des auditions devant les députés de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, c'était un grande première pour Luca de Meo, son directeur général. Une occasion qui lui a permis de demander, en direct, aux députés présents la création de zones franches vertes en France.
"Beaucoup de chemin a été parcouru en France avec notamment la baisse des impôts de production mais depuis mon arrivée et après ces douze mois d'observations, nous souffrons toujours d'un handicap structurel car le coût de la main d'œuvre en France est 34 % plus élevé que la moyenne des pays européens. Je crois que la création de ces zones franches, avec abattement de charges sociales serait une solution intelligente pour accélérer la transformation de certains secteurs. Le schéma existe et il a déjà été utilisé dans l'Union européenne. Cette mesure serait même nécessaire pour toutes les activités touchées par le Green Deal de la Commission européenne."
Une demande appuyée par la démonstration de Jean-Dominique Senard qui a rappelé aux membres de la commission le respect par le groupe des engagements exigés par le gouvernement pour l'obtention du prêt garanti par l'Etat de 5 milliards d'euros. "Je peux vous assurer que ce prêt sera remboursé par Renault et l'Etat n'aura pas un euro à verser pour aider Renault. J'en ai aujourd'hui la certitude. D'ailleurs sur ce montant, 4 milliards ont été tirés et le coût de cette garantie va même rapporter quelques dizaines de millions d'euros dans les caisses de l'Etat, ce qui me semble-t-il est toujours bienvenu", a fait remarquer le président du groupe, tout en précisant être optimiste pour l'avenir du constructeur.
Pour appuyer la demande de création de zones franches, Luca de Meo s'est attelé à rappeler les piliers du plan Renaulution et des engagements pris par le groupe pour rester ancrer dans ses racines françaises. "Le plan va d'ailleurs générer 8 milliards d'euros de PIB pour la France chaque année", a rappelé le directeur général.
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Parmi ces piliers, il y a notamment la création d'Electricity, à Douai (59), dont l'objectif est de créer la plus grande usine de véhicules électrique en Europe, sur la base d'un investissement d'un milliard d'euros pour 400 000 véhicules électriques par an et la création de près de 8 000 emplois.
Un investissement complété par l'arrivée de deux partenaires, Verkor, une start-up basée à Grenoble, et qui vient de réaliser une levée de fonds de 100 millions d'euros pour contruire un centre de recherche et développement en cellules de batteries, mais aussi Envision, producteur de batteries, dont 20 % du capital est détenu par Nissan.
Pour autant, Luca de Meo, n'a pas caché les conséquences sur la filière d'un basculement trop rapide vers les véhicules électriques qui menacerait 50 000 emplois dans la filière mécanique en France, mais que 350 000 emplois pourraient être créés s'il était bien géré.
Le dirigeant espère notamment que les véhicules hybrides échapperont à l'interdiction des moteurs thermiques en 2035 actuellement discutée en Europe. "Notre position est de pouvoir, à cette échéance-là, sauver pas seulement l'électrique, mais aussi l'hybride et l'hybride rechargeable", a dit Luca de Meo. "Les voitures hybrides et électriques vont coûter plus cher et l'absence d'alternatives va entraîner une contraction de l'élasticité-prix qui va à l'encontre de la volonté de proposer une accessibilité de la mobilité à tous. Il faut que le régulateur comprenne les impacts des décisions. Notamment les futures normes Euro 7, vont apporter un surcoût d'au moins 1 000 euros par voiture avec un impact sur les émissions qui sera très faible".
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