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Constructeurs

Luc Chatel optimiste face aux enjeux environnementaux

Publié le 7 juin 2023

Par Jean-Baptiste Kapela
5 min de lecture
Luc Chatel était l’invité d’un atelier-débat organisé par l’association Équilibre des énergies à Paris, le mardi 6 juin 2023. Le président de la PFA assure que les constructeurs sont dans les starting-blocks pour répondre aux enjeux environnementaux.
Véhicule à batterie, environnement
Luc Chatel, président de la PFA, était l’invité d’un atelier débat organisé par l’association Équilibre des énergies. ©Équilibre des énergies

"Nous serons au rendez-vous", a martelé Luc Chatel. Le président de la Plateforme automobile (PFA) était l’invité, le mardi 6 juin 2023, d’un atelier débat organisé par l’association Équilibre des énergies, autour de cette question : "Transition énergétique : quelle stratégie pour la filière automobile française ?" Pour l'ex-ministre, la "pente est raide", mais le défi ne relève pas de l’impossible, rappelant que "l’automobile est le secteur le plus innovant."

 

En effet, avec des investissements à hauteur de sept milliards d’euros en R&D dans l’Hexagone, l’industrie automobile représente 20 % des dépôts de brevets en France. À l'échelle européenne, ces investissements en R&D s'élèvent à 58,8 milliards d’euros. "Aujourd’hui, l’automobile est un concentré de technologies, avec des millions de lignes de codes. D'ailleurs, il y en a plus dans une voiture que dans un avion de ligne", relève Luc Chatel.

 

"Retour à l'ère des pionniers"

 

Le président de la PFA a ainsi rappelé que la question des transports n’est pas opposable à celle de l’environnement. "Le sujet n’est pas de faire disparaître la plus grande des libertés : aller de l’autre côté de la colline. Il ne faut pas à nouveau se transformer en sédentaires". En 2020, la voiture représentait 87 % des transports terrestres de l’Union européenne.

 

"Il ne faut abandonner la voiture ! Il faut une automobile différente, qui est propre, combinée avec d’autres moyens de transports, en autopartage, accessible dans des zones qui ne l'étaient pas grâce au digital, soutient Luc Chatel. Il nous faut inventer… Et c’est en ça que l’époque est passionnante. Nous revenons à l’ère des pionniers ! Il est très intéressant de voir les différents chemins choisis par les industriels."

 

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Pour appuyer ses propos, Luc Chatel rappelle qu’une voiture neuve, aujourd’hui, émet 50 % de CO2 en moins qu’il y a 25 ans et dix fois moins de particules fines et six fois moins d’oxyde d’azote. "Il y a eu des efforts considérables de l’industrie automobile, dans son ensemble, depuis un quart de siècle", souligne Luc Chatel.

 

Objectifs tenus pour les constructeurs ?

 

En 2018, la filière automobile française a signé avec l’État un "contrat stratégique de filière", avec l'objectif, pour les constructeurs, de multiplier par cinq en cinq ans, le nombre de véhicules électriques et, pour l’État, de multiplier par cinq le nombre de bornes de recharge.

 

"Si nous regardons les chiffres, aujourd’hui, nous sommes allés au-delà des objectifs, puisque nous avons dépassé le million de véhicules électriques, un an avant la date fixée dans le contrat de filière. D'autre part, les constructeurs ont multiplié par cinq leur gamme de modèles électriques et la part de véhicules électriques a été multiplié par dix", se satisfait le président de la PFA.

 

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Néanmoins, face aux ambitions des pouvoirs publics européens, notamment l’arrêt des ventes de véhicules thermiques en 2035, Luc Chatel nuance son propos : "Nous n’avons pas choisi l’électrique par conviction, mais parce qu'il s’agissait de la seule solution disponible sur l’étagère. Le défi est considérable, mais nous sommes capables de le relever car nous avons les moyens pour y parvenir."

 

Lever les freins à l’adoption d'un véhicule électrique

 

"La question n’est pas de savoir si les constructeurs sont prêts, ils le sont… La question est de savoir si les acheteurs seront présents. Actuellement, la voiture électrique est 40 % plus chère qu’un modèle thermique. Quand vous discutez avec des constructeurs, pour résorber cet écart, il faut cinq à sept ans", affirme le président de la PFA. "Même avec la mesure d’un leasing social à 100 euros par mois, vous avez peu de chance de tomber sur un ménage du dernier décile qui souhaite se procurer un véhicule à batterie."

 

Si le prix compte parmi les freins, Luc Chatel soulève aussi la question du réseau de recharge et la question de l’autonomie des véhicules. Rappelons que pour 2030, le gouvernement s’est fixé l’objectif de 400 000 bornes. La France a franchi le cap des 100 000 points de charge le 4 mai 2023.

 

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Pour le président de la PFA, réussir à décarboner l’automobile, il faut aussi s’attaquer au parc. "Il faut convaincre les pouvoirs publics que la prime à la conversion est la meilleure idée de ces dernières années. Les bonus, c’est nécessaire, notamment sur la question des écarts de prix et tant que les gains de productivité n’ont pas comblé cet écart, mais le mieux reste la prime à la conversion."

 

N’exclure aucune solution

 

L’électrique est au cœur des enjeux pour l’automobile. Mais il ne faut jeter aucune solution, selon le président de la PFA. Ainsi, les véhicules hybrides, exclus du système de primes, sont "le meilleur des deux mondes", grâce à leur capacité à rouler dans les zones à faibles émissions (ZFE) et à faire 400 km sur l’autoroute l’été… "ce n’est pas parfait, car il n’existe pas de solution parfaite, mais c’est une solution intéressante pour permettre à plus de monde de migrer vers l’électrique."

 

Concernant le rétrofit, le GNV ou encore l’hydrogène… Il faut faire feu de tout bois pour la transition du parc. Reste un point important : "L’énergie décarbonée doit devenir un atout pour la France. Cependant, il faut régler la question du prix de l’énergie. En effet, les constructeurs automobiles payent l’électricité deux à trois fois plus cher qu’aux États-Unis ou la Chine". Luc Chatel demande donc au gouvernement une meilleure visibilité sur le prix de l’énergie, qu’il considère comme un enjeu majeur d’attractivité pour l’industrie automobile.

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