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Après les 100 000 bornes, le travail n’est pas terminé

Publié le 5 mai 2023

Par Jean-Baptiste Kapela
7 min de lecture
Alors que le cap des 100 000 bornes vient d’être franchi, l’Avere-France publie son dernier baromètre sur les infrastructures. L’occasion de faire un état des lieux sur les axes d’amélioration du réseau de recharge français avec Clément Molizon, délégué général de l’Avere-France.
100 000 bornes de recharge en France
Le taux de disponibilité des bornes est de 85 % en avril. L'Avere ambitionne que celui-ci s'élève à 95 %. ©Adobe Stock/Michele Ursi

Nous y sommes. La France vient officiellement de dépasser le cap des 100 000 bornes de recharge installées dans l’Hexagone. Avec plus de 1,2 million de véhicules électriques et hybrides, le besoin d'infrastructures de recharge se fait de plus en plus pressant. Si l’objectif initial du gouvernement était fixé à la fin d’année 2022, ce cap était surtout un prétexte pour mobiliser les acteurs de la recharge et les pouvoirs publics.

 

En ce sens, l’ambition est réussie : entre janvier et avril 2023, 17 000 bornes de recharge ont été déployées en France et raccordées au réseau public. Alors qu’en 2021, en un an, seulement 4 000 points de charge avaient été installés. Ce qui représente les deux tiers des installations faites en 2022.

 

"Nous avons observé que cet objectif a permis une réelle impulsion. Jusqu'en 2020, nous déployons environ 4 000 points de charge par an. Nous en avons installé 5 fois plus en 2023. Une impulsion qui s'est maintenue et renforcée. Il faut savoir que cet objectif est avant tout symbolique, car nous ne comptons pas en rester là. Nous allons continuer à déployer des bornes. Ce qui est nécessaire aujourd'hui, n’est pas suffisant pour les années à venir. Il s’agit d’un travail perpétuel", souligne Clément Molizon, délégué général de l’Avere-France.

 

Objectif 400 000 bornes de recharge pour 2030

 

Le prochain cap est fixé par le président Emmanuel Macron. Il prévoit d’atteindre 400 000 bornes en 2030. Un objectif qui n’est pas démesuré pour le délégué général de l’Avere. "Depuis le début de l'année 2023, nous installons en moyenne 4 000 bornes par mois. Si on maintient ce rythme, nous n'aurons aucune difficulté à atteindre les 400 000 bornes en 2030. Ce nouvel objectif est une cible intermédiaire qui est pertinente, mais il  faudra l'affiner.  D’ici là, nous aurons le temps de voir comment les utilisateurs, qui sont chaque mois plus nombreux, se saisissent de la recharge publique. Parviendrons-nous à atteindre de nouveaux marchés ? Avec des difficultés comme la question de l’installation en copropriété, c’est la question", précise-t-il.

 

"D'une certaine manière, j'espère que nous n’allons pas reproduire ce qui a été fait avec ce cap des 100 000 bornes de recharge, soit, avoir un objectif un peu totémique, qui rassemble tous les regards. Ce n'est pas au niveau national, macro, que nous allons voir si la recharge fonctionne bien, mais plutôt dans les territoires, auprès des utilisateurs, des usagers", assure Clément Molizon.

 

17 297 bornes en trois mois

 

En parallèle de l’objectif atteint, l’Avere-France et le ministère de la Transition énergétique, sur la base des données de Gireve, viennent de publier leur baromètre mensuel "des infrastructures de recharge ouvertes au public", pour le mois d’avril. Il faut toutefois noter que ce baromètre ne prend pas en compte les chiffres à l’instant T du franchissement du cap des 100 000 bornes. Ce dernier s’arrête au 30 avril 2023.

 

Par conséquent, depuis le début d’année, 4 903 stations ont été installées, soit près de 17 297 points de charges. Sur douze mois, le taux d’évolution a progressé de 62 %. Il existe donc aujourd’hui 148 points de recharge pour 100 000 habitants.

 

Des disparités entre régions

 

Il faut cependant noter que le déploiement des bornes est très hétérogène. En effet, la région Île-de-France compte, à ce jour, le plus de points de recharge avec 18 667 bornes de recharge, là où la Bourgogne-Franche-Comté n’en compte que 4 122. En observant la carte de France des bornes de recharge, toute une zone, s’étalant de la Bretagne à la Bourgogne-Franche-Comté, en passant par la Normandie, les Pays-de-la-Loire et le Centre Val-de-Loire, ne compte en moyenne que 4 500 points de recharge. Une bande clairement moins dynamique que le reste de la France.

 

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"Le maillage territorial est très disparate, comme dans à peu près tous les déploiements qui peuvent être faits.  Mais il faut aussi souligner que nous avons un territoire qui n'est pas homogène et donc il faut le traiter de façon spécifique, précise Clément Molizon. Dans des territoires peu denses, les besoins seront moins importants. En revanche, dans des métropoles, une part importante de personnes n'ont pas l’occasion d’avoir une place de stationnement chez elles. Ces personnes-là ne pourront compter que sur la recharge publique."

 

Les acteurs des infrastructures de recharge doivent donc observer où les disparités sont problématiques, soit dans les "zones blanches". L’Avere-France cherche justement une solution pour rendre attractive la pose d’une borne dans les territoires dans lesquels elles sont nécessaires et potentiellement peu rentables pour les opérateurs de bornes de recharge.

 

Le taux de disponibilité

 

Outre l’installation des bornes de recharge, la question de leur disponibilité et de l'entretien s’impose de plus dans les débats. Selon le baromètre, le taux de disponibilité au mois d’avril est de 85 %. Depuis l’ajout de cette donnée dans l’étude menée par l’Avere et le ministère de la Transition écologique, ce taux demeure plutôt stable. Ce qui signifie que les 15 % des points de charge restants sont indisponibles ou en maintenance, "ce qui est aussi une bonne chose puisqu'elles sont en réparation", présente Clément Molizon.

 

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Des associations, comme la Firev, indiquait que 5 % des bornes présentaient des problèmes structurels. Soit des points de recharge indisponibles pendant sept jours d'affilée. "Il y a un petit nombre de bornes qui présentent des problèmes très spécifiques. Mais l'immense majorité des points de recharge fonctionne. Alors, 85 %, ce n'est pas satisfaisant, mais c'est loin d'être catastrophique", souligne Clément Molizon.

 

"Nous avons le même problème que la SNCF. On dit souvent que les trains sont en retard, mais on ne parle pas de ceux qui arrivent à l'heure. Néanmoins, nous avons l’objectif d’élever ce taux à 95%. Sur ce point, les acteurs sont mobilisés, et nous travaillons beaucoup sur les questions de formation et de qualification. Il ne faut pas oublier que le déploiement a commencé depuis dix ans et que le matériel  vieillissant  doit être remplacé", ajoute-t-il.

 

10 % de bornes de recharge rapide

 

Sur les 100 000 points de charge qui maillent le territoire, 10 % sont des bornes de recharge rapide et ultra-rapide. Un ratio qui, selon le président de l’Avere, ne devrait pas bouger dans les dix prochaines années. En avril 2023, 86 % des bornes de recharge installées sont soit triphasées d’une puissance de 7,4 kW à 22 kW (52 %), soit monophasées d’une puissance inférieure à 7,4 kW.

 

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"Ce qui est vraiment important, c'est d'avoir un mix de puissance. Nous ne pourrons pas réaliser la transition du parc avec uniquement des bornes lentes et nous ne la ferons pas non plus uniquement avec des bornes rapides. La mobilité électrique n'a pas vocation à imiter ou dupliquer la mobilité thermique. Le modèle de la mobilité électrique, c'est de se recharger sur des plages horaires spécifiques et ensuite de faire des recharges d'appoint, de temps en temps, quand vous avez besoin de faire de l'itinérance".

 

"C'est important de regarder la recharge rapide, notamment ultra-rapide, puisque la France était peut-être un petit peu en retard ces dernières années. Jusqu'en 2021, les bornes les plus puissantes se situaient entre 50 et 100 kW. Aujourd'hui, particulièrement sur l'autoroute, les bornes délivrent une puissance de 150 voire 350 kilowatts. Donc c'est là où il y a eu un déploiement majeur mais qui représente des volumes moins importants", affirme Clément Molizon.

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