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Constructeurs

Logan Eco2 : un éclair dans la nuit

Publié le 21 décembre 2007

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Renault n'existe pas en Chine et a d'ailleurs renoncé à ce marché, l'Alliance arbitrant sous la contrainte des autorités en faveur de Nissan. Pourtant, Renault a réussi un joli coup en plaçant la Logan Eco2 dans les premiers rôles du...

...Challenge Bibendum.

FOCUS

Renault en Chine
• Ventes : 2 100 ventes (9 premiers mois 2007)
• Mix des ventes : Mégane 60%, Scénic 30 %, Laguna 8%, VelSatis 2%
• Répartition par région : zone Shanghai 35%, zone Beijing 26%, zone Guangzhou 20%, Autres 19%
• Distribution : 5 distributeurs importateurs (et une dizaine de garages AV)

2 100 : c'est le volume des ventes de Renault en Chine sur les neuf premiers mois de l'année… Rien, Renault est absent du second marché mondial. D'ailleurs, Richard Valette, responsable de Renault China, n'est pas habilité à parler de la Chine (sic)… D'ailleurs, la conférence de presse organisée lors du Challenge Bibendum n'a attiré qu'une poignée de journalistes, pour la plupart européens… Initiée en 2004 sous Louis Schweitzer, la pénétration du marché chinois, via un joint-venture avec DongFeng Motors, a fait long feu et la direction du groupe a annoncé lors du dernier Salon de Shanghai qu'elle repoussait ses projets de production sur ce marché à une date indéterminée. Les autorités chinoises y sont pour beaucoup, dans la mesure où leurs propositions d'implantations industrielles étaient souvent des cadeaux empoisonnés.

Un rejet de CO2 de 50 g/km avec du bio-diesel ?

Pourtant Renault a joué le jeu du Challenge et réussi une belle opération avec le concept Logan Eco2 qui s'est classé 2nd de la catégorie VL Prototypes, en affichant des performances brillantes : une consommation de 2,72 litres aux 100 km et un niveau d'émissions de CO2 de 71 g/km. Un résultat qui récompense une stratégie intéressante s'appuyant sur des méthodes prosaïques et économiques (voir ci-dessous et JA n°1016). Le système d'injection Common Rail Multec développé avec Delphi (nouveaux pistons et nouveaux injecteurs solénoïdes), ainsi que l'allongement des rapports de boîte et le Gearshift Indicator méritent une mention particulière. Selon les ingénieurs de Renault, avec du bio-diesel B30, cette Logan pourrait encore descendre à un niveau d'émissions de CO2 inférieur : 50 g/km. Voilà qui devrait intéresser les indiens et les russes…

Photo : Renault a récemment repoussé ses projets de production en Chine à une date indéterminée. Un échec certes, mais surtout une logique de partage des marchés au sein de l'Alliance.

3 QUESTIONS À

Yves Dubreil Vice-président innovation et ingénierie avancée

Journal de l'Automobile. Vous attendiez-vous à cette 2e place de la Logan RenaultEco2 Concept dans la catégorie VL Prototypes ?
Yves dubreil. A l'issue des 172,2 km du Challenge, nous savions que nous serions en dessous du seuil des 3 litres/100 km. La performance exacte de 2,72 litres/100 km est donc accueillie comme la cerise sur le gâteau, ainsi que la 2nde place. Les progrès accomplis par rapport à la 1re version du concept, homologuée à 3,8 litres/100 km, s'expliquent par de nombreux ajustements techniques, mais surtout par la conduite du pilote. On n'insiste pas assez sur l'importance de la conduite par rapport à la consommation. Le pilotage était en l'occurrence assisté par le système d'aide au passage des rapports "Gearshift Indicator", une solution que nous chercherons à généraliser dans la gamme Renault à l'avenir.

JA. Pour quelles raisons la Logan Eco2 n'a-t-elle pas fait l'objet d'un travail d'allégement spécifique sur les matériaux ?
YD. Tout simplement parce que pour économiser un gramme de CO2/km par ce biais, il faut réussir à faire perdre 30 kg au véhicule… Le coût de cet axe de recherche se révèle donc très élevé : voilà pourquoi nous ne l'avons pas retenu dans notre cahier des charges.

JA. Sur la base de ce concept, peut-on attendre des applications massives et rapides sur l'ensemble des modèles Renault ?
YD. Il faut voir cette voiture comme un catalogue d'idées Kaizen. Un processus d'amélioration continue reposant sur des solutions simples et "immédiates", à des années lumières d'investissements lourds et de programmes de longue haleine. Nous allons implémenter des morceaux d'innovation au fur et à mesure sur les futures Logan, voire sur le reste de la gamme. Mais il n'y aura pas d'application massive, cela se fera bout par bout. En tenant compte aussi de la spécificité de chaque marché et notamment de l'état des infrastructures.

JA. Renault est présent à Shanghai avec des solutions pragmatiques, mais peu prospectives : cette situation vous préoccupe-t-elle ?
YD. Non, dans la mesure où Renault travaille aussi simultanément sur des solutions à plus long terme. Avec Nissan, nous menons ainsi des recherches sur les technologies fuel-cell. Mais du strict point de vue du CO2, ce n'est pas encore la panacée si vous prenez en compte le bilan global "du puits à la roue" et le problème de l'énergie renouvelable posé par l'hydrogène. Avec la Logan Eco2, nous avons pris le parti de la faisabilité. Et c'est aussi le parti d'un véhicule économiquement accessible, puisque le surcoût entre le concept et la version traditionnelle avoisinerait seulement les 10 %.

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