L’hybride Tour 2005 !
...que les véhicules hybrides ne sont pas encore à tous les coins de rues, ici à Francfort, ils étaient à tous les coins d'allée ! Cette technologie aura été l'incontestable attraction, sans oublier les trois constructeurs chinois bien sûr. Alors que l'on découvrait les nouveautés hybrides de Lexus ou de Honda, avec la première présentation européenne de la GS 450h et de la nouvelle Civic IMA, d'autres constructeurs, principalement allemands, dévoilaient leurs concepts et leurs ambitions sur fond de crise du pétrole. Après que BMW a rejoint GM et DaimlerChrysler dans leur projet de coopération sur le développement de systèmes hybrides, c'était au tour de Volkswagen, Audi et Porsche d'annoncer un accord semblable. Toutefois, la signature de ces lettres d'intention n'a pas empêché ces constructeurs de présenter d'ores et déjà du concret. BMW, Mercedes et Audi ont présenté quatre concepts.
Un X3 mild hybride donnant les orientations futures de BMW
Le Concept X3 Efficient Dynamics, en plus d'un nouveau 6 cylindres (voir p 44), mettait en avant une nouvelle transmission. Le cœur du système en fait. Cette boîte de vitesses intègre un moteur électrique ainsi que son électronique de puissance. Un système mild hybride capable de stocker l'énergie récupérée au freinage, grâce à des supercondensateurs, et de la redistribuer ensuite à un moteur électrique d'appoint sollicité lors d'une franche accélération par exemple ou pour quelques simples manœuvres en ville. L'Auto-Start-Stop, la fonction d'arrêt et de redémarrage à un feu en ville est aussi au programme. Helmut Panke a prévenu, "ce concept ne sera jamais produit en série, mais il donne un avant-goût de l'orientation que pourraient prendre des évolutions futures de la marque." Le constructeur bavarois ne perd toutefois pas de vue sa philosophie : la sportivité. Le concept peut en effet atteindre une vitesse de pointe de 235 km/h et passer de 0 à 100 km/h en 6,7 s tout en réduisant de 20 % la consommation et les émissions qui y sont liées. BMW a donc lancé un vaste programme EfficientDynamics mais ce dernier ne remplace en rien le BMW CleanEnergy consacré à l'hydrogène. Cette année, la traditionnelle Série 7 fonctionnant avec un moteur thermique à hydrogène s'est fait voler la vedette par une voiture radiocommandée de 70 cm de long ! En effet, la BMW record H2R, conçue par des étudiants d'un IUT d'Ingolstadt, était propulsée par un moteur à hydrogène miniature d'une cylindrée de 11,5 cm3 développant 2,2 chevaux. Mais revenons à nos hybrides. Mercedes ne pouvait laisser le champ libre à son concurrent de toujours !
Mercedes associe l'essence et le Diesel à l'électricité
Sur la base de la toute nouvelle Classe S, Mercedes a présenté deux prototypes hybrides très réalistes. L'un associait l'électricité au V6 essence 3,5 litres, le Direct Hybrid, et l'autre, le Bluetec Hybrid, a exploré le mariage électricité-Diesel. Comme son concurrent Mercedes annonce une technologie mild hybrid. Autre similitude, la majorité du système est intégrée dans la boîte de vitesses. Cependant, Mercedes avec le concept Bluetec Hybrid, qui fait appel au V6 CDi 3 litres, présente un nouveau système de gestion des rejets de gaz à l'échappement. Mercedes annonce une réduction des NOX de 80 %. Ainsi équipée, notre S 320 CDI Bluetec Hybrid consommerait 20 % de moins (soit 7,7 l aux 100 km) que son équivalent conventionnel tout en conservant des performances plus qu'honnêtes. En effet, avec une puissance combinée de 243 chevaux et un couple de 575 Nm, elle serait capable de passer de 0 à 100 km/h en 7,2 s. La technologie de la Classe S 350 Direct Hybrid fait elle, également, appel à cette fameuse boîte tout en associant le V6 3,5 litres qui a reçu pour l'occasion un nouveau système d'injection directe à jet guidé (comme BMW). Ce démonstrateur permettrait de réduire de 25 % la consommation (8,3 l aux 100 km) tout en ayant sous le pied 300 chevaux et 395 Nm de couple. Une cavalerie qui permet d'atteindre 100 km/h en 7,5 s. Sur le papier ces deux Classe S hybrides se montrent efficaces et Mercedes a annoncé que l'on pourra juger par nous-même en 2007.
Le Q7 hybride permet de réduire la consommation de 13 %
La fée électricité est également passée chez Audi où le Q7 avait lui aussi sa version hybride. Comme ses concurrents, il s'agissait d'un concept s'appuyant sur le 4,2 l V8 FSi et un moteur électrique de 32 kW une nouvelle fois intégré dans la boîte. L'ensemble affiche une puissance de 350 chevaux. Grâce à la gestion intelligente du système, que l'on peut également piloter depuis l'habitacle via le MMI, les deux moteurs peuvent fonctionner ensemble ou séparément. En effet, on peut choisir de rouler tout au thermique ou tout à l'électrique. Toutefois, cette dernière option n'est possible que sur deux kilomètres. Sinon, dans une utilisation classique, le moteur électrique lance les 2 410 kg de la bête jusqu'à 30 km/h avant que le V8 ne prenne le relais. Le Q7 Hybrid avec une consommation moyenne de 12 l aux 100 km, il s'avère 13 % moins gourmands que son équivalent seulement thermique. Côté performances, il fait également mieux avec 0,6 s de gagné sur le 0 à 100 km/h (6,8 s) grâce au couple du moteur électrique instantanément à son maximum, 200 Nm en l'occurrence.
Derrière les constructeurs se cachent bien souvent les équipementiers
Les ingénieurs n'ont donc pas chômé pour tenter de rattraper Toyota et Honda. Si, en théorie, l'ensemble de ces concepts montrent qu'ils tendent à réduire l'écart, dans la réalité ce n'est pas encore le cas. La difficile équation économique qui commande une éventuelle commercialisation ne semble pour l'heure pas encore résolue en Europe. Et dans la résolution de cette équation, les équipementiers ont leur mot à dire.
Derrière la plupart de ces concepts se cachent en grande partie les équipementiers. A l'image de Siemens qui travaille sur les trois solutions d'hybridation possible. L'équipementier allemand affiche de solides ambitions, comme vous pourrez vous en rendre compte à la lecture de l'entretien de Jean-Marc André, executive vice-president Electronics & Drivetrain division (lire page 50). Continental n'était pas en reste avec Temic, sa filiale compétente sur le domaine. Commercialisant des systèmes depuis 2003 aux Etats-Unis, via des modèles GMC notamment, Temic a présenté une nouvelle génération de ses systèmes hybrides avec des puissances de moteurs électriques allant de 15 à 70 kW afin de couvrir les différents types d'hybridation. Mais pour cette nouvelle génération, Continental Temic, qui apporte la partie électronique de puissance, s'est associé à ZF qui intègre ce système à ses produits. Travaillant sur le micro, mild et full hybride, ZF a présenté ici une boîte CVT, bientôt produite en série, qui présente toutes les fonctions d'un système mild hybride avec le démarrage électrique, la récupération d'énergie au freinage et enfin la fonction booster. ZF, Temic, Siemens ou d'autres, les équipementiers ont également une partie de l'équation hybride à résoudre.
Christophe Jaussaud
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