"Les clients vont investir davantage dans leur véhicule, une fois sortis de la crise"

Journal de l’Automobile. Hyundai nourrit de grandes ambitions, comment les mener à bien ?
Allan Rushforth. Je pense que le business est une somme d’éléments, avec en premier lieu, la notoriété. Or, il faut reconnaître que les acheteurs potentiels ne connaissent pas notre marque, nous avons une notoriété qui dépasse à peine les 20 %. C’est un cercle vicieux car on ne peut faire du volume que si l’on est connu, mais la réputation découle de la visibilité. Aussi, nous devons consentir à davantage d’investissements dans la communication et le marketing. En ne gagnant que quelques points, Hyundai pourrait augmenter ses ventes significativement. On dit souvent, par exemple, qu’en Allemagne, pour être reconnu, il faut vendre 50 000 voitures à particuliers, par an. Nous avons réussi à réaliser ce volume et à gagner en visibilité. Dans un marché baissier, l’effet est d’autant plus bénéfique.

Le second élément est relatif au produit. A la fin des années 90, nous étions connus en tant que constructeurs de SUV. Par la suite, Hyundai a pris la décision d’élargir sa gamme. A peine nous avions achevé notre plan que la taxe sur le CO2 est venue perturber les choses, en Europe. Cette mesure a eu pour effet d’accélérer le downsizing, nous obligeant à anticiper nos lancements. Nous devons porter la marque à un haut niveau en Europe de l’Ouest en l’adaptant aux nouvelles exigences, notamment vis-à-vis des éco-taxes.

JA. Le concept de “Modern premium” est une interprétation de cette montée en gamme. Le client est-il réellement prêt à suivre ?
AR. Historiquement, Hyundai est une marque choisie pour ses prix bas par rapport à la concurrence. Depuis trois ans, nous remarquons que le panier moyen a évolué à la hausse et nous estimons que les clients vont chercher à investir davantage dans leur véhicule, une fois sortis de la crise. Notre changement de philosophie accompagnera donc cette mutation. A côté de cela, Genesis et Equus s’inscrivent dans cette démarche. Par exemple, la berline Genesis élève le niveau de confort et de technologie à un degré tel que nous avons l’ambition d’aller conquérir des parts sur le marché de marques comme BMW.

JA. Le marché européen est-il difficile ?
AR. Ce marché est l’un des plus remarquables de par sa diversité. L’Allemagne est différente de la France, tout comme le marché britannique diffère de l’espagnol. Notre succès dépend donc de notre capacité à adapter la méthode de commercialisation à ces spécificités. Le marché russe n’est pas sous ma responsabilité, mais je peux affirmer que nous le regardons attentivement et analysons la manière d’y monter en puissance.

JA. Les véhicules électriques fleurissent, où en est-on chez Hyundai ?
AR. Nous avons la technologie, nous sommes en phase de test. Nos ingénieurs ont fait du bon travail car les véhicules affichent de bonnes performances. Certes, les voitures électriques ou hybrides prolifèrent, ce rendez-vous de Genève en témoigne, mais chez Hyundai nous continuons de croire en l’avenir des motorisations thermiques, en Europe. L’autonomie des batteries nous force à croire que les véhicules électriques ont surtout un potentiel à long terme ou, au mieux, dans les grandes villes.

JA. Le constructeur envisage-t-il des partenariats industriels ?
AR. Notre croissance sera organique, nous ne cherchons pas de partenariats car nous développons tout en interne. A ce titre nous sommes en train de travailler sur un système de transmission à double embrayage. Peut-être allons-nous faire appel à des compétences extérieures, fabricants ou éditeurs, afin de parfaire l’offre d’info-divertissement et de télématique de nos véhicules. Ce sont des domaines d’importance pour Hyundai.