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Constructeurs

Le marché du véhicule industriel entre deux eaux

Publié le 28 octobre 2021

Par Mohamed Aredjal
4 min de lecture
Depuis janvier 2021, les immatriculations de VI neufs affichent une hausse de 11 % (plus de 5 tonnes). Mais les constructeurs restent prudents : les volumes sont en deçà des niveaux de 2019 et l’activité reste fortement perturbée par la pénurie de semi-conducteurs.
Les incertitudes règlementaires qui pèsent sur la transition énergétique perturbent l'activité des constructeurs VI.
Les incertitudes règlementaires qui pèsent sur la transition énergétique perturbent l'activité des constructeurs VI.

L’heure est à la prudence chez les constructeurs de poids lourds. Après un exercice 2020 marqué par une saisonnalité inhabituelle, en raison du Covid-19, ces derniers ont vu leurs ventes repartir à la hausse depuis janvier 2021. En effet, selon le dernier bilan de la Chambre syndicale internationale de l’automobile et du motocycle (Csiam), le marché du véhicule industriel neuf de plus de 5 tonnes est en hausse de plus de 11 % sur les 9 premiers mois de l’année par rapport à 2020. Le segment des porteurs augmente de 6 % et celui des tracteurs progresse de près de 17 % sur la même période.

Des chiffres qui doivent toutefois être pondérés en raison des niveaux d’immatriculations très bas enregistrés en 2020. "Ce résultat doit être apprécié au regard de l’effet Covid sur 2020 : par rapport à l’année 2019 (9 premiers mois) le marché 2021 recule de 23 %", confirme Thierry Archambault, président délégué de la Csiam. Ainsi, par rapport à 2019, le segment des porteurs recule de 13% tandis que les tracteurs perdent 31%.

 

A lire aussi : Semi-conducteurs : la production des utilitaires et poids lourds n’est pas épargnée

 

Du côté du marché car et bus, le bilan est un peu plus flatteur avec des ventes en hausse de plus de 18 % par rapport à 2020 et 2 % par rapport à 2019. Le segment des bus bondit de 21 % par rapport à 2020 (+22 % par rapport à 2019), celui des cars augmente de près de 18 % par rapport à 2020 (+4 % par rapport à 2019).

 

Des incertitudes environnementales et réglementaires

 

Au-delà de ces chiffres, le marché reste perturbé par les difficultés d’approvisionnement de différents composants et par la très forte mise en tension de la chaîne logistique du transport mondial, notamment maritime. Une conjoncture qui impacte les délais de livraison de véhicules neufs qui atteignent désormais jusqu’à 18 mois en moyenne (contre 2 à 3 mois d’ordinaire) pour une majorité de constructeurs.

 

Autre phénomène qui risque d’impacter l’activité des constructeurs : les incertitudes règlementaires qui pèsent sur les énergies alternatives ainsi que sur la mise en place des ZFE. A ce sujet la Csiam a exprimé plusieurs exigences qu’elle entend porter auprès des pouvoirs publics. L’organisation professionnelle demande notamment une prise en compte des spécificités des différentes typologies d’activité parmi les transporteurs. "Les impératifs entre le transport frigorifique et une benne à ordures ménagères ne sont évidemment pas les mêmes", rappelle Thierry Archambault.

 

Ce dernier attend aussi des autorités une "visibilité à moyen terme sur le cadre règlementaire" ainsi qu’une "harmonisation des critères constitutifs de la ZFE en France et si possible en Europe". Parmi ses autres attentes, la Csiam appelle à un respect de la neutralité technologique ainsi qu’à la mise en place, sans délai, des infrastructures nécessaires à l’intermodalité.

 

Le bioGNV en attendant l’électrique ?

 

A cette occasion, la chambre syndicale n’a pas manqué de saluer l’initiative menée en France, depuis le début de l’année, par la "task force" rassemblant transporteurs, constructeurs de véhicules industriels, énergéticiens et services de l’Etat. Pour mémoire, celle-ci s’était pour fixée pour mission d’établir une transition énergétique réaliste pour le transport routier par le biais d’une convention d’objectifs communs. Selon Clément Chandon, directeur produits d’Iveco France, les premiers résultats de cette task force montrent que le GNV a un TCO très proche de celui du gazole, recommandant ainsi l’utilisation du bioGNV pour décarboner le transport routier de marchandises.

 

Une position suivie par Jean-Baptiste Djebbari, ministre chargé des Transports, qui a déclaré lors du 75e congrès de la FNTR que "la réalité aujourd’hui pour le transport routier, c’est le gaz et le biogaz". "Nous n’avons pas l’offre nationale et européenne de camions électriques et hydrogènes", a-t-il ajouté.

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