Le départ de Luca de Meo nourrit les craintes des syndicats

Au-delà de la surprise, la CGT n'est pas tendre avec Luca de Meo. "On est tombés de notre chaise", a indiqué Thomas Ouvrard, délégué syndical CGT du groupe Renault, à l'AFP. "C'est comme le capitaine qui saute du navire en laissant l'équipage."
Le syndicat parle de "fuite en avant au pire moment pour Renault." "Notre grand patron nous a sorti une stratégie qui n'est pas forcément convaincante à 100 %, on émet des doutes, et il part du jour au lendemain", poursuit Thomas Ouvrard.
La CGT pointe dans son communiqué les choix stratégiques portés par le dirigeant. Ainsi, le syndicat reproche pêle-mêle la vraisemblable production de SUV électriques en Espagne ou encore le développement de projets (comme la Twingo) en Chine ou ailleurs mettant en danger l'ingénierie.
Le syndicat ne digère pas non plus la création de Horse. En partageant le capital avec Geely et Aramco, le syndicat affirme que "l'entreprise a troqué sa souveraineté industrielle contre des promesses technologiques externes sur l'électrique, sans réelle visibilité ni résultats à ce jour."
"Forcément, on était fort surpris", indique Fabrice Roze, délégué syndical CFDT. "On était quand même en pleine transformation", s'étonne-t-il, tant du secteur automobile dans son ensemble, que de celle du groupe Renault.
"Le marché de l'automobile est fortement déstabilisé" et "c'est une annonce qui va donner un peu d'anxiété", estime Fabrice Roze. "Pourquoi un de nos dirigeants à la tête du groupe quitte l'entreprise ? Forcément, ça crée aussi de l'inquiétude."
"Ce qui nous inquiète, c'est l'avenir de Renault parce que concrètement aujourd'hui l'électrique ça nous fait très peur, ça ne se vend pas. Nos usines françaises, elles ont besoin de produire des véhicules", avertit Thomas Ouvrard.
Fabrice Roze insiste lui sur le besoin "d'assurer la stabilité de la stratégie et la stabilité industrielle du groupe. Il faut qu'on reste dans la continuité, pas créer plus d'anxiété qu'il peut y avoir aujourd'hui".
La difficulté de retenir les talents dans l'automobile
Les analystes sont également surpris et interrogatifs. Il a été l'"architecte du redressement du groupe" et "ce départ constitue une (mauvaise) surprise", ont commenté des analystes d'Oddo BHF, dans une note.
Selon les analystes d'Oddo, la démission de Luca de Meo "illustre, peut-être, à nouveau la difficulté pour l'automobile d'attirer et de retenir ses talents (...) face à un environnement sectoriel tendu".
Quel que soit le successeur de Luca de Meo, de nombreux dossiers l'attendront sur son bureau. Et les syndicats ne manqueront pas de lui faire passer leurs revendications.
Ainsi, celles de la CGT sont déjà connues : le maintien de la production électrique en France, la sauvegarde des emplois dans l’ingénierie et la production, la transparence sur la stratégie industrielle et le devenir d’Ampere et enfin, la fin des cessions technologiques à des partenaires étrangers qui affaiblissent Renault à long terme.
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