L'ACEA veut repousser l'objectif CAFE 2025 de deux ans
Les constructeurs automobiles passent à l’offensive. D’après l’agence de presse Bloomberg, ils s’apprêtent à recourir à une réglementation d’urgence pour reporter de deux ans le nouveau seuil CAFE prévu en 2025. Il s’agit de l’article 122 du traité de fonctionnement de l’Union européenne.
15 milliards d'amende
Le nouveau palier CAFE doit abaisser le seuil d’émissions de CO2 par voitures vendues à 81 g/km contre 95 g/km jusqu’ici. Chaque gramme en plus se verra sanctionné par une amende, rapporté au nombre de voitures vendues. Pour Luca de Meo, DG de Renault et président de l’ACEA qui s’est exprimé une semaine auparavant sur France Inter, ce dispositif pourrait coûter 15 milliards d’euros d’amende aux constructeurs européens, ou obliger ceux-ci à renoncer à la production de 2,5 millions de voitures thermiques.
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Pour l’ONG Transport & Environment (T&E), l’initiative prêtée à l’ACEA est "absurde". "L’article 122 est prévu pour de graves crises, et a été utilisé pour la dernière fois lors de la guerre en Ukraine et de la pandémie de Covid. T&E dénonce fermement cette manœuvre des constructeurs, et appelle les législateurs européens à appliquer la loi telle qu’elle est prévue", écrit l’ONG dans un communiqué de presse.
"La démarche du lobby de l’industrie automobile est absurde, ajoute Marie Chéron, responsable des politiques véhicules à T&E France. Les constructeurs ont réalisé plus de 130 milliards d'euros de bénéfices depuis 2022 et ont eu des années pour se préparer à l'objectif. Maintenant, ils tentent de déclencher l'état d'urgence pour pouvoir continuer à vendre des voitures polluantes".
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Volkswagen, le plus exposé aux amendes
Pour l’heure, l’ACEA n’a pas statué officiellement sur la possibilité de recourir à cette disposition du traité. Les constructeurs automobiles ne cessent de dénoncer l’étau qui se resserre face au tassement, voire la baisse des ventes de voitures électriques. En août 2024, elles ont représenté 12,5 % des transactions en Europe, soit une baisse de 11 % sur un an. Selon eux, ce retournement de marché n’avait pas été anticipé et fausse la trajectoire qui leur aurait permis d’être dans les clous du prochain objectif CAFE.
D’après les analystes, Volkswagen pourrait être le constructeur le plus exposé aux amendes. Ce dernier a d'ailleurs récemment annoncé qu’il s’apprêtait à fermer plusieurs usines automobiles en Europe.
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