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Constructeurs

La réindustrialisation est-elle en marche ?

Publié le 24 septembre 2014

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Après la forte chute des marchés européen et français, ayant notamment conduit à une réduction des effectifs en France, les constructeurs nationaux redressent la tête. PSA poursuit sa convalescence et Renault envisage même des embauches.
En plus de l’investissement sur le site du Mans, celui de Dieppe va accueillir une nouvelle production au second semestre 2015.

Al’heure où le Medef propose, entre autres, une remise à plat complète du droit du travail, les patrons de PSA et Renault, Carlos Tavares et Carlos Ghosn, ont fait des sorties médiatiques remarquées. En effet, Carlos Tavares a indiqué, au micro du Grand Jury RTL, sur LCI et dans le Figaro, que le coût du travail en France et les 35 heures n’étaient pas “des problèmes insurmontables pour assurer le redressement de l’entreprise”. Il a toutefois immédiatement précisé que toutes les mesures qui avaient été annoncées jusqu’ici devaient être mises en œuvre rapidement. Concernant le CICE (Crédit d’impôts compétitivité emploi), le patron de PSA a indiqué qu’à un horizon de trois ans, il pourrait représenter une réduction du coût du travail de l’ordre de 4 à 5 %, ce qui n’est pas, pour lui, “énormissime”, mais “pas négligeable non plus”.

Consolidation de l’usine du Mans

Pour Carlos Ghosn, citant notamment le Crédit d’impôt recherche et le Pacte de responsabilité, les mesures “vont dans le bon sens en matière de compétitivité”. Une amélioration qui devrait conduire Renault à embaucher en France. “Il y aura des embauches, forcément, parce que vous ne pouvez pas produire 710 000 voitures avec le même nombre de personnes” a-t-il indiqué au micro d’Europe 1. Un engagement de 710 000 unités produites en France (contre 530 000 en 2012) que le patron de Renault avait pris à l’époque du ministère du Redressement productif.

Pour ce faire, Renault travaille naturellement à l’augmentation de “sa” production en lançant de nouveaux modèles (le plus gros impact viendra avec le renouvellement du segment C à partir de 2015) et en réorganisant ses sites de production. Mais il compte aussi sur des partenaires, comme en témoignent les accords passés dans le VUL avec Opel et Fiat, qui augmentent la cadence dans l’usine de Sandouville produisant aujourd’hui le Trafic. De la même manière, la production annoncée, à partir de 2016, de la Nissan Micra sur le site de Flins devrait venir augmenter les chiffres de 132 000 unités annuelles et y représenter 50 % de l’activité. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, l’usine du Mans va produire, d’ici fin 2016, des composants pour cette Micra française.

L’activité de cette usine devrait ainsi augmenter de 8 % et un investissement de 7 millions d’euros sera consenti. Deux chiffres qui peuvent paraître peu importants, mais qui viennent pérenniser le site sarthois qui a fourni plus de 12,5 millions de pièces en 2013 (trains avant, arrière, berceaux, bras inférieurs, rotors bruts, etc.) aux sites d’assemblage du groupe dans le monde entier. En effet, 55 % de la production est exportée hors de France et 25 % hors d’Europe. Un choix et un investissement rendus possibles, selon le constructeur, par les accords signés en mars 2013. Dans cette volonté de redynamiser son tissu industriel en France, Renault a également annoncé que son site de Dieppe allait recevoir une nouvelle production. En effet, le site Alpine, spécialiste des petites séries et notamment des modèles Renault Sport, va ainsi accueillir au deuxième semestre 2015 les BlueCar de Bolloré.

Appel au “Génie français”

Alors, certes, il n’y a pas de grande révolution, mais petit à petit, les deux constructeurs français relèvent la tête. Cependant, les actions gouvernementales ou les accords internes ne peuvent tout régler. “Le génie français”, comme l’appelle Carlos Tavares, doit retrouver de l’ambition et des solutions. Il pourrait par exemple se pencher sur les schémas de production, notamment des petites voitures, car il n’est pas normal que Toyota (qui a encore embauché et augmenté sa production à Onnaing cette année) et Smart soient les seules marques qui arrivent à produire des citadines en France. Et pourtant, ces deux usines sont soumises aux mêmes règles.
 

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