Jacques Calvet nous a quittés

"C’est avec une grande tristesse que j’apprends le décès de Jacques Calvet et je tiens à exprimer au nom de tous les salariés du Groupe PSA nos sincères condoléances à son épouse et à sa famille. Jacques Calvet, grand visionnaire, a dirigé l’entreprise de 1984 à 1997, pour en faire un constructeur automobile de premier plan" a déclaré Carlos Tavares, l'actuel président de PSA, dans un communiqué. "Je tiens à saluer la mémoire de ce grand capitaine d’industrie qui nous quitte, doté d’un rare courage et d’une détermination sans faille qui doivent nous inspirer. Au regard de la crise que nous traversons, son exemple nous oblige et nous engage à protéger l’entreprise dans l’intérêt de ses salariés, comme il a toujours su le faire."

Jacques Calvet est né le 19 septembre 1931 à Boulogne-Billancourt. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris (Science Po Paris) et de l'Ecole nationale d'administration (ENA), il débute sa carrière en entrant à la Cour des comptes en 1957. Il continuera son parcours politique avec Valéry Giscard d'Estaing pour en devenir le chef de cabinet lorsque celui qui n'est pas encore Président de la république devient ministre de l'Economie et des finances. En 1975, Jacques Calvet entre à la BNP puis en deviendra le président. Un poste dont il sera évincé en 1981 avec l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir.

Débute ensuite l'aventure Peugeot. Il devient alors un "grand patron". L'entreprise est au bord de la faillite. A force de restructurations dans les usines et au commerce, mais aussi en renouvelant les produits, comme la Peugeot 205 lancée en 1983, qui sauva le groupe à l'époque, Jacques Calvet et ses équipes hisseront le constructeur français sur le podium européen. Souvent associé à la montée en puissance du Diesel en France, son nom reste aussi synonyme de coups de gueule mémorables notamment contre les constructeurs japonais ou encore l'Europe. Il ne s'est d'ailleurs jamais caché d'être un anti-Maastricht. Bien plus tard, en 1998 dans un livre intitulé La grande faillite. Comment l'éviter ?, il tire encore à boulets rouge sur l'Europe, la qualifiant notamment d'"Ubu sans voix" ou de "machine folle".

Il y aura aussi des épisodes plus anecdotiques comme cette fronde des Guignols de Canal+ qui avaient fait de Jacques Calvet un personnage récurrent, et toujours en panne, de ses journaux. L'homme n'a pas apprécié et pendant longtemps aucune marque du groupe n'a annoncé sur l'antenne de Canal. Une autre anecdote montre finalement que l'automobile n'est qu'un éternel recommencement. En 1989, une grève touche les usines du constructeur et la feuille de paye de Jacques Calvet se retrouve en Une du Canard Enchainé. Une polémique sur son salaire (180 000 francs par mois à l'époque) et ce dernier répondra qu'il gagnait en un an "ce que le PDG de General Motors gagne en trois jours !"

Jacques Calvet était aussi un habitué des colonnes du Journal de l'Automobile (voir ci-dessous). Mais une fois, un poisson d'avril du journal n'avait pas été du goût du patron de PSA et la direction JA avait alors détruit tous les exemplaires sortis de chez l'imprimeur. La cause de ce courroux ? La rédaction avait alors imaginé et fait un photo montage d'une concession arborant les panneaux Peugeot et Citroën.

En 1997, il laisse finalement le volant de PSA à Jean-Martin Folz. Après vingt ans dans le privé, Jacques Calvez reste actif dans de nombreux conseils d'administration et sera tenté par un retour dans la sphère politique.

Le Journal de l'Automobile présente ses plus sincères condoléances à la famille et aux proches de Jacques Calvet.