Hyundai mise tout sur l’électrique en 2020

Hyundai Motor France vole de record en record. Il s’en est fallu de peu pour que la filiale du constructeur coréen dépasse la barre symbolique des 40 000 immatriculations. Le compteur s’est bloqué à 39 970 unités, un volume record en hausse de 11 % par rapport à 2018. Sa part de marché s’est ainsi élevée à 1,81 %, une performance elle aussi inédite. "Nous avons été dans la lignée des années précédentes avec un mix équilibré au niveau des produits et des canaux de vente, souligne Lionel French Keogh, directeur général de Hyundai Motor France. Notre croissance est durable et pérenne, elle repose sur des fondations solides".

+132 % en 5 ans

En l’espace de 5 ans, en somme depuis 2014, les volumes de la marque ont explosé de 132 %. Si cette croissance a été parfois artificielle quelques années en arrière, avant l’arrivée aux commandes de Lionel French Keogh, elle est aujourd’hui maîtrisée avec 60 % du business réalisé auprès des particuliers, 9,5 % auprès des flottes et 7,8 % auprès des loueurs courte durée, mais aussi avec 21,9 % du volume destiné à alimenter les showrooms en véhicules de démonstration. "Ce dernier canal est important pour nous car notre objectif est que nos clients se rendant en concessions puissent essayer l’ensemble de nos modèles, mais aussi toutes les motorisations qui vont avec", précise le directeur général. Et quand on voit l’étendu du catalogue de la marque, qui se veut désormais généraliste et donc présente sur tous les segments mais aussi en première ligne sur les énergies alternatives, il y a de quoi faire.

Les deux stars de Hyundai en France ont été le Kona et le Tucson, qui ont représenté à eux deux 52 % des ventes. Est ensuite venue la i20 à 20,8 %, en léger repli en 2019, mais l’arrivée de la nouvelle génération dans les prochains mois devrait lui permettre de renouer avec la croissance. Les berlines du segment C, à savoir la i30 et la Ioniq, ont quant à elles connu des trajectoires opposées, la première reculant de 5,8 %, la seconde grimpant de 24,4 %. Côté énergies, 50 % des volumes de la marque ont été réalisés en essence et 34 % en diesel, des niveaux en phase avec le marché. Hyundai s’est en revanche distingué en réalisant 5,2 % de ses ventes en électriques, là où le marché s’est établi à 1,9 %. La Ioniq et le Kona électriques ont respectivement pointé à 553 et 1 513 unités.

4 145 ventes B2B

"Notre croissance sur l’électrique est en grande partie liée à la demande croissante des professionnels, explique Lionel French Keogh. Notre gamme zéro émission est notre cheval de Troie pour toucher de grandes flottes comme Coca-Cola, Würth, Orange, SAP ou Engie". Au final, Hyundai Motor France a réalisé 4 145 ventes en B2B, un volume en croissance de 45 %. Ce total monte même à 8 000 unités en comptant les professions libérales. "Ce marché des pros constitue notre principal gisement de croissance pour les années qui viennent, nous avons beaucoup travaillé cette cible mais il nous reste encore une grande marge de progression", confie le DG. Son objectif : monter à 17-18 % de part de marché. Il pourra pour cela compter sur le dynamisme du marché de la location longue durée, notamment la cellule Hyundai Leasing opérée par Arval qui a progressé de 38 % en 2019, et sur le réseau de 54 centres Hyundai Entreprise.

Concernant le réseau, il s’est accru de 9 sites l’an passé pour s’établir à 186 concessions. Sa rentabilité est passée de 1,5 à 1,7 % et son chiffre d’affaires a progressé de 17 % en moyenne. Une montée en régime essentiellement liée à la hausse du prix de vente moyen, de l’ordre de 1 000 euros. Les électriques, dont le prix catalogue est plus élevé, ont fortement contribué à l’amélioration la santé financière des investisseurs. "Le réseau n’a jamais gagné autant d’argent" selon Lionel French Keogh.

6 000 électriques en 2020

Les regards sont dorénavant tournés vers 2020. Si tous les signaux devraient rester au vert, le directeur général entend jouer la carte du mix énergétique plutôt que celle du volume. S’il assure pouvoir atteindre 45 000 immatriculations sans problème, il appelle ses équipes et son réseau à privilégier l’objectif européen sur les rejets de CO2. De ce fait, un objectif de 40 000 unités a été fixé avec une part de l’électrique grimpant à 15 %, soit 6 000 unités. Les ventes de modèles électrifiés, incluant les hybrides, devrait quant à monter au tiers de l’activité. "C’est une nouvelle mécanique de pensée qui est complexe à gérer pour nous, mais aussi pour le réseau, reconnaît Lionel French Keogh. Nous ne devons pas mettre en danger notre politique CO2 en mettant par exemple à la route quantité de Kona essence".

C’est ainsi que la rémunération du réseau a été adaptée en conséquence. Si l’objectif de volume existe toujours, il a été mis au second plan au profit d’un objectif sur le mix énergétique. Les distributeurs souhaitant conserver leur niveau de rémunération devront donc atteindre les deux objectifs même si le directeur général admet que des discussions sont toujours en cours avec le groupement sur le sujet. Les investisseurs auront toutefois toutes les armes en main pour satisfaire ces nouvelles exigences. "Nous allons avoir cette année une vague de renouvellement produits d’une ampleur inédite avec, à chaque fois, de nouvelles propositions électrifiées", affirme le directeur général. La grosse affiche sera le nouveau Tucson avec plusieurs propositions hybrides, dont une rechargeable.

Une joint-venture avec LG sur les batteries

La crainte d’un manque de produits électriques disponibles sera également levée puisque Hyundai va prochainement annoncer une joint-venture avec LG pour la production de batteries en Pologne. Des batteries qui seront destinées au Kona, lequel sera également produit en Europe. Un dispositif qui permettra de répondre à l’intégralité des demandes sur ce produit. Une disponibilité quasi-immédiate qui devrait permettre à la marque de tirer une nouvelle fois son épingle du jeu sur le marché B2B où elle vise 9 500 ventes, dont 50 % de modèles électrifiés.