Guillaume Sicard, Renault France : "Notre offre de véhicules nous permet de conserver un bon niveau de rentabilité"

Le Journal de l’Automobile : La nouvelle Renault Clio arrivera dans les concessions au mois de décembre 2025. Quelles sont selon vous les forces de cette sixième génération qui doivent lui permettre de garder son statut de best-seller français ?
Guillaume Sicard : La nouvelle Clio a été accueillie de manière extrêmement positive. Le design de la voiture interpelle et a créé de la surprise. Mais l’une des grandes forces de cette sixième génération est surtout sa nouvelle motorisation full hybrid E-Tech 160, qui se distingue par sa puissance accrue, son agrément de conduite et sa consommation de 3,9 l/100 km. D’autant que nous avons réussi à conserver le même positionnement tarifaire pour cette version hybride, alors qu’elle est nettement mieux équipée que la génération précédente.
Le full hybrid est vraiment la motorisation centrale de la nouvelle Renault Clio
J.A. : À son lancement, elle sera également disponible en motorisation essence TCe 115, tandis que la version Eco-G 120 roulant au GPL arrivera six mois plus tard. Quel devrait être le mix des ventes des différentes motorisations ?
G.S. : Sur le marché français, le full hybrid augmente de manière considérable chaque année. À date, cette motorisation doit représenter environ 22 % du marché VP et Renault est largement leader avec 40 % de part de marché. Sur l’actuelle Clio V, nous sommes à 35 % de ventes en full hybrid donc, compte tenu de la croissance du marché, je pense qu’à terme nous atteindrons 50 % des ventes de Clio VI en full hybrid.
C’est vraiment la motorisation centrale. Mais nous remarquons également que le GPL est en train de regagner ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, sur la Clio V, elle représente tout de même 10 % du mix des ventes et je pense que cette offre va continuer à prendre de l’épaisseur sur Clio VI, notamment grâce à son autonomie record de 1 450 km.
J.A. : La fin de l’offre diesel sur la nouvelle Clio aura-t-elle un impact sur vos ventes, notamment en BtoB ?
G.S. : L’offre de la Clio VI full hybrid est vraiment très compétitive. Même si son coût à l’achat reste supérieur à celui d’une version essence, son coût d’utilisation est quant à lui plus avantageux. Surtout quand un conducteur parcourt 25 000 km par an, un écart de consommation de 0,5 l/100 km commence à compter. La motorisation full hybrid devient alors une très bonne alternative pour les entreprises qui ne font pas le choix du 100 % électrique.

Les premiers exemplaires de la nouvelle Renault Clio arriveront dans les concessions françaises au mois de décembre 2025. ©DPPI
J.A. : La nouvelle Clio sera-t-elle proposée dans une finition Business, à l’image de ce que font certains de vos concurrents ?
G.S. : Nous restons avec une gamme très simple, avec trois niveaux de finition. Mais dans la version Evolution, la nouvelle Clio pourra être complétée par un pack "business". Ce dernier intègre des équipements qui plaisent aux entreprises, à l’image de la caméra de recul ou encore des rétroviseurs dégivrants.
J.A. : En 2025, Renault est de loin le leader des ventes 100 % électriques en BtoB. Comment expliquez-vous cette performance ?
G.S. : Chez les flottes, Renault est en effet le leader de l’électrique avec une part de marché de 20,5 % à mi-novembre. Pour rappel, nous étions seulement troisièmes l’an dernier sur cette énergie. Cette dynamique peut d’abord s’expliquer par la très bonne performance affichée par le Scenic E-Tech, qui est aujourd’hui le véhicule 100 % électrique le plus vendu sur le marché des flottes.
Mais hormis notre offre de produits, je pense que notre organisation et la force de notre réseau nous ont également permis de progresser sur ces canaux de vente. Car Renault et son réseau ont très bien su composer avec la complexité des évolutions fiscales en début d’année 2025.
Nous avons en effet réussi à former notre réseau en à peine deux semaines, de manière très opérationnelle et pragmatique, afin qu’il puisse présenter et expliquer la nouvelle réglementation fiscale automobile à leurs clients. Cela nous a permis de nouer des contacts mais, je pense aussi, d'augmenter nos ventes de véhicules 100 % électriques.
J.A. : Comment se porte le réseau ?
G.S. : À fin septembre 2025, la rentabilité du réseau du groupe Renault est à un niveau similaire de celui de l’an passé. Nos parts de marché augmentent alors que le marché est très légèrement en baisse, ce qui nous permet d’avoir des volumes d’affaires qui sont très corrects et une rentabilité qui est plutôt stable. Notre offre de véhicules nous permet de conserver un bon niveau de rentabilité sur le VN et l’après-vente.
En revanche, celle du véhicule d’occasion est plus tendue. Pour contrer cela, nous avons mis en place un ensemble de mesures, notamment des extensions de garantie ou encore en développant le leasing sur le véhicule d’occasion. Nous avons également déployé des taux de financement très avantageux sur nos modèles 100 % électriques, car si l’électrique est aujourd’hui mieux implanté sur le marché du neuf, cela prend plus de temps sur l’occasion.
Enfin, le danger peut aussi venir du manque de rotation des stocks, car c’est là que ça commence à coûter cher en termes de trésorerie et de rentabilité. Donc nous travaillons avec notre réseau pour avoir une bonne rotation des stocks.
Le danger peut aussi venir du manque de rotation des stocks
J.A. : À ce sujet, comment gérez-vous la rotation de stock des véhicules ?
G.S. : Nous avons des retours buy back en tant que constructeur. Nous pouvons revendre ces véhicules à d’autres réseaux, mais il est bien entendu plus efficace de les revendre au sein du réseau du groupe Renault. Nos partenaires ont d’ailleurs des objectifs à atteindre sur les véhicules d’occasion, mais nous restons vigilants pour que ces derniers n’empiètent pas sur leur trésorerie.
En ce qui concerne les véhicules neufs, nous demandons à nos partenaires de maintenir environ deux mois de stock, afin de préserver une disponibilité continue pour nos clients. Mais nous nous adaptons évidemment à la situation de chaque concession et nous restons vigilants sur le niveau de stocks que nous demandons régulièrement à nos partenaires.
J.A. : Renault performe à la deuxième édition du leasing social. Comment allez-vous anticiper le retour de ces véhicules ?
G.S. : Sur cette deuxième édition du leasing social, nous devrions atteindre 15 000 voitures sur les 50 000 nécessaires à la fin du dispositif. C’est plus que la première édition, car nous avions atteint environ 11 500 véhicules l’an dernier. La Renault 5 E-Tech en version Five à 120 euros par mois a très bien fonctionné, au même titre que la Megane E-Tech qui est d’ailleurs en rupture de stock sur ce dispositif. Mais nous avons travaillé avec nos concessionnaires pour étaler les retours de ces véhicules jusqu’à 4 à 5 ans, ce qui devrait leur permettre de trouver plus facilement leur place sur le marché de l’occasion. Enfin, nous avons également essayé de préserver la marge de notre réseau afin qu’il puisse faire des provisions pour le retour de ces véhicules.

La Renault Twingo sera disponible en France au printemps 2026. ©Renault/DPPI
J.A. : Un commentaire sur la nouvelle Renault Twingo qui a été présentée au début du mois de novembre ?
G.S. : Je trouve que c’est une très belle histoire car cette nouvelle Twingo génère de l’émotion. Elle dispose d’un très bon niveau de technologie et de qualité perçue, et remplit son rôle de citadine avec ses 260 km d’autonomie. Le tout, en étant très abordable, car son prix peut descendre à 15 000 euros avec la prime CEE.
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