S'abonner
Constructeurs

Forvia baisse ses objectifs annuels face à la déprime du marché

Publié le 27 septembre 2024

Par Jean-Baptiste Kapela
4 min de lecture
La baisse des immatriculations de véhicules électriques pousse Forvia à revoir ses objectifs de marge en baisse d'environ un point. L’équipementier français vise désormais un chiffre d'affaires entre 26,8 et 27,2 milliards d’euros, soit un milliard en moins.
Forvia
L’équipementier français revoit donc ses résultats entre 5 % et 5,3 % pour l’année 2024 et un chiffre d'affaires estimé entre 26,8 et 27,2 milliards d’euros. ©Adobe Stock / J_News_photo

Le ralentissement des immatriculations de voitures électriques dans le contexte d’un marché automobile en berne donne des sueurs froides aux principaux acteurs du secteur. Forvia, neuvième équipementier mondial en matière de chiffre d’affaires, n’est pas épargné par la vague d’inquiétude. Ce vendredi, l’industriel français annonce revoir ses objectifs à la baisse. Dorénavant, l’entreprise prévoit une marge opérationnelle comprise entre 5 % et 5,3 % pour l’année 2024 contre 5,6 % à 6,4 %. Quant à son chiffre d'affaires, Forvia l’estime désormais entre 26,8 et 27,2 milliards d’euros contre 27,5 et 28,5 milliards d’euros auparavant.

 

A lire aussi : Un premier semestre 2024 contrasté pour Forvia

 

Pour rappel, l’équipementier français fabrique des sièges, des habitacles, des phares et des systèmes d'échappement pour de nombreux constructeurs comme Stellantis, Mercedes ou BYD. "Nous avons eu des mauvaises nouvelles. Nous ne voyons pas, d'ici à la fin de cette année, comment le marché automobile pourrait se rétablir", a précisé le directeur général de Forvia, Patrick Koller, dans une interview accordée à l'AFP.

 

Une mauvaise prévision du marché

 

"Nous pensions que les moteurs thermiques allaient compenser la réduction de la motorisation électrique. Et ça ne s'est pas fait. Nous espérions également que les Européens allaient préparer la réglementation CAFE 2025", faite de normes d'émissions de CO2 plus sévères, qui impliquaient de produire plus de voitures électriques et hybrides rechargeables fin 2024 pour préparer l'année 2025, a-t-il expliqué. "Et ça ne se matérialise pas non plus", a indiqué le patron de Forvia.

 

La décarbonation de l'automobile est "inéluctable", mais croire que la croissance vers l'objectif (zéro émission) de 2035 serait linéaire était "une erreur", a noté Patrick Koller. Pour relancer le marché, il faut maintenant "offrir ces voitures électriques à des prix beaucoup plus attractifs", avec des modèles plus petits dotés d'autonomies moindres, selon le patron de Forvia, toujours à l’AFP.

 

Une action qui chute

 

Une annonce de prévision moins ambitieuse qui ne devrait pas rassurer les investisseurs. Ces derniers jours, l’action de Forvia touche le fond pour atteindre 8,49 euros en clôture à la Bourse de Paris le jeudi 26 septembre 2024. À noter que le rachat du groupe allemand Hella en 2022, impact encore l’industriel qui a prévu un plan d’économies qui pourrait réduire ses effectifs en Europe de 10 000 personnes d’ici à 2028 sur les 157 000 salariés que compte l’entreprise au total. 5 500 salariés devraient d’ailleurs quitter Forvia à la fin de l’année 2025.

 

A lire aussi : Pourquoi la Bourse joue en faveur de Renault et Stellantis mais boude Valeo et Forvia

 

Pour rassurer les marchés, Forvia a confirmé son objectif de désendettement, visant toujours un ratio dette nette/excédent brut d'exploitation (Ebitda) ajusté "sous" 1,5 en 2025, contre un ratio de 2 au premier semestre 2024. L'équipementier avait déjà annoncé en juillet que ses résultats annuels devraient être "dans le bas de la fourchette" précédemment annoncée. Les arrêts de production en Amérique du Nord, liés à des stocks déjà très élevés, les retards dans les démarrages de la production de nombreux modèles, mais aussi des effets de change, ont encore compliqué la donne.

 

Pour Forvia, il n’y a pas de menace chinoise

 

Mi-septembre, Mercedes et BMW ont aussi annoncé une révision en baisse de leurs objectifs en raison du mauvais climat économique, notamment en Chine. Mais Forvia se voit différemment. "La menace que peut représenter la Chine pour les constructeurs non-chinois n'existe pas pour nous", a assuré Patrick Koller. Les constructeurs chinois sont au contraire "une opportunité" alors que cette région est la seule qui voit son marché automobile croître encore.

 

"Nous avons démontré notre capacité à être compétitifs sur le marché chinois par la croissance rentable que nous y avons depuis des années. Ce partenariat va nous aider en Europe", au moment où plusieurs constructeurs chinois comme BYD et Chery annoncent des ouvertures d'usines en Europe, a souligné Patrick Koller.

 

En Europe, "nous allons voir le marché se stabiliser en production aux alentours de 16 millions de véhicules, mais ce ne seront pas les mêmes constructeurs qui les fabriqueront. Il est à peu près sûr que les constructeurs chinois vont prendre une part de ce marché (...) Et comme ils ont pris le leadership technologique sur l'électrification et sur l'architecture électrique et électronique, ils vont imposer leur business model et leur structure de coûts", prévoit Patrick Koller. (Avec AFP)

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle