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Constructeurs

Fabrice Cambolive, Renault : "Nos clients ont à leur disposition toutes les technologies dont ils ont besoin"

Publié le 24 mai 2024

Par Christophe Bourgeois
7 min de lecture
À l’occasion du lancement du Renault Rafale, Fabrice Cambolive, directeur général de la marque Renault, a livré sa stratégie sur le segment D et sur l’électrification de sa gamme, ainsi que sur les relations constructeurs-distributeurs et le leasing social.
Fabrice Cambolive Renault
Fabrice Cambolive, directeur général de la marque Renault, lors du lancement du Rafale. ©Julien Biehler-DPPI-Renault

Le Journal de l’Automobile : Comment se positionne le Rafale dans la gamme Renault ?

Fabrice Cambolive : Le Rafale marque le retour de Renault dans le segment D. Avec l’Espace, nous disposons désormais d’une double offre, une structure de gamme qui, je vous le rappelle, existe depuis des décennies, avec d’un côté les différentes générations Espace et de l’autre une berline.

 

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J.A. : Une double offre sur le segment des SUV, c'est assez inédit sur le marché…

F. C. : Effectivement. Mais le marché de la berline sur le segment D tend à se contracter. En Europe, le segment D, toutes carrosseries confondues, couvrait une part de 16 % en 2023. Il a gagné deux points. La part de marché était en effet de 14 % en 2019. En quatre ans, la pénétration des SUV est passée de 5,9 % à 8,8 % alors que celle des berlines s’est tassée de 8,1 % à 7,2 %. Les deux courbes se sont croisées courant 2021. En France, à fin avril 2024, les segments C et D des SUV représentaient un quart des immatriculations, contre 18 % pour les berlines, une part de marché relativement stable par rapport à l’année dernière.

 

Le segment C et D des SUV représentait un quart des immatriculations

 

J.A. : Quelles sont les ambitions de Renault pour le Rafale à l’international ?

F. C. : Le Rafale est clairement un véhicule de conquête qui va être la vitrine de Renault en termes de savoir-faire technologique. Outre la France, nous allons concentrer nos efforts en Espagne et en Italie, ainsi qu’en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, bien que dans le cas de ce dernier pays, il s’agit d’un marché très électrique.

 

Le Rafale signe le retour de Renault sur le segment D. ©Renault

 

J.A. : Pouvez-vous nous indiquer la répartition des ventes en France entre le Rafale et l’Espace ?

F. C. : Je ne souhaite pas communiquer sur ce sujet, mais je constate que l’Espace connaît une belle carrière commerciale, meilleure à celle de l’ancienne génération. Avec ce véhicule, nous avons une clientèle répartie équitablement entre particulier et professionnel. Avec le Rafale, nous pensons que le mix sera 60/40, en faveur du BtoB. En France, nous estimons également que le mix entre l’hybride de 200 ch et l’hybride rechargeable de 300 ch sera respectivement de 70 % et 30 %.

 

L’hybride non rechargeable, grâce à l’optimisation de cette technologie, permet de répondre aux besoins des clients qui roulaient jusqu’à présent au diesel

 

J.A. : Alors que Renault a arrêté l’hybride rechargeable sur le Captur et la Mégane, vous revenez avec cette technologie sur le Rafale. Pour quelle raison ?

F. C. : Nous souhaitons mettre à la disposition de nos clients toutes les technologies qui répondent à leurs besoins. C’est une stratégie que nous avons mise en place il y a trois ans, lors du lancement de notre plan Renaulution. Parmi les mesures prises, le déploiement de plateformes dédiées à chaque énergie, électrique d’un côté, thermique/hybride de l’autre. Le Rafale, comme l’Espace ou l’Austral, en sont les illustrations parfaites. Pour les moteurs, nous notons que l’hybride non rechargeable, grâce à l’optimisation de cette technologie, permet de répondre aux besoins des clients qui roulaient jusqu’à présent au diesel. Nos véhicules affichent des consommations très faibles. Je rappelle d’ailleurs que le Rafale dans sa version 200 ch n’émet que 105 g/km de CO2 et qu’il n’est quasiment pas fiscalisé pour les entreprises.

 

En parallèle, l’électrique répond à d’autres attentes et nous avons des produits qui y répondent, comme la Megane E-Tech et très bientôt la R5. Entre les deux, nous proposons l’hybride rechargeable  qui correspond parfaitement à ceux qui sont à la recherche d’une autonomie importante, tout en bénéficiant de consommations très faibles. Ainsi, nous avons équipé le Rafale hybride rechargeable de 300 ch d’un réservoir de 55 litres, ce qui permettra d’afficher des autonomies bien supérieures à la concurrence, notamment lorsqu'il sera couplé de la batterie de 22 kWh (encore non homologuée, mais attendue pour atteindre les 100 km, NDLR).

 

J.A. : Depuis quelques années, les finitions haut de gamme de vos modèles s’appellent Esprit Alpine. N’y a-t-il pas un risque de confusion ou d’incompréhension de la part des clients de chaque marque ?

F. C. : Non. Utiliser l’appellation Alpine permet d’assoir la notoriété de la marque et c’est pour nous une stratégie gagnante. Et si confusion il y a, ce que nous n’observons pas, elle le sera encore moins lorsqu’Alpine disposera d’une gamme plus étendue, ce qui arrivera d’ici la fin de l’année avec l'Alpine A290.

 

S’il y a des économies à faire, c’est à l’ensemble de la chaîne, y compris chez nous constructeur, de travailler sur le sujet

 

J.A. : La distribution automobile connaît actuellement de profondes transformations avec la mise en place de nouveaux contrats. Quelle est votre analyse à ce sujet ?

F. C. : Elle tient en trois points. Premièrement, à chacun son métier. Cela peut paraître trivial comme réponse, mais elle correspond bien à la réalité du marché. Ensuite, nous disposons avec Retail Renault Group de notre propre appareil de distribution, ce qui nous permet d’innover et ensuite d’échanger avec le réseau privé sur les bonnes pratiques. Celui-ci représente environ 90 % de notre distribution. Enfin, il n’est pas question pour Renault de mettre sur le dos des concessionnaires toutes les charges inhérentes à la distribution de nos produits. S’il y a des économies à faire, c’est à l’ensemble de la chaîne, y compris chez nous constructeur, de travailler sur le sujet.

 

J.A. : Quelles conclusions tirez-vous du leasing social ?

F. C. : Dans un premier temps, je tiens à préciser que toute aide pour promouvoir l’électrique est une bonne chose. En ce qui concerne Renault, nous avons immatriculé 10 000 voitures dans le cadre du leasing social. Sa mise en place nous a permis d’observer que les clients n’étaient pas réfractaires à la voiture électrique, car il y a eu un véritable engouement. Mais le prix était un point bloquant. Ensuite, nous avons touché une clientèle plus citadine que d’habitude, ce qui a montré que la recharge n’était plus un obstacle. Enfin, nous avons constaté que la moyenne d’âge a baissé de dix ans, ce qui, dans les faits, s’est traduit par un retour d’une clientèle jeune dans les concessions.

 

J.A. : Beaucoup d’acteurs s’inquiètent de la valeur résiduelle de ces véhicules, et vous ?

F. C. : La valeur résiduelle a été l’un des éléments clés dans la mise en place de nos offres. Nous sommes donc très confiants sur le sujet, d’autant plus que, sur les 10 000 voitures immatriculées, nous estimons que la moitié sera conservée par leurs propriétaires.

 

J.A. : On parle d’un nouveau leasing social en 2025, cette fois-ci sur 100 000 véhicules. Renault est-il prêt à se lancer ?

F. C. : Renault continuera à soutenir pleinement les initiatives gouvernementales qui visent à démocratiser l’usage des véhicules électriques. Actuellement, nous travaillons avec toutes les parties prenantes pour optimiser un possible futur dispostif pour l'année prochaine et nous réfléchissons à plusieurs pistes, dont celle par exemple, d'y intégrer les véhicules d'occasion.

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