Fabrice Cambolive, Renault : "La consolidation des acteurs de l'électrique en Europe va s'accélérer"
A quelques jours du bilan du premier semestre 2024, Renault affûte ses armes. Dans les semaines qui viennent pas moins de six lancements vont se déployer sur les marchés européens.
Parmi eux, deux modèles 100 % électriques : le Scenic et la R5. Les autres nouveautés, le Captur restylé, le Symbioz et le Rafale bénéficient tous de la technologie full hybride. Une stratégie qui permet à Renault de surfer sur la popularité croissante de cette technologie en Europe.
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Ces lancements devraient permettre à la marque d'améliorer encore un volume en hausse de 2,9 % à fin mai 2024, avec avec 282 174 unités sur le marché européen, y compris le Royaume-Uni.
"Lorsque l'on observe les données de l'ACEA (Association des constructeurs européen d'automobiles), les chiffres sont éloquents. Le full hybride progresse de 20 % contre seulement 2 % pour le plug-in hybride. Or, ce choix du full hybride, Renault l'a fait depuis trois ans déjà, avec des plateformes dédiées", fait remarquer Fabrice Cambolive, directeur général de la marque au losange.
2024 : une année plateau pour l'électrique
À fin mai 2024, Renault dispose d'une part de marché en Europe de 4 % sur le segment de l'électrique. La Megane E-Tech pèse à elle seule plus de 2 %. Les arrivées du Scenic et de la R5 devraient booster cette présence alors que les ventes de véhicules électriques semblent marquer le pas. Même en progression de 2 % depuis janvier, leur part s'est réduit à 13,4 %.
"2024 semble être une année plateau pour l’électrique. Avoir une étape à 13 ou 14 % du mix sera une épreuve de vérité pour beaucoup d'acteurs. Certaines marques baissent ou augmentent les prix de manière erratique. On observe des valeurs résiduelles qui évoluent dans tous les sens et des consommateurs qui veulent bien être les pionniers de l’électrique mais avec des constructeurs qui sont des valeurs sûres" ajoute Fabrice Cambolive.
Pour ce dernier, le constat est simple. Le marché européen est devenu très hétérogène en matière de progression sur les ventes de véhicules électriques, avec notamment un marché allemand qui souffre depuis l'arrêt des aides gouvernementales. En revanche, la France continue de se démarquer. A fin mai 2024, les ventes de cette motorisation atteignent une part de marché de 17,5 %, en hausse de 22,9 % sur cinq mois. Renault y dispose de 14,4 % de pénétration, contre 15,8 % sur le marché global.
"Je suis particulièrement content de notre performance en France notamment grâce à une politique commerciale vertueuse mise en place depuis longtemps et qui s'accélère avec les nouveaux produits. La dynamique est également très bonne en Italie, en Espagne et en Grande-Bretagne. Ce n'est pas le cas en Allemagne. Mais nous sommes en phase de restructuration de notre réseau et nous subissons une forte guerre des prix Outre-Rhin dans laquelle nous ne voulons pas nous engager", assure Fabrice Cambolive.
Une croissance attendue grâce au segment B
Mais c'est bien avec l'arrivée d'une offre plus importante sur le segment B électrique que Renault veut gagner encore du terrain. L'arrivée de la R5, suivie de la R4 et enfin de la Twingo seront particulièrement stratégiques.
Pour la Twingo, bien que les négociations avec Volkswagen pour produire cette petite citadine en commun aient échoué, Renault avance seul. "Le business model a été construit pour tourner sans partenaire même si nous restons ouverts aux discussions", précise-t-il. "Nous irons même plus vite seul. Le coût d'un électrique aujourd'hui repose sur le temps gagné sur le développement."
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Avec l'annonce de Luca de Meo, le directeur général du groupe, lors du salon de Genève en mars 2024, de réduire le délai de développement à deux ans, Renault se positionnerait comme l'un des meilleurs élèves de la classe.
Par ailleurs, proposer deux niveaux d'autonomie avec deux technologies de batteries différentes, devient un enjeu majeur. La R5 E -Tech est proposée dès son lancement avec la plus forte autonomie (52 kWh et 410 km d'autonomie) et un prix à partir de 33 490 euros. Elle sera également disponible, dès 2025, avec une plus faible autonomie et un prix à partir de 25 000 euros. Une nouvelle chimie de batterie devrait être utilisée (LFP ?), mais sans confirmation encore de la part de Renault.
Une nouvelle étape dans la guerre des prix
Renault cherche à se rapprocher de l'équivalence de prix entre les véhicules thermiques et électriques sans détruire de valeur. "Il faut engranger au fur et à mesure les bénéfices liés à l'amélioration de nos coûts et trouver la juste part à rétrocéder au client final", affirme Fabrice Cambolive, sans tomber dans une guerre des prix induite par les variations de niveau de valeur résiduelle.
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Mais c'est sans doute du côté des droits de douane compensatoires européens vis-à-vis des acteurs qui produisent en Chine, que les plus grands mouvements sont attendus. Totalement convaincu de la justesse de la décision de la Commission européenne, Fabrice Cambolive y voit un moyen de promouvoir les acteurs européens. Avec Renault en tête, dont la production des modèles électriques est centrée dans les Hauts-de-France.
"Nous avons toujours prôné qu'il fallait une réciprocité entre grandes régions. Ces droits de douanes compensatoires vont sans doute accélérer la consolidation des acteur de l'électrique en Europe", assure le directeur général de Renault.
Entre la pénalisation financière des acteurs chinois, le développement sur le segment B et les réductions des coûts de développement, Renault compte bien profiter de la tension sur l'électrique en Europe.
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