Ex-fleuron de l'automobile, la Belgique impuissante face au déclin de son industrie
C’est un morceau de l’histoire automobile mondiale qui se referme peu à peu… Le projet de fermeture de l’usine Audi de Bruxelles pourrait être l’un des derniers clous du cercueil de la longue histoire de l’automobile belge.
Ce petit pays de moins de douze millions d’habitants cache effectivement une longue et insoupçonnée tradition industrielle automobile. Dès le début du XXe siècle, à l’aube de ce qui va devenir l’une des industries les plus puissantes du monde, le petit pays va se ruer dans cette technologie naissante. Il comptera pas moins de 158 marques automobiles : Imperia, FN, Minerva, Nagant, Germain, Excelsior… La dernière voiture belge, une Imperia, sera assemblée en 1958. Ce succès fera même de la Belgique et pendant longtemps, le pays qui assemble le plus de voitures au nombre d’habitants.
Jusqu'à treize constructeurs installés en Belgique
Mais la chute de l’automobile belge (successivement après la crise de 1929, et de la Deuxième Guerre mondiale) ne signifiera pas la chute de cette industrie en Belgique. Les grands groupes mondiaux y installent des usines importantes. Jusqu’à treize constructeurs y étaient implantés : Ford et Volvo à Gand, Renault à Vilvorde, Volkswagen à Bruxelles, Opel à Anvers, Peugeot, General Motors, BMW, Saab, Mercedes, Fiat… et même Chrysler. La Belgique va produire parmi les références automobiles du marché européen : la Clio, la Megane, l'Astra, la Golf, la Mondeo…
Mais les constructeurs ferment leurs sites les uns après les autres. Dans les années 1970, c’est une véritable hécatombe. En 1968, Fiat abandonne son site de Waterloo, BMW en 1972, Peugeot en 1976, Saab en 1978, Citroën en 1979…
Depuis la disparition de Minerva, la Belgique ne peut revendiquer aucune souveraineté sur ces marques et ne peut faire pression sur les constructeurs automobiles. En 1997, le gouvernement belge tente toutefois de peser sur Lionel Jospin, Premier ministre socialiste français, pour empêcher la fermeture du site Renault de Vilvorde. En vain.
La crise des subprimes va accélérer le départ des marques américaines
La Belgique pense alors l’hémorragie arrêtée et son industrie automobile enfin stabilisée. Pendant treize ans, le pays produit jusqu'à un million de voitures par an, un chiffre considéré comme honorable à l’échelle du pays. Mais c’était sans compter la crise des subprimes qui va conduire à l’effondrement de l’industrie automobile américaine. Celle-ci coupe à la serpe, et les usines Opel d’Anvers et Ford de Gand sont fermées respectivement en 2010 et en 2014.
Les marchés estiment que le coût de la main d’œuvre belge est trop cher, peu compétitive. En 2010, Volkswagen transfère d’ailleurs son usine bruxelloise à sa filiale Audi dont les modèles qui ont une plus forte valeur ajoutée peuvent absorber le coût de production. Mais les difficultés de la marque aux anneaux pourraient condamner ce site de 3 000 salariés.
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La Belgique ne disposerait alors plus que d’une seule usine de production automobile avec Volvo à Gand. Avec cette question lancinante : combien de temps avant que cette filiale du groupe chinois Geely décide de la fermer, sous les yeux du gouvernement belge, et plus encore, sous ceux de la Commission européenne qui siège à Bruxelles... Tout un symbole.
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