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Constructeurs

Entretien avec Frederic Saint-Geours, directeur général Automobiles Peugeot.

Publié le 30 septembre 2005

Par Tanguy Merrien
5 min de lecture
"Le Diesel plutôt que les hybrides". Après un premier semestre chahuté, Frédéric Saint-Geours s'attend à une progression des ventes de Peugeot en Europe avec l'arrivée des nouveautés. Par ailleurs, le dirigeant est partisan d'un Diesel propre plutôt qu'une technologie...

...hybride trop coûteuse.

Journal de l'Automobile. Sur ce Salon de Francfort, l'actualité pour Peugeot se résume avant tout à la présentation du coupé 407. Quelles sont vos attentes pour ce produit ?
Frédéric Saint-Geours. Effectivement, le coupé 407 est notre nouveauté sur ce Salon, un véhicule pour lequel les attentes seront grandes et qui sera commercialisé à partir de cet automne. Les coupés sont une tradition au sein de notre marque et ont toujours été jalonnés de succès. Le coupé 504 avait été immatriculé à 27 000 exemplaires et le coupé 406 à 110 000 unités. Pour le coupé 407, nous espérons faire aussi bien voire mieux d'autant plus que le design de la voiture est réussi et l'habitabilité, augmentée, en fait un véritable 4 places. Questions motorisations, le véhicule sera doté du nouveau V6 Diesel Hdi 2,7 l conçu en collaboration avec Ford. Tous les ingrédients sont ainsi réunis pour que ce nouveau véhicule soit une réussite.

JA. Que faut-il voir dans le prototype 20Cup ?
F.S-G. Ce prototype rassemble en lui la nouvelle image de Peugeot et le changement d'image de la marque. Une image un peu plus sportive et plus agressive. Nos stylistes, les brides lâchées, peuvent laisser libre court à leur imagination et apportent plus de créativité.

JA. Quelles sont les attentes pour la 107 et la 1007 lancées récemment ?
F.S-G. La commercialisation de la 107 est liée à la montée en cadence de l'usine. Cette année 30 000 unités devraient être produites. Un chiffre qui devrait correspondre aux ventes d'ici la fin de l'année. Pour 2006, une fois la production lancée sur de bons rails, les chiffres de vente de la 107 devraient atteindre les 100 000 unités en Europe. Quant à la 1007, le lancement s'échelonne et sur une année pleine, le véhicule sera commercialisé aux alentours de 130 000 unités.

JA. Pour l'année 2005, même si les résultats dans le monde sont en progression, votre souhait était notamment de reconquérir des parts de marché en Europe (703 479 unités fin juillet en recul de 4,6 % par rapport à la même période l'an passé). Quels seront les objectifs pour cette fin d'année ?
F.S-G. Il est vrai que les résultats de Peugeot dans le monde (hors Europe de l'Ouest) sont en légère progression de + 10,2 % mais la marque affiche parallèlement un recul sur les marchés d'Europe occidentale (- 4 %). Pour ces derniers, cette situation s'explique par un lancement tardif, à la fin du printemps, d'une grande partie de nos nouveautés. Par ailleurs, certaines stratégies ont été revues sur quelques marchés importants. En Grande-Bretagne par exemple, nous allons retravailler sur certains volumes de nos véhicules. En Allemagne, la marque a décidé de sortir de certains canaux peu rentables comme les loueurs. Toutefois, nos ventes auprès des particuliers sont à la hausse. Pour cette fin d'année, avec les commercialisations de la nouvelle 307, du coupé 407, de la 1007 et de la 107 nos réalisations devraient être logiquement à la hausse aux alentours de 10 % par rapport à 2004.

JA. Quelles sont vos réactions suite aux propositions du Premier ministre Dominique de Villepin sur les voitures propres ?
F.S-G. Nous avons toujours été favorables à lutter contre les émissions de CO2 et pour favoriser le développement des voitures propres, problèmes devenus intrinsèques à notre vie quotidienne. Toutefois, il me semble qu'il serait mieux de prendre en compte le critère des émissions de CO2 plutôt que celui de la technologie trop coûteuse. La gamme Peugeot est aujourd'hui bien équipée en moteurs Diesel à filtres à particules. Des moteurs qui se révèlent fort efficaces en terme d'émissions de CO2 puisque 60 % de nos véhicules émettent en dessous des 110 grammes de CO2. Les voitures hybrides essence sont, certes efficaces, mais coûteuses sur le plan technologique alors que le Diesel propre arrive au même résultat. Dans ce contexte, nous sommes plutôt favorables pour développer un moteur hybride Diesel encore plus performant en terme de gaz à effet de serre et en terme de consommation. Nous travaillons sur ce sujet et nous pensons présenter un démonstrateur en début d'année 2006.

JA. Quel peut être l'impact de la hausse du prix du pétrole sur la vente de voitures ?
F.S-G. Au regard de la situation, les clients potentiels vont s'interroger sur les intentions et porteront leur attention sur les véhicules susceptibles de consommer moins. A ce niveau, les véhicules Peugeot sont bien placés. Notre offre va d'ailleurs s'enrichir avec les nouveaux petits moteurs essence conçus en collaboration avec BMW, à faible consommation.

JA. Pour la première en fois en Europe, on peut voir trois constructeurs chinois présents sur ce Salon. Est-ce selon vous le début d'une nouvelle concurrence en Europe ?
F.S-G. Quand on regarde les coûts de production, la logistique et l'éloignement des marchés entre la Chine et l'Europe, il me paraît peu probable que la menace de cette nouvelle concurrence soit imminente. Il y aura peut-être des épiphénomènes ici ou là mais ce n'est pas aujourd'hui que nous assisterons à une arrivée massive des véhicules chinois en Europe vu le contexte de l'économie globale.

JA. Dans quelques semaines, nous allons assister à la disparition de la clause de localisation. Les réseaux sont-ils menacés ?
F.S-G. Depuis le début, nous avons toujours été contre la suppression de cette clause car nous estimions qu'elle allait contre le règlement lui-même. Pour éviter tout bouleversement, nous avons travaillé avec nos différents réseaux européens et nous avons pris des mesures. La première d'entre elles a été notamment de faire signer un contrat de distributeur à durée déterminée s'étalant tout au long de la durée du règlement européen. Ensuite, les prix et les marges ont été harmonisés pour unifier tous nos concessionnaires. A l'heure actuelle, nos réseaux européens ont des structures viables et pérennes. Maintenant, chaque distributeur est responsable et peut choisir la stratégie qu'il désire. Mais globalement, je ne vois pas de grands changements apparaître.

Propos recueillis par Tanguy Merrien

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