Elon Musk compte se reconcentrer sur Tesla

Depuis ses prises de position en faveur du président américain Donald Trump, Elon Musk voit sa marque Tesla fortement chahutée en bourse tandis que les ventes s'effondrent. En conséquence, le multimilliardaire a annoncé lors d’une audioconférence avec des analystes qu’il s’éloignera du gouvernement Trump pour se consacrer à Tesla.

"Probablement à partir du mois prochain, en mai, le temps que je vais allouer à Doge — la commission pour l'efficacité gouvernementale – va baisser de manière très importante", a ainsi affirmé Elon Musk.

Pour mémoire, Doge est une commission créée par Donald Trump dont l’objectif est de réduire les dépenses fédérales, pilotée par le milliardaire. Selon Elon Musk, le "travail crucial" de la commission est "en grande partie accompli", évoquant les "répercussions" sur Tesla du fait de son implication.

Depuis la prise de fonction du président américain et certains écarts de conduite de son patron, Tesla est pris à partie aux États-Unis et dans d'autres pays, en particulier en Europe, faisant face à du vandalisme, des appels au boycott et des manifestations. 

La vague de boycott a impacté Tesla

Selon le directeur financier de Tesla, Vaibhav Taneja, "l'impact négatif du vandalisme et de l'hostilité injustifiée envers notre marque et nos employés a eu un impact sur certains marchés". Les ventes mondiales ont en effet chuté plus abruptement qu'anticipé au premier trimestre, avec seulement 336 681 véhicules livrés, en baisse de 13 % sur un an, selon des chiffres publiés début avril.

Le groupe a annoncé le 22 avril 2025 des résultats pour le premier trimestre bien inférieurs aux attentes, affectés par cette étroite collaboration d'Elon Musk avec Donald Trump, mais aussi du fait d'une gamme vieillissante et d'une concurrence accrue. Dans les échanges électroniques, après la fermeture de la Bourse de New York et l'audioconférence, l'action Tesla — traditionnellement très volatile — bondissait de près de 5 %.

Un bénéfice en berne 

Outre les ventes, le bénéfice du constructeur américain s’affiche à la baisse. Son chiffre d'affaires a donc atteint 19,33 milliards de dollars au premier trimestre, en recul de 9 % sur un an, et le bénéfice net à 409 millions, s'effondrant de 71 %.

Le consensus des analystes de FactSet tablaient respectivement sur 21,13 milliards et 1,44 milliard de dollars. Rapporté par action et hors éléments exceptionnels — valeur de référence pour les marchés — le bénéfice net ressort à 27 cents tandis que le consensus attendait 41 cents.

Garrett Nelson, analyste de CFRA Research, a souligné que le chiffre d'affaires pour le seul segment automobile avait chuté de 20 % (Tesla vend également des batteries non automobiles et des panneaux solaires NDLR). Cette baisse est pour explication la baisse des ventes de 13 % ainsi qu'à un prix moyen de vente inférieur.

Une gamme qui doit se renouveler

Car le groupe souffre aussi d'une gamme grand public non renouvelée depuis l'arrivée du Model Y en 2020. Tesla a confirmé que ses projets de nouveaux modèles, y compris le véhicule d’entrée de gamme promis depuis 2023, restaient "sur la trajectoire d'un début de production au premier semestre 2025". La production à grande échelle du robot-taxi, voiture électrique entièrement autonome dévoilé en octobre 2024, devrait commencer, comme prévu, début 2026. De premiers exemplaires doivent circuler à Austin, au Texas dès juin.

Cela devrait avoir un impact financier positif à partir du "second semestre de l'année prochaine" et ce sera ensuite "exponentiel", a anticipé Elon Musk. Mais "l'incertitude sur les marchés de l'automobile et de l'énergie continue d'augmenter, tandis que l'évolution rapide de la politique commerciale affecte négativement la chaîne mondiale d'approvisionnement et la structure de coûts de Tesla et de nos pairs", a indiqué le groupe, dans un communiqué.

"Cette dynamique, ainsi que le changement des sensibilités politiques, pourrait avoir un impact marqué sur la demande pour nos produits à court terme", a-t-il prévenu.

Tesla est également confronté à une concurrence grandissante aux États-Unis et en Chine — ses deux marchés les plus importants même si Tesla ne détaille pas ses ventes géographiquement — qui lui grignote chaque jour davantage de parts de marché. Cette accumulation a fait plonger le titre de plus de 40 % depuis le début de l'année.

Mais, affirme Elon Musk, malgré de "nombreux obstacles à court terme, l'avenir de Tesla est plus brillant que jamais". Certains de ses clients seront-ils près à lui pardonner ses récentes frasques ? (Avec AFP)