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Élections européennes et automobile : quelles sont les positions des partis politiques ?

Publié le 7 juin 2024

Par Jean-Baptiste Kapela
7 min de lecture
Le 9 juin 2024, les Européens éliront le futur visage du Parlement de l’UE. Dans cette campagne, l’automobile prend une place centrale, et chaque parti se positionne sur l’échiquier, dans le pur respect de sa ligne idéologique.
Election européenne
Pour la totalité des listes en lice, l’Europe doit être le terrain de jeu des industriels. ©AdobeStock-misu

Dernière ligne droite avant le premier tour des élections européennes qui se déroulera le 9 juin 2024. Parmi les sujets éparpillés sur le billot de la campagne, l’automobile est sûrement le sujet incontournable vers lequel convergent toutes les grandes thématiques de notre époque.

 

Naturellement, les différentes têtes de liste se sont toutes emparé du sujet. En France, les bons vieux clivages idéologiques entre les différents partis politiques en lice refont surface, quitte à en devenir presque caricaturaux.

 

Trois lignes principales se démarquent : les fervents défenseurs du thermique, les pro-électriques et les supporters de l’usage minimum de la voiture.

 

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En toile de fond de la campagne : l'arrêt des ventes de véhicules thermiques en 2035. Un héritage du précédent mandat sur lequel les différents camps politiques s’écharpent. Cette législation adoptée dans le cadre du paquet climat Fit for 55 est la plus clivante. En grossissant le trait, la droite souhaite revenir sur cet objectif, tandis qu’au centre et à gauche, il n’est pas question de changer de trajectoire.

 

Abrogation de l’arrêt des ventes de véhicules thermiques neufs

 

À l'extrême droite, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national crédité à 33 % des voix (Parti européen d’affiliation : identité et démocratie), et Marion Maréchal, tête de liste Reconquête créditée à 5 %, sont clairs : il faut abroger cette interdiction des ventes de véhicules thermiques.

 

Selon eux, l’alternative de la voiture électrique est prohibitive en termes de prix pour les classes populaires. Rappelons toutefois que le texte européen oblige la vente de véhicules "zéro émission" neufs sans exclure totalement le thermique. De plus, les ventes de voitures thermiques d’occasion ne sont pas exclues par la proposition.

 

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Du côté des Républicains, la tête de liste François-Xavier Bellamy (7 % des voix dans les derniers sondages) aspire elle aussi à annuler la législation d’un arrêt des ventes de véhicules thermiques neufs. Une position alignée initialement avec le Parti Populaire Européen (PPE), son groupe politique au Parlement européen.

 

Lors du congrès du PPE de mars 2024, le parti a débattu sur les deux lignes qui s'affrontaient. Celle de Manfred Weber consistant à revenir sur le texte, et celle d’Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne et candidate à sa propre succession, en faveur du maintien de la législation. Cette dernière orientation a finalement remporté l'adhésion.

 

Campant sur sa position, la droite française compte beaucoup sur la clause de révision prévue pour 2026 dans la législation. Mais revenir sur l’échéance semble compliqué dans la mesure où le Parlement seul ne peut pas annuler une loi.

 

Pour cela, la Commission européenne doit émettre une proposition législative. Ce qui n’est pas garanti. À noter que Léon Deffontaine, tête de liste du Parti communiste Français (2 % des intentions de vote), ne s’oppose pas à l’interdiction des ventes de véhicules thermiques, mais souhaite, quant à lui, repousser l'échéance au-delà de 2035.

 

Une production européenne de la voiture électrique

 

Revenir sur la législation européenne, ce n’est pas l'opinion de la liste Renaissance, Horizon et MoDem portée par Valérie Hayer (16 % des voix dans les sondages). Au contraire, le parti de la majorité présidentielle voit dans l'électrique une opportunité de faire revenir les industriels en Europe.

 

Dans la lignée de la proposition d’Emmanuel Macron de produire en France deux millions de véhicules électriques, Valérie Hayer souhaite voir dix millions de véhicules "propres" (sans plus de précision) produits en Europe dans le cadre d’un Plan Europe 2030, en complément du Green Deal. Valérie Hayer n’a cependant pas donné de précisions sur les arguments qui pourraient pousser les constructeurs à produire en Europe.

 

Pour la totalité des listes en lice, l’Europe doit être le terrain de jeu des industriels. À l’instar de Raphaël Glucksman, tête de liste Parti socialiste et Place publique (14,5 %), qui souhaite appliquer un tampon "fabriqué en Europe". L’objectif étant de faire émerger des acteurs majeurs de l’industrie à l’échelle mondiale et permettre d’équilibrer les règles de concurrence.

 

Freiner l'expansion des véhicules électriques chinois

 

L’entrée fracassante des acteurs chinois sur le marché de la voiture électrique en Europe s’est aussi faite remarquer. La liste Reconquête, menée par Marion Maréchal, est la plus explicite sur le sujet (5 % des voix dans les sondages). Si la Commission européenne a lancé une enquête antidumping sur les importations de véhicules électriques chinois, la tête de liste d’extrême droite a déjà tranché pour un rehaussement du tarif douanier de 10 % actuellement à 50 %. Une mesure qui ne fait pas l’unanimité chez les constructeurs et les différents États européens.

 

A lire aussi : Le règlement d'exemption déjà évalué par la Commission européenne

 

Sans parler des tarifs douaniers, la liste de la France insoumise pilotée par Manon Aubry (8 %) a aussi des velléités de protectionnisme. L’idée étant de protéger l’industrie made in Europe face aux acteurs américains et chinois. Pour cela, la liste LFI compte jouer toutes les cartes à disposition, des normes aux quotas, en passant par des interdictions dans tous les secteurs hautement concurrentiels du moment, dont l’automobile.

 

L'électrique, oui, mais pas n’importe comment

 

Tout à gauche de l’échiquier politique, l'électrique est une réelle opportunité de décarboner la mobilité. Mais l’engouement actuel pour les SUV, y compris électriques, a tendance à saper les efforts dans la décarbonation de l’automobile.

 

LFI, PS-Place publique et la liste de Marie Toussaint (Europe écologie-les Verts crédités à 6 %) souhaitent limiter la taille et le poids des SUV, en jouant éventuellement sur les normes CO2, sans précision sur la manière d’amener le sujet au Parlement européen. Raphaël Glucksman a notamment émis l’idée de mettre de côté les SUV des aides publiques. Actuellement, les véhicules légers ne sont pas touchés par des restrictions sur le poids et la taille a contrario des poids lourds.

 

Les écologistes portés par Marie Toussaint souhaitent que 100 % des flottes roulent en électrique. Et pour favoriser l’adoption des VE, Raphaël Glucksman aspire à un fond social climat renforcé.

 

Mais pour décarboner la mobilité, le véhicule électrique n’est pas une finalité pour la majeure partie des listes. Ainsi, certains candidats s'appuient sur le ferroviaire en souhaitant spécifiquement baisser le prix des billets de train (LFI), en permettant l’accès à un Pass Interrail pour les jeunes de 18 à 25 ans (LFI et Renaissance), développer les infrastructures (Les Républicains- Renaissance).

 

 Mettre fin aux ZFE ?

 

Nombreuses sont les grandes métropoles européennes à avoir choisi d’instaurer des zones à circulation restreinte pour contrer les émissions de particules fines et de carbone. En France, les zones à faibles émissions (ZFE) font débat pour le risque d’une exclusion sociale.

 

Certaines listes tentent de transposer le débat à l’échelle européenne. Ainsi, la tête de liste RN, Jordan Bardella, a déjà fait savoir sa volonté d’abroger les ZFE, comme les listes de Manon Aubry ou encore de Léon Deffontaine. Cependant, cette idée ne relève pas des compétences du Parlement européen, mais des politiques locales.

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