Des bus à hydrogène français passent sous pavillon chinois

Malgré un potentiel bien réel, la filière hydrogène peine à décoller en France. Preuve encore avec Safra, un fabricant français de bus à hydrogène, qui était en redressement judiciaire. Contrairement à Hyvia qui a stoppé ses activités, Safra va poursuivre l'aventure, mais pas forcément avec le repreneur souhaité par le personnel et les décideurs locaux. En effet, le tribunal de commerce d'Albi (81) a choisi le groupe chinois Wanrun au détriment du français TTH.
L'offre de reprise du groupe chinois tenait la corde ces dernières semaines, avant une proposition de dernière minute, revue à la hausse, présentée par TTH. Wanrun s'est engagé à conserver 120 des 169 salariés de cette entreprise basée à Albi (81) et spécialisée dans la fabrication de bus et autocars à hydrogène et dans la rénovation de bus, rames de métro ou tramway.
Parvenu fin avril, à la veille d'une audience du tribunal de commerce d'Albi, le projet de reprise de la société chinoise, plus connue dans le milieu des batteries et des panneaux solaires, comprend un chèque de sept millions d'euros et des promesses d'investissement pour relancer la Société albigeoise de fabrication et réparation automobile (Safra), créée en 1955 et placée en redressement judiciaire le 4 février.
Seule entreprise française à fabriquer des autocars et bus à hydrogène, baptisés HYCITY, Safra est un acteur important de la filière hydrogène.
Avec sa dernière offre, le groupe Thierry Torti Holding (TTH, 385 salariés) pensait tenir les arguments pour convaincre le tribunal. TTH avait proposé de reprendre 90 employés sur le site d'Albi et d'en reclasser 40 dans son usine de Clermont-Ferrand.
Son directeur général Thierry Cezar faisait miroiter un carnet de commandes de 450 millions d'euros, une garantie selon lui pour l'avenir de Safra, et tablait sur une hausse progressive des effectifs pour atteindre 200 salariés à Albi en 2029. Une troisième offre émanant d'une société belge, CBM, a également été écartée.
La semaine dernière, le président du Conseil économique, social et environnemental régional (CESER) d'Occitanie, Jean-Louis Chauzy, avait mis en garde contre le risque de reprise par des intérêts chinois et avait plaidé pour "des solutions industrielles françaises avec un solide ancrage territorial".
Il avait rappelé le cas de la fonderie SAM en Aveyron, reprise par le groupe chinois Jinjiang avec des promesses d'investissements "jamais réalisés". La société métallurgique travaillant pour l'industrie automobile a finalement fermé.
Le député centriste du Tarn Philippe Bonnecarrère s'était également positionné pour "une offre industrielle française, sérieuse, peut-être plus modeste au départ, mais plus solide sur le long terme". (avec AFP)
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