Dernière chance de survie pour Mitsubishi

...sévère.

Mitsubishi est retombé dans le rouge au cours de l'année 2003 (exercice clos le 31 mars 2004) avec une perte d'exploitation de 96,9 milliards de yens (745 millions d'euros). Le constructeur ne confirme donc pas son retour aux bénéfices entamé durant l'année 2002. Sa perte nette est largement supérieure aux prévisions antérieures, à 215,4 milliards de yens (1,7 milliard d'euros). Mitsubishi a, pour la première fois, dégagé un résultat positif en Europe mais, aux Etats-Unis, la chute de ses ventes (- 20 %, à 273 000 unités), l'augmentation de ses opérations promotionnelles et les provisions pour pertes constituées par sa captive financière ont fortement grevé ses résultats.
La progression de ses ventes au Japon (+ 1 %, à 359 000 unités), en Europe (+ 7 %, à 214 000 unités) et en Chine (+ 66 %, à 151 000 unités) n'a pas été suffisante pour compenser son recul sur les autres marchés. Au total, les ventes mondiales de Mitsubishi chutent de 3 %, à 1,53 million d'unités.

Une crise qui menace l'avenir de la société

L'année 2004 marque le début d'un plan de sauvetage pour la marque. Elle prévoit toutefois que la restructuration qui va être engagée n'aura pas encore d'incidences positives sur ses résultats, au contraire. En termes de volume de ventes, la Colt devrait assurer 46 000 unités supplémentaires en Europe par rapport à 2003, mais la baisse sur les autres marchés devrait faire chuter les ventes globales de la marque de 74 000 unités à 1,453 million d'unités.
Ce résultat est en partie lié à une importante perte de confiance du public dans la marque. Celle-ci a en effet reconnu avoir dissimulé pendant huit ans un défaut sur ses camions Mitsubishi Fuso. Le patron de Mitsubishi Motor Corporation, Yoichiro Okazaki, n'a pas hésité à évoquer une "dernière chance de survie en tant que constructeur automobile" lorsqu'il a présenté son plan de revitalisation. Grâce à une augmentation de capital de 450 milliards de yens, MMC va réduire sa dette et financer la restructuration de l'entreprise. Objectif : un retour aux bénéfices d'ici 2006, qui passera par une réduction de sa capacité de production de 17 %, avec notamment la fermeture de l'usine d'Okazaki, au Japon, et une baisse de ses effectifs indirects et du siège japonais de 30 %.
Les réactions de la Bourse de Tokyo ne se sont pas fait attendre après l'annonce des résultats et du plan de survie : le cours de l'action Mitsubishi a perdu 6,25 % dans la journée. Par ailleurs, l'agence de notation financière Standard and Poor's (SP) a abaissé de CCC à CC la note de long terme du constructeur.

Xavier Champagne