"Dans sa volonté de construire l’avenir, il n’oublie jamais les autres"
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Quand avez-vous commencé à travailler avec Christian Klingler ?
Alain Favey. Nous nous sommes rencontrés lorsque je dirigeais le commerce Citroën en France, car mon plus gros concessionnaire était PGA. Il représentait alors 13 000 voitures par an. Ensuite, un an après environ, il entrait chez Volkswagen. Puis nous nous sommes retrouvés un peu plus tard.
JA. Quels souvenirs gardez-vous de votre collaboration à Wolfsburg ?
AF. Je garde en mémoire sa formidable capacité à repenser l’organisation. Ce qu’il a fait chez Volkswagen dans ce domaine est hallucinant. Il a décidé de tout modifier, et de créer autour de lui une nouvelle équipe, dont je faisais partie, venant d’horizons divers, de tous les âges et de toutes les expériences. Il a ainsi généré une dynamique vraiment unique. Franchement, ce changement d’organisation chez Volkswagen, qui a pu apparaître comme une révolution, s’est relevé d’une grande cohérence.
JA. Beaucoup soulignent la clairvoyance et le pragmatisme de Christian Klingler. Cette nouvelle organisation en est-elle le témoignage ?
AF. Absolument. Pour lui, le commerce d’un constructeur automobile nécessite une compréhension internationale. Et quoi de mieux qu’une équipe réellement internationale pour cela ? Cette approche n’était pas forcément dans les gènes du groupe Volkswagen, comme des autres constructeurs d’ailleurs. C’était très osé mais, à la vue des résultats, on se rend bien compte de la pertinence de sa démarche. Il avait perçu cela, ce qui n’était pas évident pour tout le monde.
JA. Dans quelles mesures les changements initiés ont-ils fait évoluer la culture du groupe ?
AF. Concernant le commerce, il a effectivement largement fait évoluer la culture du groupe. D’ailleurs, après son travail chez Volkswagen, il a très vite été nommé au directoire du groupe. Grâce à son expérience du terrain, de la distribution, Christian Klingler ne réfléchit pas simplement en termes de marketing ou de prix. Il raisonne d’une manière globale, en incluant les clients et les concessionnaires, qui doivent évidemment trouver leur compte en travaillant avec les marques du groupe. Honnêtement, cette dimension n’existe pas chez les autres constructeurs.
JA. Vous êtes aujourd’hui à la tête de Porsche Holding Salzburg, la maison mère de PGA. Y a-t-il eu un passage de relais entre vous et continue-t-il à vous conseiller ?
AF. Naturellement il m’a conseillé et me conseille encore puisqu’il est également le président du conseil de surveillance de Porsche Holding Salzburg.
JA. Est-il un manager qui apprécie les contradictions venant de ses équipes ?
AF. L’équipe internationale qu’il a constituée autour de lui a justement vocation à enrichir les échanges. C’est quelqu’un d’ouvert, qui écoute beaucoup et qui est capable de changer d’avis sur certains sujets quand il le faut. Evidemment, il a certaines idées bien arrêtées, mais il écoute systématiquement avant de se faire une opinion définitive. Il s’agit de l’une de ses forces, il est capable d’écouter sans avoir d’a priori.
JA. Comment pensez-vous qu’il perçoive cette distinction d’Homme de l’Année ?
AF. Ce n’est pas quelqu’un qui aime beaucoup les honneurs ou la publicité, mais je pense qu’il apprécie d’être reconnu pour ses résultats et son travail. Et ce prix en est justement la reconnaissance. Son parcours, assez unique, est jalonné des qualificatifs “professionnel” ou “respectueux”. Respectueux des personnes avec qui il travaille et elles le lui rendent bien. Dans sa volonté de construire l’avenir, il n’oublie jamais les autres.
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