Comment Ford transforme son outil industriel pour s'installer durablement dans l'électrique
Pendant des décennies, elle a produit des Fiesta. 9 481 637 exemplaires pour être précis. Et ce, depuis 1979. Mais ça, c'était le monde d'avant. Aujourd'hui, l'usine Ford de Cologne, en Allemagne, devient "l'usine du futur", comme le proclament les grandes affiches réparties dans l'immense site industriel, l'un des plus anciens d'Europe du constructeur américain, fondé en 1930.
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Appelée désormais Ford Electric Vehicle Center, elle produit depuis quelques semaines le Ford Explorer, le nouveau modèle 100 % électrique conçu et produit en Europe, pour lequel le constructeur a d'énormes ambitions. "L'usine a une capacité de production de 250 000 unités annuelles", présente Kieran Cahill, vice-président Manufacturing Ford Europe et International Markets Group.
Le site assemblera également un deuxième modèle. Il s'agira d'une version coupée et un peu plus longue que l'Explorer. Appelé Capri par la presse, il sera dévoilé officiellement le 10 juillet 2024 et viendra se positionner comme concurrent du Volkswagen ID.5 ou du Skoda Enyaq Coupé iV, avec lequel il partage la même plateforme.
"Ce n'est pas le lancement de la production d'un nouveau modèle, mais bien une transformation générale, indique Kieran Cahill. Nous avons investi deux milliards d'euros pour transformer cette usine qui produisait des véhicules thermiques en un outil industriel performant qui assemble désormais des voitures électriques, symbole de notre évolution sur le marché européen."
600 nouveaux robots
Les investissements ont notamment porté sur la création d'une nouvelle ligne d'assemblage et sur l'installation de 600 nouveaux robots auto-entreprenants, en charge des opérations de soudure, de découpe et de peinture. Ainsi, pour une meilleure qualité sur la partie assemblage, Ford a mis en place un système de mesure de précision basé sur l'intelligence artificielle. Il est doté d'un capteur à fibres à cristaux photoniques qui vérifie tous les points de boulonnage critiques.
Ford a également construit un nouveau bâtiment de 100 m de long sur 25 m de haut dans lequel a été mise en place une installation dédiée exclusivement à la protection contre la corrosion. Cette infrastructure soumet la carrosserie à une série de bains en la faisant basculer à 360° pour assurer une application uniforme du revêtement.
Développement durable
Un nouveau centre de contrôle surveille l'ensemble du processus d'assemblage en temps réel – jusqu'à la quantité de chaque pièce et d’écrou pour chaque poste de travail. Le "jumeau numérique" de l'usine est affiché sur un écran tactile géant fournissant des informations sur l'outillage, la livraison des matériaux, la sécurité du travail, etc.
Le site de Cologne se veut également plus durable et se présente comme l'usine la plus efficace du constructeur américain à l’échelle mondiale. Ce dernier travaille sur une chaîne de production neutre en carbone. "La production étant désormais en cours, les données relatives aux émissions de gaz à effet de serre seront surveillées, contrôlées et enregistrées en vue d'une certification indépendante conforme aux normes internationales les plus récentes, présente le constructeur.
"Pour atteindre cette neutralité carbone, Ford améliorera continuellement l'efficacité carbone et réduira les émissions de gaz à effet de serre jusqu’à atteindre un niveau résiduel", a poursuivi le constructeur. Toute l'électricité et le gaz naturel nécessaires au fonctionnement de l'usine proviennent également à 100 % d'électricité renouvelable certifiée et de biométhane.
Six mois de retard, mais pour la bonne cause
Cette usine a été officiellement inaugurée l'année dernière, mais la production de l'Explorer a pris plus de six mois de retard. "Nous voulions proposer la dernière technologie de batteries", explique Jochen Bruckmann, un ingénieur lors de la visite sur les chaînes d'assemblage.
Ford, tout comme Volkswagen d'ailleurs qui a fourni la plateforme MEB au constructeur américain pour son Explorer et son futur modèle, a donc retenu la technologie LiFePo4 (lithium-fer-phosphate), présentée par l'ingénieur comme étant "plus sûre, offrant un cycle de charge-décharge plus important, et permettant plus d'autonomie".
Dernière usine en Allemagne pour Ford
"Nous avons utilisé ce délai supplémentaire pour perfectionner la formation de nos équipes", rappelle Kieran Cahill. "Chaque collaborateur peut occuper trois postes différents", poursuit Jochen Bruckmann. Au total, 3 000 personnes ont été formées dans le cadre de la transformation du site de Cologne.
Le Ford Electric Vehicle Center qui est le seul site industriel Ford d'Europe à produire uniquement des modèles électriques, assemblera également dans un futur proche, des batteries fournies par le chinois CATL.
Cela sera aussi la dernière usine en Allemagne pour le constructeur. Son deuxième site, celui de Saarlouis, qui produit encore la Ford Focus, fermera définitivement ses portes en novembre 2025. Cette fermeture touchera 2 700 emplois, mais Ford s'est engagé en parallèle à maintenir ou créer 1 000 emplois sur ce site.
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