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Constructeurs

Citroën Elo : et si le monospace compact redevenait la voiture populaire de demain ?

Publié le 9 décembre 2025

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
Avec le concept Elo, Citroën remet au goût du jour un format que l’on croyait enterré par les SUV : le monospace compact. Entre “troisième lieu de vie”, laboratoire d’idées et symbole d’un repositionnement très assumé sur l’accessibilité, la marque aux chevrons teste une réponse française à la voiture populaire.
concept car Elo Citroën
Avec le concept Elo, Citroën, dirigée par Xavier Chardon, teste une réponse française à la voiture populaire.

Depuis près de 20 ans, le monospace a été rangé au rayon des souvenirs, étiqueté “MPV de papa” à l’heure où les SUV raflent tout. Avec le concept Elo, Citroën estime que le moment est venu de réinterpréter cette silhouette honnie. Mais en version compacte (4,10 m environ), ultra-modulaire et pensée comme un “troisième lieu de vie”.

 

D'autant que les ventes de SUV semblent atteindre un plafond avec près de la moitié des ventes de voitures neuves en Europe. "Les clients vont continuer à demander des SUV mais ils veulent également des offres plus différenciées", explique Caroline Malleus, directrice produit et stratégie de Citroën. Pour cette dernière, la tendance est claire : "les gens ont besoin d’optimiser leur temps”.

 

Travailler dans la voiture en attendant les enfants, tenir une visio depuis une tablette ou tout simplement se reposer. À l’inverse, ils veulent aussi pouvoir s’échapper à tout moment : sortir une tente Decathlon intégrée, déplier les sièges et les rangements comme on le faisait avec la 2CV ou les combis d’époque. Elo se veut à la fois outil de vie quotidienne et "machine à micro-aventures".

 

Première exploitation à plein d’une plateforme électrique chez Citroën

 

Derrière les exemples des sièges extractibles ou de la tente, Citroën revendique une approche plus profonde : faire de l’auto un “cocon” qui allège la charge mentale. Cela passe par une ergonomie simplifiée, avec peu de menus et des fonctions clés accessibles en un bouton. “Dès que c’est trop compliqué, ce n’est pas Citroën”, résume Caroline Malleus. Une manière aussi de se distinguer des concurrentes chinoises, mais pas que, souvent surarmées en connectivité.

 

Elo est surtout la première exploitation à plein d’une plateforme électrique chez Citroën : pas de moteur à l’avant, bloc à l’arrière, passagers avancés. De quoi maximiser l’habitabilité dans un gabarit contenu, au service de familles recomposées et de “tribus” que la marque vise. Si le concept est 100 % électrique, des déclinaisons hybrides ou thermiques ne sont pas exclues à terme, au prix d’une révision de l’architecture.

 

Pour Xavier Chardon, directeur de Citroën, Elo n’est pas un caprice de designer mais l’illustration d’une clarification de l’ADN. “On ne peut pas travestir Citroën”, insiste-t-il. Confort, proximité, accessibilité, bien-être : autant de thèmes que le constructeur remet en avant via sa grille des “3C” pour Creative, Clever, Caring – posée sur deux piliers non négociables, accessibilité et qualité.

 

Un laboratoire d’idées prêt à passer en série

 

Dans la galaxie Stellantis, Citroën ne revendique ni le premium ni l’“upper mainstream”. Sa vocation est d’offrir le plus pour le meilleur prix. Revenir sur un terrain inventé par les marques françaises, celui du monospace, au moment où les SUV représentent encore près d’une immatriculation sur deux en Europe, c’est autant un pari produit qu’un signal stratégique. Citroën veut proposer une alternative compacte alors que le marché commence à saturer des silhouettes surélevées, lourdes et toujours plus chères.

 

Elo est aussi un laboratoire d’idées transférables à court terme : rangements malins, accessoires loisirs codéveloppés avec Décathlon, matériaux allégés et recyclables hérités du concept Oli, pneus connectés Goodyear… “Rien ne paraît infaisable en série”, assure Caroline Malleus, en rappelant que nombre de solutions existent déjà ou ont déjà été vues ailleurs.

 

Réinventer la voiture populaire de Citroën

 

La bascule du concept-car vers la production de série n’est pas encore tranchée. Citroën se donne quelques mois pour évaluer la réaction du public avant tout engagement industriel, le temps de retomber sur une équation technique et économique viable.

 

D’autant plus que les nouvelles exigences de contenu local et le coût des batteries pèseront lourd. Mais dans l’esprit même de Xavier Chardon, le destin d’Elo semble déjà solide. “On ne peut pas répondre à 100 % du marché. Notre rôle est de trouver notre espace, de nous différencier”, ajoute-t-il.

 

Elo s’inscrit dans une réflexion plus large : réinventer la voiture populaire dans un contexte où la barre des 15 000 euros pour une voiture neuve essentielle. Le patron de Citroën plaide pour un projet qu'il appelle “Eurocar” pour paraphraser la proposition d'Ursula von der Leyen d'une e-car européenne.

 

"Je suis convaincu qu’il existe toujours un besoin pour des petites voitures simples, compactes, bien plus vertueuses que les occasions anciennes que les ménages sont contraints de conserver", reconnaît-il.

 

Reste à matérialiser cette promesse. La marque, qui vient de commercialiser le C5 Aircross continue de "réparer" les problèmes de qualité qui a pénalisé le lancement, jugé trop précipité, de la nouvelle C3. Une nouvelle campagne de rappel est aujourd'hui lancé pour mettre à jour le software. Le plan “Reconnect” initié pour toutes les marques du groupe Stellantis reste centré sur la qualité de service, l’assistance technique et la rentabilité d’un réseau malmené.

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