Accord Toyota/Ford : “Be CAFE-ful” !
“Les nouvelles normes de consommation déterminées par l’EPA (Agence pour la Protection de l’Environnement) représentent un gros challenge pour les constructeurs”, reconnaît Takeshi Uchiyamada, vice-président exécutif R&D du groupe Toyota, avant de préciser : “Or, les 4x4, pick-up et gros SUV cristallisent toujours une forte demande de la société américaine. Nous poursuivons donc un double objectif : préparer notre adaptation aux nouveaux seuils écologiques et rendre ce type de modèles à la fois plus vertueux et plus accessibles pour les clients”. Le protocole d’accord signé fin août porte donc sur le développement d’un système hybride. Il ne s’agit pas de travailler en commun sur le développement de modèles, et le système équipera des véhicules des deux marques. “Cet accord donne l’opportunité à deux leaders de l’hybridation d’apporter une solution plus performante plus rapidement sur le marché, à un meilleur coût. Mais nous restons naturellement des concurrents”, indique Derrick Kuzak, vice-président R&D au sein du groupe Ford.
Les ingrédients d’un vrai accord gagnant-gagnant
De prime abord, cet accord peut sembler surprenant, dans la mesure où Ford comme Toyota ont tous les deux une excellente maîtrise dans le domaine visé. Toutefois, comme l’explique un analyste d’IHS Global Insight, le système hybride de Ford n’est pas vraiment adapté aux gros véhicules à propulsion arrière. Quant à Toyota, si sa solution est commercialisée sur les Lexus GS et LS, le groupe n’a pas les volumes suffisants sur le segment 4x4, pick-up et gros SUV pour la rendre économiquement performante aux yeux des clients. Dès lors, l’accord prend tout son sens et en schématisant un brin, on peut dire que Toyota apporte son savoir-faire technologique sur le système hybride pour propulsion arrière, tandis que Ford ouvre des perspectives de volume à son partenaire sur ce segment.
D’une pierre deux coups : répondre aux normes CAFE et à GM
En outre, les deux groupes anticipent ainsi l’entrée en vigueur de normes CAFE beaucoup plus strictes, avec des pénalités financières associées, sur un calendrier échelonné entre 2017 et 2025. L’accord prévoit donc de porter ses fruits dès la fin de la décennie. Par ailleurs, Toyota et Ford répondent d’ores et déjà à la concurrence, sachant que GM a annoncé la nouvelle génération de son hybride bi-mode pour 2015. La première génération était restée confidentielle pour des raisons de coût très élevé, mais nul doute que cette dimension aura fait l’objet d’un soin prioritaire chez GM. Selon IHS Global Insight, l’accord a donc de fortes chances de mériter le qualificatif trop souvent galvaudé de gagnant-gagnant. D’autant que Ford est habitué à travailler en partenariat avec des groupes japonais (Mazda et Auto Alliance International, Nissan…) et qu’Alan Mulally, CEO de Ford, n’a jamais caché son admiration pour le savoir-faire de Toyota. Pour la petite histoire, l’idée de l’accord serait d’ailleurs née au cours d’une discussion informelle entre Alan Mulally et son ami Akio Toyoda dans la salle d’embarquement d’un aéroport !
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