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Constructeurs

“50 % de ventes hors Europe d’ici 2015”

Publié le 28 mars 2013

Par Tanguy Merrien
6 min de lecture
Pour Peugeot, l’année 2013 sera marquée du sceau de l’internationalisation, stratégie essentielle à court terme pour la marque. Mais Maxime Picat n’en oublie pas moins ses objectifs européens axés sur l’offensive vers le segment B et la montée en gamme.
Maxime Picat, directeur général Automobiles Peugeot.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Quelle analyse faites-vous des derniers résultats de la marque obtenus en Europe en 2012 (- 12,9 %), mais aussi à fin janvier (- 16,6 %) et même en France à fin février (- 12,7 % au cumul) ?
MAXIME PICAT.
Des trois marques françaises, Peugeot est celle qui résiste le mieux sur des marchés incertains, notamment grâce au bon démarrage de la 208, laquelle devient le premier véhicule de son segment en Europe. Aujourd’hui, le véhicule poursuit sa montée en puissance et atteint le niveau que nous lui souhaitions. C’est un formidable atout pour Peugeot et qui prépare aussi l’arrivée du 2008 cette année. Tout ceci pour dire que nous sommes satisfaits de la bonne résistance de la marque, en Europe comme en France. Sans oublier que Peugeot poursuit sa conquête à l’international avec des progressions sur plusieurs marchés. Aujourd’hui, notre premier marché est devenu la Chine, devant la France, suivent ensuite l’Algérie, le Royaume-Uni et l’Argentine. Un Top 5 qui témoigne de l’internationalisation de la marque.

JA. Justement, cette internationalisation est devenue un objectif prioritaire aujourd’hui pour Peugeot afin de rattraper son retard sur la concurrence. Quels en seront les prochains jalons ?
MP.
Plusieurs phénomènes expliquent cette internationalisation. Le marché européen baisse et, parallèlement, les marchés chinois et d’Amérique latine sont en progression constante, sans oublier la Russie. Il est donc mécaniquement normal d’accélérer cette internationalisation, d’autant plus que la performance de Peugeot sur ces marchés augmente : Peugeot a réussi à multiplier par quatre sa progression en Chine en 2012. Ces facteurs nous permettent ainsi de persévérer dans cette voie puisque nos ventes hors Europe pèsent désormais 39 % du total. Nous devrions atteindre les 50 % à l’horizon 2015.

JA. Avez-vous d’ores et déjà un objectif d’ici la fin de l’année en termes de ventes mondiales ?
MP.
Il est difficile de s’en approcher. D’une part, en raison de l’incertitude du marché européen et d’autre part, compte tenu de certains marchés hors Europe où nos performances divergent.

JA. En dehors des chiffres et des performances quels seront les éléments qui vont favoriser cette internationalisation ?
MP.
En effet, il faut regarder au-delà des chiffres. Notre capacité à être performants sur des marchés comme la Chine dépend d’un ensemble de choses. Il faut d’abord prendre en compte les attentes spécifiques des clients, qui diffèrent selon les pays. Ensuite, il convient de développer une image de marque sans oublier la mise en place de réseaux. Quand j’étais en Chine, encore tout récemment, nous étions à un rythme de 80 créations de Blue Box par an afin de suivre la croissance effrénée sur un tel marché. C’est aussi le cas en Argentine où notre réseau est fidèle et notre image de marque progresse sans arrêt. Aujourd’hui, nous possédons un réseau de 400 points de vente en Chine et notre couverture territoriale se poursuit dans les grandes villes, mais également les villes plus petites, voire les zones rurales.

JA. L’autre élément clé de l’internationalisation dépendra aussi de la 301, véhicule symbole de cette stratégie ?
MP.
La 301 est déjà lancée dans beaucoup de pays, et nous poursuivons dans ce sens avec son lancement au Chili, en Uruguay, au Mexique, qui suivent l’Europe de l’Est et le Maghreb. Viendront ensuite les marchés russe, en fin d’année, et bien sûr chinois où, en dehors du lancement commercial, nous compterons sur un nouveau site de production. Plus que jamais, la 301 est le symbole de notre internationalisation, elle est conçue pour plusieurs marchés et, à sa façon, elle contribue aussi à la montée en gamme de la marque. Je rappelle que, dans beaucoup de pays, la demande pour les véhicules tricorps est importante, et c’est pourquoi la 301 est complètement à sa place dans notre stratégie internationale.

JA. Risque-t-on de la voir tôt au tard sur les routes européennes et françaises ?
MP.
Nous avons réalisé des études qui nous montrent qu’il n’y a pas d’appétence particulière pour ce type de voiture. Certains clients ne comprendraient en outre pas la logique par rapport au reste de la gamme. Aujourd’hui, il n’y a aucun appel d’air pour ce type de véhicule en Europe de l’Ouest, et c’est pourquoi la 301 n’y sera pas commercialisée.

JA. Justement, en Europe de l’Ouest, la grande actualité pour la marque sera centrée sur la commercialisation du 2008. Quelles sont vos attentes pour ce véhicule sur un segment, les SUV compacts urbains, qui sera très concurrentiel ?
MP.
Ce segment est très concurrentiel car il est actuellement en train d’exploser en termes d’offres et de demandes. En Europe, il représentait très peu du marché, mais il peut rapidement comptabiliser jusqu’à 15 % du total. Pourquoi ? Il faut y voir le bon travail des constructeurs et de Peugeot en particulier. Les clients sont à la recherche de compacité tout en conservant une certaine différenciation. Aujourd’hui, posséder un petit crossover, c’est avoir une position de conduite surélevée, détenir un véhicule urbain, mais qui permet de sortir de la ville en cas de besoin. Le 2008 a vocation d’être un véhicule mondial avec lequel nous espérons écouler 200 000 unités en 2015.

JA. Après la 208, le 2008 vient-il appuyer la volonté de Peugeot de revenir au premier plan sur le segment B ?
MP.
C’est une année “fast start” pour Peugeot. Nous voulons aller vite. J’étais tout récemment en Chine pour le lancement du 3008. Nous comptons déjà 7 000 commandes sur ce véhicule. Ensuite, nous allons voir arriver la 208 GTI et XY et parallèlement la commercialisation du 2008. C’est clairement une grande offensive de notre part sur le segment B.

JA. Vous évoquiez les réseaux de distribution de Peugeot dans le monde. Un mot toutefois sur les réseaux européens dont certains, comme en Espagne notamment, sont en difficulté ?
MP.
Je reste en contact permanent avec le groupement des distributeurs européens pour suivre l’évolution de nos réseaux. Certes, certains réseaux souffrent plus que d’autres, mais nous mettons tout en œuvre pour protéger nos distributeurs et la santé financière de leurs affaires. Le principal objectif reste que nos distributeurs ne perdent pas d’argent et poursuivent leurs efforts en termes de rentabilité, de qualité de services et de relations clients.
 

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