Volkswagen : La restructuration est en marche
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Jeudi 20 avril, 16 h 00. Enfermé dans leur tour d'ivoire depuis près deux jours, le conseil de surveillance de Volkswagen AG a donné son feu vert au vaste plan de restructuration annoncé en février dernier (JA N° 949). On pensait que l'avenir de la marque Volkswagen allait être plus clair à l'issu de ce conseil, mais il n'en est rien. En effet, Bernd Pischetsrieder a simplement déclaré que "les objectifs ont été définis". Maintenant, le directoire de la marque va devoir mettre en œuvre ce plan avec le comité d'entreprise et le syndicat de branche IG Metal. Les bons résultats mondiaux de Volkswagen au cours de ce premier trimestre, une progression de 15,7 %, sont une bonne nouvelle mais ne doivent pas faire oublier les problèmes de Volkswagen. Wolfgang Bernhard, le patron de la marque, semble donc avoir persuadé le board mais pas plus de détails sur les coupes franches de la marque. Bernd Pischetsrieder avait donné des pistes lors de sa conférence annuelle début mars. Le programme, baptisé For Motion Plus, faisant suite au plan For Motion (qui a d'ailleurs donné de bons résultats mais pas encore suffisant pour le patron du groupe), sera donc mené de paire avec cette vaste restructuration. "Certaines usines allemandes ne sont plus capables d'exporter de manière compétitives", avait-il lancé. Le remède pourrait comporter 20 000 suppressions de postes. Ce chiffre n'est plus un secret pour personne et résulte de la volonté de Volkswagen d'augmenter le temps de travail hebdomadaire dans ses usines allemandes. Jusqu'ici, la norme est de 28,8 heures rassemblées sur quatre jours et le constructeur souhaite atteindre, d'ici 2008, 35 heures mais sans compensation salariale. Dans cette hypothèse d'allongement du temps de travail, 20 000 emplois deviennent inutiles. Mais rappelons que le constructeur ne peut pas licencier en Allemagne. Ces départs devront donc être volontaires notamment avec des départs en retraite ou pré-retraites. Reste à savoir où ces coupes franches auront lieu.
Vers une externalisation de certaines productions
Le magazine allemand Focus évoque, lui, la disparition de plus de 20 000 emplois. Dans les liquidations possibles, Focus mettait en avant la possible fermeture de l'usine bruxelloise qui emploie 5 600 personnes. Le Premier Ministre belge, Guy Verhofstadt, a démenti cette éventualité dans un communiqué. "La fermeture de l'implantation bruxelloise ne fait pas partie du plan global actuel de restructuration de Volkswagen", a-t-il souligné. Toutefois, le Premier Ministre a également précisé qu'il "conviendra de suivre de près les éventuelles répercussions de la restructuration sur le fonctionnement de l'usine bruxelloise." Deuxième piste évoquée pour le magazine allemand : Wolfsburg. Le site historique de Volkswagen, qui emploie 50 000 personnes, devrait quant à lui être amputé de 5 000 ouvriers. Bernd Pischetsrieder n'a rien confirmé. Mais selon toutes vraisemblances, d'autres usines allemandes sont exposées.
L'autre grand chantier devrait être la production des composants automobiles. Les interrogations du constructeur étaient claires sur le sujet : "l'analyse des sites internes de production de composants automobiles doit reprendre aux questions clés suivantes : la production de composants automobiles fait-elle partie de notre cœur de compétence et les composants en question peuvent-ils être produits à des coûts compétitifs ?" Là est apparu un début de réponse. En effet, le conseil de surveillance a donné son aval à la vente, à Siemens VDO, des 50 % que détenait Volkswagen dans la société Mechatronic, un joint venture entre VW et Siemens spécialisé dans la production de pompes à injection. Concernant la suite de possibles externalisations de productions de composants, Bernd Pischetsrieder avait exclu les moteurs et les boîtes de vitesses.
Pour terminer sur un air de rififi, la prolongation du mandat de Bernd Pischetsrieder, le patron du groupe, ne faisait pas partie de l'ordre du jour. Il se murmure même qu'il ne verrait peut être pas le début de l'exécution de ce plan courant jusqu'en 2008. En effet, il semblerait qu'un certain Ferdinand Piëch, ancien patron du groupe aujourd'hui président du conseil de surveillance, lui préférerait Martin Winterkorn, l'actuel patron d'Audi. Cependant, Bernd Pischetsrieder peut compter sur Wendelin Wiedeking, le Président de Porsche, et Christian Wulff, le ministre-président de Basse-Saxe, qui a eux deux contrôlent plus de 40 % des droits de vote. Un vote prévu pour 2007.
Christophe Jaussaud
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