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Renault : Thierry Bolloré écarté et remplacé par Clotilde Delbos

Publié le 11 octobre 2019

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
Le conseil d'administration de Renault a donc choisi de mettre un terme, avec effet immédiat, aux mandats de Thierry Bolloré. Clotilde Delbos va assurer l'intérim à la direction générale, avec l'appui d'Olivier Murguet et José-Vicente de los Mozos.
Clotilde Delbos et Thierry Bolloré lors de la présentation de résultats financiers du groupe Renault.

 

Le conseil d'administration de Renault, réuni vendredi 11 octobre 2019 à partir de 8h15, pour "se prononcer sur la gouvernance du groupe" a donc décidé de se passer des services de Thierry Bolloré. L'intérim au poste de directeur général sera assuré par Clotilde Delbos.

 

Dans un communiqué, Renault précise : "lors de cette réunion, le conseil d’administration a décidé de mettre un terme aux mandats de directeur général de Renault SA et de Président de Renault s.a.s. de Monsieur Thierry Bolloré avec effet immédiat. Le conseil d’administration a décidé de nommer, avec effet immédiat, Madame Clotilde Delbos en qualité de directeur général de Renault SA pour une période intérimaire, le temps de mener un processus de désignation d’un nouveau directeur général. Il a donné un avis favorable à la désignation de Messieurs Olivier Murguet et José-Vicente de los Mozos, en qualité de directeurs généraux adjoints afin d’assister Madame Clotilde Delbos dans ses fonctions. Monsieur Jean-Dominique Senard assumera, par ailleurs, la présidence de Renault s.a.s. durant cette même période intérimaire."

 

Selon une source proche du dossier interrogé par l'AFP, Thierry Bolloré "était présent à la réunion et s'est exprimé. On lui a reproché des problèmes de management et de performance. Il y a eu un vote. Aucun administrateur n'a voté contre sa révocation, très peu d'abstentions. D'habitude, dans un cas comme celui-là, un dirigeant démissionne. C'est lui qui a voulu aller à la révocation", a regretté cette source.

 

"La brutalité et le caractère totalement inattendus de ce qui est en train de se passer sont stupéfiants. Je suis monté dans un avion à Tokyo mardi soir et en atterrissant à 4 heures du matin à Paris mercredi, j'apprenais par voie de presse que le président Jean-Dominique Senard, qui jusque-là ne cessait d'affirmer qu'il n'y avait pas une feuille de papier à cigarette entre nous, souhaitait mon départ" a expliqué Thierry Bolloré à nos confrères des Echos. "J'ai toujours été loyal à son égard. La seule chose que l'on me reproche peut-être, c'est d'avoir été nommé directeur général adjoint début 2018, sur proposition de Carlos Ghosn, à l'unanimité du conseil."

 

A l'image de la grande lessive chez Nissan, Thierry Bolloré est peut-être, effectivement, victime de cette volonté de tourner la page Ghosn. "Ce coup de force est très inquiétant, il est très important de comprendre les tenants et aboutissants de ce qui se passe au Japon, a-t-il indiqué aux Echos. Sur cette question, j'ai dit aux salariés que je réserve la primeur de notre analyse au conseil d'administration de Renault, donc en premier lieu à l'Etat."

 

Mais l'Etat français, premier actionnaire de Renault avec 15 % du capital, n'a été d'aucune aide pour l'ex-directeur général. En effet, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, avait déclaré ne pas vouloir "s'immiscer" dans les "choix de gouvernance du groupe", tout en affichant sa "confiance" à Jean-Dominique Senard. Mais paradoxalement, en coulisse, l'Etat militait pour un renouvellement plus rapide à la tête de Renault. "Il faut parfois savoir changer les personnes qui sont là depuis longtemps", a déclaré à Reuters, mardi 8 octobre, une source au fait de la vision qu’a l’Etat du dossier, après que Le Figaro a révélé un projet de changer le directeur général.

 

"Ce qui est en jeu, ce n'est pas ma personne mais l'avenir de Renault et de ses 186 000 salariés. J'ai réuni à trois reprises au cours des derniers mois les 200 premiers managers du groupe et, à chaque fois, la direction que je donne à Renault a reçu le soutien de 99 % de ces managers. Toute ma carrière témoigne de mon attachement passionné aux intérêts industriels français, à Renault et à l'Alliance" a encore expliqué Thierry Bolloré dans le quotidien français.

 

Arrivé chez Renault en 2012, Thierry Bolloré a débuté sa carrière en 1990 chez Michelin. Après un long parcours chez le manufacturier, le conduisant en Europe, en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie, il entre chez Faurecia en 2005 en tant que vice-président Asie, Exhaust Systems Product Group, basé en Chine, puis vice-président monde en charge du marketing, de la R&D, des programmes, de la stratégie et du développement du business. En 2010, il rejoint la branche Faurecia Emissions Control Technologies en tant que vice-président Europe et Afrique du sud, avant de devenir vice-président monde, en charge de l’Industrie, la qualité et les achats.

 

En septembre 2012, il rejoint le groupe Renault. Il est nommé directeur des fabrications et de la supply chain en octobre 2012 puis devient directeur délégué à la compétitivité en septembre 2013. Le 19 février 2018, il est nommé directeur général adjoint groupe. Une position qui le conduira à assurer l'intérim de la présidence dès le 21 novembre 2018 suite à l'arrestation de Carlos Ghosn au japon le 19. Le 24 janvier 2019, Thierry Bolloré devient directeur général et Jean-Dominique Senard président du conseil d'administration.

 

En attendant, la nomination d'un nouveau directeur général, le conseil d'administration a donc choisi de confier le poste à Clotilde Delbos qui occupe les postes, depuis avril 2016, de directrice financière du groupe Renault et présidente d'administration de RCI Banque. Depuis avril 2019, elle est également rattachée à la direction du contrôle interne. Après un parcours professionnel chez Price Waterhouse, Pechiney-Alcan puis Constellium, elle est recrutée par Renault en 2012, comme Thierry Bolloré. Elle débute chez le constructeur comme directrice performance et contrôle. En mai 2014, elle est, en plus, nommée directrice Alliance, performance et contrôle. Elle sera épaulé par deux directeurs généraux adjoints, Olivier Murguet qui est depuis novembre 2018 directeur commerce et régions du groupe Renault, et José-Vicente de los Mozos qui occupe les postes de directeur fabrication et logistique Alliance 1 et directeur fabrication et logistique groupe Renault depuis avril 2018.

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