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L’information trafic, un service en vogue

Publié le 3 octobre 2008

Par Clotilde Chenevoy
9 min de lecture
Le service d'information trafic n'est pas un service nouveau, mais enregistre un réel développement grâce à l'envolée des ventes de PND. Pour répondre à la demande croissante, les fournisseurs de contenus affinent...
Le service d'information trafic n'est pas un service nouveau, mais enregistre un réel développement grâce à l'envolée des ventes de PND. Pour répondre à la demande croissante, les fournisseurs de contenus affinent...

...leurs offres en multipliant les sources. Mais ils doivent également faire face à l'arrivée de nouveaux acteurs sur le marché.  

En France, les fournisseurs historiques de contenus d'informations trafic sont les sociétés Via Michelin, filiale à 100 % de l'équipementier Michelin, et V-Trafic, dépendant de Mediamobile dont Renault et Cofiroute sont actionnaires. Ces deux entreprises fournissent du contenu aux constructeurs automobiles comme aux fabricants de PND. La méthodologie repose sur les mêmes bases : la collecte des informations, le traitement des données et la diffusion.

Les sources, nerf de la guerre

Pour réunir des informations sur la circulation, il existe différents types de sources, publiques et privées, gratuites et payantes. Ainsi, ViaMichelin comme V-Trafic récupèrent des données provenant d'organisme d'Etat, comme les pompiers, la gendarmerie, les policiers, ou encore la DDE. Par le biais d'une boucle informatique, ils ont, par exemple, accès aux rapports émis lorsque les professionnels partent sur une intervention. Les sociétés d'autoroutes fournissent également des informations grâce aux caméras placées au niveau des barrières et peuvent ainsi déterminer le nombre de voitures circulant par minute. Les grandes agglomérations, comme Paris ou Lyon, monnaient également leurs renseignements routiers, qu'elles récupèrent à partir de caméras vidéo, de capteurs et de boucles électromagnétiques enfouies dans la chaussée. Ainsi, pour ces deux villes, le Siser (Service Interdépartemental de la Sécurité et de l'Exploitation de la Route) et Coraly gèrent respectivement les voies rapides de Paris et Lyon. L'enjeu est bien sûr de convaincre des villes d'accepter de fournir, voire de mettre en place des systèmes pour collecter les informations sur les flux routiers. V-Trafic possède également des sources propres de Floating Car Data, autrement dit de véhicules dotés de capteurs. En Ile-de-France, l'entreprise travaille avec Masternaut, spécialiste de géolocalisation, qui lui fournit des données grâce aux boîtiers installés sur les véhicules de ses clients.

"L'objectif est aussi bien d'obtenir des événements, comme les accidents ou les travaux, que des durées de parcours, précise Didier Monichon, directeur marketing et commercial chez V-Trafic. Il s'agit d'un budget important, particulièrement pour les données de vitesse, mais inévitable. En effet, avec la notion de vitesse, on peut compléter les événements obtenus par une source traditionnelle et l'actualiser. Par exemple, si nos données annoncent une circulation fluide sur le lieu d'un accident, on peut en déduire que le problème est résorbé."

Encoder les informations en TMC

Après réception de ces diverses informations, il faut encore les traiter et les encoder pour les uniformiser selon la norme européenne TMC, Traffic Message Channel, avant de les diffuser via le canal RDS, Radio Data System. "Les renseignements sont passés à la moulinette informatique, explique Fabien Roger, responsable commercial pour ViaMichelin. Des algorithmes analysent, par exemple, les flux de vitesse pour déterminer si la circulation est fluide ou non, mais caractérisent aussi l'incident comme bouchon ou accident, en croisant les informations reçues. Elles classent également les messages par ordre de priorité."

Le traitement des données ne peut-être fait à 100 % par l'informatique. Ainsi, si les informations sur l'ouverture et la fermeture des principaux cols de montagne sont insérées automatiquement, celles sur les cols secondaires passent par un travail manuel. Ou encore, concernant la durée de travaux sur voirie, la date de fin doit souvent être modifiée par un technicien.

Après avoir encodé et enrichi les données, il faut encore les localiser et les rattacher à la carte de France. Navteq et Tele Atlas fournissent les cartes mais c'est le Setra, le service d'études sur les transports, les routes et leurs aménagements, qui réalise une table de localisant. Ce document a été créé il y a 10 ans, en même temps que la norme RDS/TMC et se constitue de 14 000 points géolocalisés. Avec ces repères, ViaMichelin et V-Trafic peuvent définir que tel accident a eu lieu à l'intersection des points TMC x et TMC y. La couverture de l'information trafic est donc surtout limitée par cette table. En effet, si un incident se produit sur une route non marquée dans ce document, il est impossible de le signaler. Pour développer de nouveaux points, ViaMichelin et V-Trafic travaillent avec la Setra. Pour Fabien Roger, "disposer de deux fois plus de points ne serait pas inutile. Mais la table de localisant n'est pas une priorité pour la Setra, qui gère beaucoup d'autres dossiers !"

La diffusion représente le dernier chaînon de l'information trafic. Les deux sociétés utilisent le réseau FM. Ainsi, Via Michelin travaille en partenariat avec Towercast, un opérateur de services de la Radio et de la Télévision Numérique, tandis que V-Trafic utilise les antennes de TDF, opérateur de réseaux hertziens et actionnaire de la société à 72 %. Si cette méthode a fait ses preuves depuis plus de 10 ans, elle a également montré ses limites. En effet, la capacité de la bande passante se montre restreinte. Il s'avère impossible d'envoyer plus de 50 messages par minute et la législation impose que chaque message soit émis deux fois. Pour optimiser l'utilisation de la bande passante, V-Trafic comme Via Michelin ont divisé la France en plusieurs zones et diffusent ainsi l'information trafic à la zone correspondante.

PND ou embarqué, pas les mêmes intérêts

Pour les fournisseurs d'informations trafic, le projet de la radio numérique, lancé fin 2007, offre des perspectives alléchantes avec une capacité de diffusion de 50 à 100 fois supérieure. "C'est le CSA qui fixe la taille de la bande passante", explique Didier Monichon. La mise en place de cette nouvelle technologie est attendue en France en 2009 mais la norme choisie n'a pas encore été fixée. Par ailleurs, ce changement de technologie ne se fera pas du jour au lendemain car il faut équiper le marché de tuners numériques. La diffusion par RDS/TMC a encore de beaux jours devant elle et les fournisseurs d'informations trafic continuent d'améliorer leurs offres.

Le réseau GSM se positionne également comme une alternative à la bande FM. Avec l'explosion des smartphones, la demande de services s'est accrue, notamment concernant l'information trafic. Par ailleurs, les nouveaux produits des fabricants de PND intègrent désormais une puce GSM, comme le modèle GOx40 Live de TomTom. Avec cette technologie, il s'avère possible de fournir des informations dynamiques, comme le prix des stations de carburant ou les horaires d'ouverture des parkings. "Le connecté offre plus de possibilité mais passe obligatoirement par une gestion d'abonnement, détaille Didier Monichon. Sa mise en œuvre se montre donc plus complexe que le diffusé." Pour Fabien Roger, "il est difficile de connaître le mode de diffusion de demain. Les constructeurs automobiles s'intéressent à la radio numérique tandis que les PND et mobiles se concentrent davantage sur la 3G."

"L'avenir, c'est apporter de la valeur". V-Trafic et ViaMichelin sont unanimes sur ce sujet. Concrètement, cela signifie accroître les sources, les affiner. Et le réseau GSM possède, là aussi, un intérêt certain. TomTom l'a bien compris, via son projet de HD Trafic et son partenariat avec Vodafone. Orange souhaite également jouer un rôle sur ce marché mais se positionne uniquement en B to B, en revendant les informations brutes. Navteq, qui souhaite se lancer sur ce marché en France, compte s'appuyer sur les téléphones Nokia, particulièrement ceux munis d'un module GPS.

Au-delà de l'aspect technologique, on constate aussi que la demande en informations trafic s'accroît de façon exponentielle. En France, V-Trafic et Via Michelin sont les deux fournisseurs historiques. Mais d'autres acteurs, tels que Navteq ou TomTom, ont également mesuré l'enjeu de ce marché et cherchent désormais à s'immiscer sur ce secteur prometteur. 

3 QUESTIONS A

Bruno Bourguet, vice-président et general manager, Navteq.

  • Journal de l'Automobile. Quelles sont les prétentions de Navteq sur l'information trafic ?
    Bruno Bourguet. Navteq est déjà fournisseur d'informations trafic aux Etats-Unis, depuis le rachat de la compagnie américaine Trafic.com, et nous avons vocation à le devenir en Europe. Nous sommes déjà fournisseur de rang 1 dans l'automobile et nous connaissons leurs contraintes en termes de qualité. Nous utiliserons les mêmes exigences pour l'information statique, autrement dit la cartographie, que pour l'information dynamique, comme les prix des stations de carburant, le prix des parkings. Pour cela, il est important d'avoir une plateforme qualitative pour garantir la solidité des informations aux constructeurs.

  • JA. Vous optez pour un contenu européen, et non national. N'y a-t-il pas de contraintes techniques ?

    BB.  En Europe, d'un pays à l'autre, le langage est différent et les routes ne sont pas les mêmes.

    Nous allons donc devoir créer un standard pour pouvoir fournir nos informations à l'ensemble de nos clients constructeurs. En termes de diffusion, les technologies sont multiples : RDS/TMC, DAB, 3G, 4G ou encore Internet. Le plus complexe ce n'est pas la diffusion mais d'avoir des informations de qualité.
    Notre objectif consiste à résoudre les problèmes de nos clients. Les constructeurs doivent négocier avec différents prestataires dans le monde. Nous voulons aider à simplifier et à fournir de l'information trafic standard dans le monde, à l'instar de la cartographie.

  • JA. Comment se présente votre offre ?
    BB. Notre première offre, baptisée Traffic Patterns, a été lancée en Allemagne cet été. Il s'agit d'information prédictive. Sur les routes les plus utilisées, nous avons enregistré les flux routiers en fonction des jours et de l'heure. Ce n'est pas du temps réel mais les informations sont déjà bien meilleures que celles fournies par des modèles qui se basent uniquement sur la catégorie de route pour calculer un itinéraire. Navteq étendra bien sûr ce service à toute l'Europe de l'Ouest.
    Nous lancerons également une offre en temps réel en 2009, et d'ici 2010, le service sera pleinement opérationnel. Pour collecter les informations, nous allons mettre en place divers partenariats. Nous nous appuierons aussi sur Nokia, qui nous a rachetés cette année. Ainsi, nous allons pouvoir recevoir des informations via les téléphones équipés de puce GPS.
  • Photo : Le réseau connecté offre de nombreux avantages dans le transfert des données mais oblige l'utilisateur à souscrire un abonnement.

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