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Défaillances d'entreprises : 100 000 sociétés sous tension

Publié le 13 juillet 2020

Par Romain Baly
3 min de lecture
Le nombre de défaillances a atteint un niveau historiquement bas au deuxième trimestre 2020, principalement grâce aux dispositifs de soutien déployés pendant la crise sanitaire. Toutefois, selon Altares, 100 000 entreprises disposent de moins de 30 jours de trésorerie.
43 400 emplois seraient aujourd'hui menacés en France.

 

C'est un bilan trimestriel trompeur que vient de publier Altares. Le cabinet spécialisé dans les données d'entreprises fait état d'un niveau de défaillances historiquement bas au cours du deuxième trimestre 2020. Lors de cette période, moins de 6 000 procédures (5 766, précisément) ont été dénombrées, soit une baisse de 53,3 % sur un an. Entre le 1er janvier et le 30 juin 2020, 10 000 structures ont ainsi échappé à une défaillance en comparaison du premier semestre 2019.

 

"Il faut remonter à plus de trente ans pour trouver un nombre (de procédures, ndlr) aussi faible, souligne Thierry Millon, directeur des études d'Altares. Ces chiffres paraissent pourtant invraisemblables au regard de la force de la crise. En réalité, c’est l’aménagement des textes règlementaires qui a permis cette étonnante résistance des entreprises. Sans cette adaptation du droit et l’aide des pouvoirs publics, des dizaines de milliers d’entreprises seraient tombées dès ce deuxième trimestre".

 

Le nombre d'emplois menacés grimpe

 

Derrière cette illusion, le bilan détaillé des trois derniers mois laisse en effet apparaitre un autre panorama. Le cabinet met tout d'abord en exergue la situation inquiétante des entreprises de plus de 50 salariés, dont le niveau de défaillances croît de 15,7 %. Le nombre (44) de jugements prononcés sur les PME de 50 à 99 salariés ne baisse pas et celui des sociétés d’au moins 100 salariés augmente de 33 %. Une tendance qui n'avait plus été constatée depuis 2012 et la crise de la dette publique en zone euro.

 

Autre source d'inquiétude, alors même que le nombre de défaillances a été divisé par deux en comparaison avec le deuxième trimestre 2019, le nombre d’emplois menacés grimpe quant à lui à 43 400, soit 2 400 de plus. La moitié des sauvegardes et les deux tiers des redressements judiciaires ont concerné des entreprises de moins de 3 salariés mais les procédures ouvertes sur des Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) ont eux aussi bondi. Le ratio emplois menacés/défaillance passe ainsi de 3,3 à 7,5.

 

"Nos entreprises ont su montrer jusque-là qu’elles savaient résister"

 

Dernier élément, celui portant sur la trésorerie. Alors que les entreprises disposent habituellement en moyenne de 4 à 5 mois de liquidités, Altares a précisément identifié près de 100 000 sociétés qui disposent de moins de 30 jours de trésorerie pour faire face aux dépenses les plus urgentes. Une "réserve" bien fragile au regard du contexte de marché incertain. C’est le cas particulièrement dans les activités de commerce, café-hôtel-restaurant ou services à la personne.

 

Autant de tendances défavorables qui laissent perplexe à l'heure où débute le second semestre. Thierry Million se refuse toutefois à la sinistrose et porte un regard lucide sur la situation. "Depuis quatre ans, le deuxième semestre comptabilise en moyenne 25 000 défaillances d’entreprises ; ce nombre avait franchi la barre des 30 000 en 2009 et 2013. Il est probable que ce plafond soit largement dépassé. Nombre des 10 000 entreprises préservées artificiellement de la défaillance sur le 1er semestre pourraient venir gonfler les chiffres du second semestre. Cependant, nos entreprises ont su montrer jusque-là qu’elles savaient résister. Ne sous-estimons pas leur capacité à passer le cap et déjouer les pronostics de fin du monde, à la faveur d’une reprise plus dynamique qu’attendue, déjà perçue dans certains secteurs".

 


 

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