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Wikango : "Le retard nous oblige à réviser nos ambitions"

Publié le 3 avril 2015

Par Gredy Raffin
4 min de lecture
Le patron de Wikango, en visite à la rédaction du Journal de l'Automobile, est revenu sur le lancement manqué du XL. Il a également pu s'exprimer sur les relais de croissance qui se présentent au fabricant d'assistant d'aide à la conduite.

LE JOURNAL DE L'AUTOMOBILE. Le lancement du XL a connu du retard, quelle est l'explication ?

LOIC  RATTIER. Le boîtier ne captait pas le signal GPS alors que les composants sont de dernière génération. Les ingénieurs ont donc repris le logiciel en profondeur alors que le souci portait sur le matériel. L'écran provoquait des interférences sur la puce GPS. Cela a provoqué huit mois de retard.

JA. Quelles ont été les conséquences ?

LR. Cela a été très compliqué car ce défaut concernait les boîtiers de manière aléatoire et non des séries identifiées. Nous avons dû arrêter les livraisons de certaines enseignes et traiter les retours produits. Nous estimons que ce préjudice a impacté nos objectifs de lancement de 50%.

JA. Vous n'êtes pas le premier cas d'assistant d'aide à la conduite qui retarde son lancement, cela finit-il par créer de la méfiance chez vos partenaires distributeurs ?  

LR. Non, pas à proprement parlé. Nous sommes sur un secteur très particulier de l'électronique grand public et ces problèmes sont monnaie courante. Wikango est réputé pour sa fiabilité. En onze ans, il s'agit de notre deuxième campagne de rappel. L'enjeu maintenant est de rassurer les vendeurs en boutique, qui ne veulent surtout pas générer de l'insatisfaction client.

JA. Quels sont les objectifs désormais ?

LR. Nous devrions vendre 30000 pièces de boîtiers communautaires, dont le XL et le Max qui a été notre substitue commercial durant cette période de réingénierie. Nous sommes plus prudents quant aux volumes de XL Kit Pro. Nous constatons qu'il y a encore quelques ventes de  produits non connectés. Pour des questions de prix et de simplicité, ils intéressent toujours des conducteurs.

JA. Quel sera le montant du panier moyen compte tenu du fait que vous misez sur une stratégie d'accessoires ?

LR. Il est difficile à définir, c'est toujours le flou, dois-je admettre. Le retard nous oblige à réviser nos ambitions. Tout dépendra de notre capacité à approvisionner les magasins avant la période des vacances. Le Medpi sera un bon baromètre.

JA. La concurrence des applications s'affirme, quelle perception en avez-vous ?

LR. Il y a un peu plus de cinq ans, nous avons été parmi les premiers à nous embarquer sur les smartphones, avec notre concurrent principal. Depuis, les choses ont évolué. Le meilleur vendeur d'application, Waze, est tout simplement un avertisseur de radar, soit un produit totalement illégal en France, selon les mesures adoptées en 2011. Pourtant, personne ne semble s'en préoccuper et nous ne pouvons que dénoncer ce laxisme des autorités.

JA. Vous crédibilité reste néanmoins valable auprès des constructeurs, qu'en est-il de cette piste ?

LR. Nous avons pris contact avec Apple pour développer une application compatible Carplay. Nous allons nous concentrer aussi sur Android Auto. Nous devrions être prêts d'ici l'été, ensuite tout dépendra du calendrier des constructeurs.

JA. Il n'y aura rien avec les constructeurs en direct ?

LR. Nous faisons quoi qu'il en soit l'impasse sur les systèmes propriétaires. Ils sont trop coûteux en développement. Nous avons voulu sortir une application pour le magasin d'applications d'un Français, mais il fallait passer par des sociétés de développement référencées et le montant de l'investissement de départ s'élevait à 200000€. Un autre constructeur, Premium, nous proposait d'intégrer son écosystème, mais là encore, il entendait changer notre modèle économique, à savoir il aurait fallu offrir une période d'essai gratuite, avant de facturer un abonnement. En contrepartie, nous n'avions pas la moindre garantie de succès.

JA. Certes, mais cela ne prouve-t-il pas que l'absence de solution d'abonnement chez Wikango est une limite à la créativité ?

LR. Par certains côtés oui, mais nous ne croyons pas en d'autres modèles. Regardez comment les spécialistes de l'information trafic peinent à monétiser leurs données. Si bien que les prix ont été divisés par dix.

JA. Avec Waze, Google fait peser une menace sur votre activité, n'est-il pas temps de penser à d'autres voies ?

LR. Nous réfléchissons avec différentes sociétés, telles que Kuantic, pour monter des solutions à destination des constructeurs. Nous regardons vers les gestionnaires de flottes, aussi, mais les autorités ont jeté le discrédit sur nos services, en 2011, et beaucoup de DRH en entreprise ou de loueurs sont frileux à nous référencer, désormais.

JA. La mobilité, en plein révolution, vous offre des opportunités, lesquelles saisirez-vous ?

LR. En effet, nous avons un intérêt à collaborer avec les start-up et les collectivités. Elles ont besoin de données en temps réel, ce que nous maîtrisons. Ils ont parfois besoin de serveurs, ce qui coûte cher, et ce dont nous disposons. Il ne faudrait pas nous considérer comme des fabricants de boîtiers, mais comme une marque à valeur ajoutée.

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