Standard & Poor’s note les équipementiers
...rapport intitulé "Global Auto Suppliers Remain Under Négative Pressure In 2009".
Amérique du Nord, Europe ou Japon. Tous les équipementiers sont appelés à subir les conséquences de la chute des immatriculations et des ralentissements de production enregistrés au cours de ces derniers mois. Standard and Poor's s'attend en effet à une année plutôt difficile pour l'ensemble de ces professionnels, quel que soit le continent où ils évoluent. L'agence de notation s'attend ainsi à une hausse du niveau d'endettement chez la plupart des équipementiers en Europe. "Nous estimons aussi que l'accès à de nouveaux fonds y sera compliqué avec, d'une part, les maigres perspectives d'évolution du marché de l'auto et, d'autre part, les tensions actuelles sur le marché des crédits", souligne Standard & Poor's, l'agence s'attendant cette année à une baisse des immatriculations au moins égale à celle de 2008 sur le Vieux Continent, soit environ - 8,4% (- 15% environ au quatrième trimestre 2008). Résultat : elle estime que les profils financiers de tous les équipementiers ou presque vont continuer à se dégrader, l'agence ayant dans les prochains mois l'intention de suivre tout particulièrement les entreprises activant des clauses de sauvegarde (insérées dans les contrats de prêt, elles réduisent la marge de manœuvre des actionnaires qui ne peuvent procéder à telles ou telles opérations sans avoir reçu préalablement l'accord des créanciers). Tout espoir n'est pourtant pas perdu. La faiblesse de l'euro et la diminution récente du coût de certaines matières premières pourraient en effet représenter un ballon d'oxygène pour certains équipementiers. Seulement voilà. Les fournisseurs les plus exposés à la pression des constructeurs et peu exposés à l'aftermarket seront sans doute contraints de répercuter ces gains auprès de leurs clients, estime Standard & Poor's. Qu'en est-il des autres continents ?
Tenir au moins jusqu'en 2010
En Amérique du Nord, l'agence de notation estime que le principal défi des équipementiers sera à la fois de faire face à un ralentissement de la production et de disposer de suffisamment de liquidités pour tenir au moins jusqu'en 2010, date à laquelle pourraient être lancés des véhicules plus "légers". "Nous estimons que le risque de faillite d'un ou plusieurs constructeurs américains reste élevé, même si les gouvernements américains et canadiens ont accordé en urgence des aides et prêts avoisinant les 21 milliards de dollars aux groupes GM et Chrysler", indique Standard & Poor's. L'agence estime donc que les équipementiers ne sont pas les seuls sous pression, ce qui explique qu'elle ait abaissé les notes de cinq grands distributeurs américains à la fin 2008 : Asbury Automotive Group Inc. (B+/Négative/--), AutoNation Inc. (BB+/Négative/--), Group 1 Automotive Inc. (B+/Négative/--), Penske Automotive Group Inc. (B+/Négative/--) et Sonic Automotive Inc. (B+/Négative/--). "Nous nous attendons à ce que les revenus et niveaux de profitabilité soient beaucoup plus volatils sur le marché de la distribution auto au moins jusqu'en 2010", explique l'agence de notation. Ils pourraient l'être d'autant plus que des équipementiers viennent de lancer un véritable appel à l'aide via l'association Original Equipment Suppliers Association (OESA) : elle vient de faire savoir que des problèmes logistiques - et donc au final une cascade de faillites - pourraient rapidement apparaître si le gouvernement américain n'injectait pas rapidement des fonds supplémentaires dans l'industrie auto.
Pressions sur la profitabilité et le cash-flow
Du côté du pays du Soleil levant, l'agence de notation estime que les équipementiers doivent non seulement affronter les mêmes problématiques que leurs confrères américains ou européens mais aussi subir la forte appréciation du yen. Standard & Poor's considère donc que leurs niveaux de profitabilité et de cash-flow seront sous très forte pression tout au long de l'exercice, et ce d'autant plus que la faiblesse de l'économie et l'inquiétude des consommateurs devraient perdurer tout au long de l'année 2009. "Alors que la production domestique a faiblement diminué sur les onze premiers mois de l'année 2008, elle a plongé de 20,4 % entre novembre 2007 et novembre 2008", indique l'agence, cette dernière s'attendant aussi à ce que ce déclin se poursuive au moins jusqu'à la fin mars 2009 et à ce que l'érosion du mix se poursuive tout au long de l'année 2009. La Japan Automobile Manufacturers Association estime pour sa part que les ventes pourraient baisser d'environ 5 % en 2009 à 4,8 millions d'unités au Japon. Rien d'étonnant donc si l'agence de notation a récemment modifié les perspectives - elles sont passées de stables à négatives - de trois des plus gros équipementiers de Toyota : Denso Corp., Toyota Industries Corp. et Aisin Seiki Co. Ltd. "Ils sont compétitifs et ont de bons profils financiers, conclut Standard & Poor's. Leurs performances seront pourtant fortement impactées, leur activité dépend fortement de ce constructeur dont les ventes et les volumes de production ont baissé ces derniers mois." Les liens entre ces équipementiers et la marque nippone sont loin d'être négligeables : les ventes de Toyota participent aux revenus de Denso Corp. et Aisin Seiki Co. Ltd à hauteur de respectivement 50% et 65% selon Standard & Poor's.
Photo : Les baisses d'immatriculations ne seront pas sans incidence pour les équipementiers. Ces derniers devraient tous voir leur situation financière se dégrader en 2009.