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Retour à la normale

Publié le 29 avril 2005

Par Marc David
12 min de lecture
Si l'année 2003 avait engendré des perturbations notables au niveau de l'exploitation, 2004 a permis de revenir à la normale. Toutefois, une épée de Damoclès est toujours suspendue au-dessus de certains points de vente : la fermeture temporaire pour cause de sécheresse. Ou comment le recyclage...
Si l'année 2003 avait engendré des perturbations notables au niveau de l'exploitation, 2004 a permis de revenir à la normale. Toutefois, une épée de Damoclès est toujours suspendue au-dessus de certains points de vente : la fermeture temporaire pour cause de sécheresse. Ou comment le recyclage...

...des eaux usées demeure plus que jamais sur la sellette.


Certains voient une régression palpable (entre - 6 et - 10 %) de l'activité en 2004, notamment en raison du contrecoup de l'euro, et aussi de la pluviométrie peu favorable. Pourtant, au vu des chiffres avancés, le lavage demeure relativement stable avec environ 850 machines VL commercialisées durant cette même année, volume à rapporter à un parc estimé à 7 000 machines. Il s'agit bien sûr de portiques à brosses classiques, un marché sur lequel deux acteurs de poids quasi identique réalisent la bagatelle de 85 % des ventes, à savoir WashTec et Lavance, le reste se répartissant entre Rohé/Ceccato qui vient d'être repris par Madic (voir ci-contre), Christ, Ryko (dont l'enseigne DLS de distribution et de maintenance intervenant sur un certain nombre de départements aurait été reprise récemment par Savo, la filiale de Lavance), Kärcher, Auto Equip, Heurtaux, etc. Le baromètre 2005 ? Selon Patrick Koenig, directeur commercial de Christ, l'année se présente bien, et en tous les cas mieux qu'en 2004. "Notre excellent début d'année 2005 résulte sans doute du fait que certains investissements prévus en 2004 ont probablement été reportés sur les trois premiers mois de 2005", explique-t-il. Une information toute relative dans la mesure où, en ce qui concerne WashTec, ce serait plutôt l'inverse. "Le début d'année 2005 est plutôt timide dans la mesure où bon nombre d'investisseurs privés reportent leur décision d'achat, note Fabrice Collet, directeur des ventes de WashTec France SAS. En fait, ils se posent beaucoup de questions." Sur le plan du matériel proprement dit, le prix marché moyen est de 35 000 à 40 000 e HT en ce qui concerne un portique standard, et entre 60 000 et 75 000 e HT pour un portique haut de gamme, avec haute pression intégrale et brosses de nouvelle technologie. Un matériel haut de gamme qui, bien évidemment, joue pour une bonne part au niveau du chiffre d'affaires. Ainsi, selon Fabrice Collet, un portique à brosses multiprogramme de nouvelle génération réalise à lui seul deux fois et demie le CA d'une piste de lavage HP, contre une fois et demie auparavant. Justement, en terme de haute pression, Hypromat, le leader avec son enseigne Eléphant Bleu (818 centres en Europe dont 526 en France ; 24 ouvertures en 2004), estime le potentiel national à 1 000 centres, le parc comptant pour sa part près de 3 500 centres, soit près de 10 000 pistes. Il faut noter qu'une certaine "foire d'empoigne" caractérise toujours ce marché, puisque près de 60 fabricants y sont répertoriés, dont Heurtaux et Kärcher bien sûr, qui bénéficient d'une très bonne image.

Malgré les difficultés d'ordre économique, les réseaux de marque représentent un potentiel intéressant

Maintenant, la clientèle. Si indiscutablement, le réseau des pétroliers demeure la "vitrine" pour le lavage, tout du moins en terme d'image, 2004 a été synonyme d'un certain tassement, ce qui ne semble plus être le cas en 2005. Reste que d'autres secteurs font également l'objet de toutes les attentions de la part des fabricants. Il y a d'abord les investisseurs privés. En 2004, ils représentaient la majorité des ventes avec WashTec. Il y a aussi la grande distribution, toujours considérée comme un secteur porteur avec en tête du "hit-parade" la chaîne Système U. Une précision à ce sujet. En matière de lavage, certaines directions de grandes enseignes préfèrent confier leur emplacement disponible à des investisseurs privés, ce qui brouille quelque peu les cartes. Il y a enfin les réseaux de marques, bien que ceux-ci éprouvent quelques difficultés à dégager une enveloppe pour le renouvellement du matériel. Ainsi, pour Christ, le secteur des professionnels représente un potentiel intéressant dans la mesure où les ventes en concessions (en particulier, BMW et Mercedes) représentaient 20 % en 2004. Deux raisons à cela. La première est de répondre aux chartes qualité des constructeurs, chartes qui déterminent la nécessité de rendre un véhicule propre au client. La seconde résulte d'un besoin d'augmentation du chiffre d'affaire, les marges sur les VN étant… ce qu'elles sont ! Patrick Koenig explique : "Il y a encore peu de temps, les concessionnaires et agents avaient tendance à investir dans du matériel d'entrée de gamme. Situé hors de la vue du client, ce matériel avait pour vocation le lavage des véhicules en interne. Aujourd'hui, d'une part les professionnels sont mieux équipés, d'autre part, ils ont pris conscience qu'un matériel bien exposé, avec "pignon sur rue", pouvait attirer entre 8 000 et 10 000 clients par an. Des clients potentiels, bien sûr, dans la mesure où ils possèdent un véhicule… pas forcément de la marque représentée par le professionnel." Selon lui, et ceci par comparaison, une journée "porte ouverte" classique draine entre 350 et 400 clients, pour relativement peu de résultats/ contacts. En outre, la démarche a un coût : 6 000 à 7 000 e. Par ailleurs, le lavage peut déterminer le point de départ de promotions portant sur certains accessoires ou certains équipements. Plus globalement, il peut servir d'outil de communication, notamment en province. Cela dit, pour Fabrice Collet, un autre élément aurait tendance à motiver davantage les investissements au niveau des réseaux de marques : l'amélioration de la qualité de lavage…

Les nouvelles brosses "anti-rayures" ont indiscutablement le vent en poupe

Un argument que WashTec met en avant, via son portique Sofcare Pro dont l'une des caractéristiques principales, outre le fait de disposer de la haute pression intégrée, est d'utiliser des brosses en polyéthylène expansé brevetées. Issues d'un travail en collaboration avec l'italien Favagrossa (le leader en matière de fabrication de brosses) qui les commercialise également, mais avec une densité différente, ces brosses reçoivent prosaïquement le label "anti-rayures". Plus concrètement, elles ont pour principal avantage de ne laisser quasiment aucun dépôt et, par conséquent, aucune trace terne sur la peinture. En outre, la durée de vie d'une brosserie "SofTecs", c'est leur nom, permet d'effectuer deux fois plus de lavages qu'une brosserie classique, c'est-à-dire entre 70 000 et 80 000 lavages. "Plus de 50 % de nos machines commercialisées sont munies de ces brosses, indique Fabrice Collet. En Allemagne, elles représentent 95 % du marché." Précision d'importance, toutefois. WashTec déconseille fortement d'installer ces brosses sur un portique non prévu pour, dans la mesure où, pour une meilleure efficacité, celles-ci sont associées à un système de translation spécifique : la vitesse de rotation et les couples sont différents, la gestion des appuis étant traitée avec le suivi du contour du véhicule. Evidemment, partant du principe qu'on n'a rien sans rien, le surcoût est de 13 à 15 % par rapport à un système de translation pour brosses nylon. Le jeu en vaut toutefois la chandelle, puisqu'un portique ainsi équipé permet non seulement d'augmenter le prix de vente moyen du lavage (il est de 7 à 8 e, bien que certains programmes coûtent même jusqu'à 16 e), mais aussi de reconquérir une clientèle partie… vers d'autres horizons. "En 2004, bon nombre d'investisseurs privés n'ont pas hésité à supprimer des pistes HP pour remettre des portiques, indique Fabrice Collet. D'ailleurs, nous n'en avons jamais autant vendu par paire. En fait, pour ce qui concerne le Softcare, nous en avons déjà commercialisé une centaine, ce qui n'est pas rien." A titre indicatif, les objectifs de WashTec France sont d'en installer environ 400 d'ici à fin juin 2006, ceci afin d'avoir une vraie visibilité. Une chose est certaine, la concurrence a réagi puisque, aujourd'hui, les principaux acteurs adhèrent au concept. Patrick Koenig va dans le même sens pour ce qui concerne Christ. "Les brosses en tissu font revenir une clientèle qui avait boudé les portiques pendant un certain temps", dit-il. Apparemment, si la génération 30-50 ans demeure toujours antiportique, au contraire des plus de 50 ans, le vrai décalage réside au niveau de la nouvelle génération. Sans complexe, et sans doute quelque peu influencée par l'équipement des réseaux de marques, celle-ci plébiscite haut et fort le portique. Reste que, au risque de se répéter, le portique 100 % HP, cas à part il est vrai, a du mal à prendre son envol. Pire, il a du "plomb dans l'aile". En effet, et c'est un élément nouveau, WashTec France vient de décider d'arrêter sa commercialisation. "Cette décision nous semble naturelle, compte tenu du succès du portique à brosses anti-rayures", précise Fabrice Collet. Décision d'autant plus naturelle qu'un autre élément entre en ligne de compte : le fait pour un portique 100 % HP d'être obligé d'utiliser de la chimie très agressive pour palier l'absence d'effet mécanique, ceci en vue d'obtenir un résultat correct, engendre une usure excessive du matériel. "Notre constat est sans appel, affirme Fabrice Collet. Ce style de matériel demande quatre fois plus d'interventions que sur un portique classique à brosses." Sans parler du coût du matériel, plus élevé lui aussi. Bref, comme dirait l'autre : "Y'a pas photo !"

Le niveau trop bas des nappes phréatiques constitue une menace permanente pour la profession

Reste que, en terme d'exploitation, un élément joue un rôle déterminant : la météo. Dans ce contexte, la longue période de gel du début d'année a condamné le matériel au repos forcé. A contrario, le passage direct de la neige au printemps ou presque pour ce qui concerne certaines régions, s'est révélé très porteur pour le lavage. Résultat, au très mauvais mois de janvier 2005 ont succédé deux mois porteurs, à savoir février et mars. "Ces deux derniers mois ont permis aux exploitants de sortir des comptes positifs, mais pas extrêmement", note Fabrice Collet. Mais attention, ainsi que le rappelle Patrick Koenig, "si l'exploitation engendre une certaine inertie, la répercussion sur la décision d'achat prend toujours un certain temps, que nous évaluons en moyenne à quatre mois". Bref. Il y a aussi et surtout la sécheresse constatée sur l'ouest de l'Hexagone avec pour conséquence directe un niveau trop bas des nappes phréatiques. Ou comment les arrêtés visant à interdire le lavage des véhicules (notamment dans les Deux-Sèvres) sont ressortis du chapeau dès le mois de mars ! Une véritable épée de Damoclès pour la profession, quelque peu démunie face à un problème… récurrent. En effet, dans le cas où ces arrêtés seraient appliqués, seules pourraient être habilitées à exercer leur métier les stations équipées d'un système de recyclage d'eau. Pour beaucoup, l'été s'annonce difficile. "A ma connaissance, seuls 3 % des centres en sont équipés en France, note Fabrice Collet. Or, il est clair que l'avenir du métier repose sur cet élément." Et celui-ci de rappeler que tous les pays nordiques ainsi que l'Allemagne ne livrent aucune installation de lavage sans système de recyclage. "Il est obligatoire et rentre dans le dossier du permis de construire, dit-il. En clair, tout investisseur doit être en mesure de prouver qu'il va recycler 80 % du volume d'eau utilisé." Deux problèmes de fond en ce qui concerne la France : d'abord, ce genre de démarche ne correspond pas vraiment à notre culture ; ensuite, elle entraîne un surinvestissement, surtout au niveau du génie civil. "Il faut savoir qu'un système de recyclage d'eau repose avant tout sur des cuves de décantation au sol, explique Fabrice Collet. Pour un centre déjà installé, cela équivaut à tout repenser, d'où une enveloppe financière conséquente." A la base, le coût d'une station de recyclage n'est pas trop onéreux - environ 15 200 e HT -, mais la facture globale, c'est-à-dire y compris génie civil, peut très bien s'élever à 30 000 e en fonction de la capacité de la station de lavage. "Quand un client investit déjà 214 000 e dans une installation, il a du mal à admettre un investissement supplémentaire de 25 000 e dans une station de recyclage des eaux usées, note pour sa part Patrick Koenig. L'écologie, c'est bien, tout le monde est prêt à faire un effort, mais il faut qu'il y ait une justification économique." Selon Fabrice Collet, la solution pourrait venir (le conditionnel s'impose) de subventions attribuées par l'Etat, dans le cadre d'une uniformisation européenne sur la réglementation de l'eau. "Dans ce contexte, les stations de lavage existantes pourraient bénéficier d'un délai de 3 à 4 ans, par exemple, pour se mettre en conformité." Une chose est certaine, le problème demeure on ne peut plus d'actualité.


Marc David





ZOOM

Sur le terrain

Auparavant équipé d'un Wesumat Evolution, le garage Brie des Nations, concessionnaire Renault (en fait, l'un des points de vente du très puissant groupe Nations qui représente notamment Renault, Ford, Mazda, Fiat et Mercedes), à Noisiel, dans le 77, a investi depuis peu (fin 2004) dans le nouveau portique Softcare Pro de WashTec. "Le résultat obtenu n'a rien à voir avec celui de notre ancien portique, explique Albert Ronceray, responsable de la station-service. Le Softcare est bien plus performant." Selon lui, le gain se situe au niveau de la brillance de la carrosserie, bien sûr (le tout sans micro-rayures), mais aussi au niveau des bas de caisse et des roues, la clientèle demeurant très exigeante en ce qui concerne les jantes aluminium. "Là, c'est le jour et la nuit, assure-t-il. Sans doute le résultat de la haute pression intégrée au portique." Il faut savoir que les prix de vente des différents programmes (six au total) vont de 3,50 à 14 e, sachant que les plus prisés de la clientèle sont les plus chers, soit ceux compris entre 10 et 14 e. Résultat, une augmentation sensible du CA et également de la fréquentation (+ 30 % au niveau de cette dernière), même si la longue période de gel rencontrée cet hiver avec pour conséquence l'arrêt du matériel, brouille quelque peu les cartes. Cela dit, le fait pour la station de distribuer près de 20 000 litres de carburant/jour donne une idée du potentiel.

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