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Patrick Berchot, directeur général Europe GE Money Bank

Publié le 11 avril 2008

Par David Paques
5 min de lecture
Une baisse du ticket moyen de 7 à 8 % depuis janvier. Au sortir d'une année 2007 stable, la filiale de General Electric met en exergue les mutations en cours sur le marché français, que provoquent la hausse des taux d'intérêts et l'introduction du bonus écologique.Journal...
Une baisse du ticket moyen de 7 à 8 % depuis janvier. Au sortir d'une année 2007 stable, la filiale de General Electric met en exergue les mutations en cours sur le marché français, que provoquent la hausse des taux d'intérêts et l'introduction du bonus écologique.Journal...

...de l'Automobile. Quel bilan faites-vous de l'exercice 2007 ?
Patrick Berchot. L'année 2007 n'a pas été simple, avec notamment des réalités bien différentes entre le véhicule neuf et le véhicule d'occasion. Globalement, le marché est en légère régression. La morale à retenir, que ce soit pour le VN ou pour le VO, c'est que le crédit classique est en baisse, au profit de la LOA. Le taux d'intervention de financement en concession est, quant à lui, relativement stable. Nous avons bien résisté aux attaques bancaires qui utilisent l'automobile comme un produit d'appel. Globalement, la part de financement en concession se situe entre 34 et 35 %. Une position stable depuis longtemps.

JA. Comment expliquez-vous la hausse de vos montants financés alors que le nombre de vos dossiers traités est à la baisse ?
PB. D'abord, comparativement à nos financements de VO, le poids de nos financements VN a augmenté. Cela explique donc en partie cette situation. La 2e raison est que, chez nous, la LOA a augmenté plus vite que le marché. Nous avons notamment un fort développement chez les TPE et les professions libérales. Une cible qui a tendance à jeter son dévolu sur des véhicules dont le ticket moyen est légèrement supérieur aux véhicules classiques. Cela nous a permis de faire mieux que compenser les difficultés du marché.

JA. La hausse des taux d'intérêts a-t-elle impacté vos marges ?
PB. Le souci est que nous ne pouvons pas répercuter "en temps réel" cette hausse sur le client et ce comme pour tous les acteurs. En période de hausse des taux, de plus, il y a une extrême volatilité sur les coûts de refinancement. D'un mois à l'autre, nous pouvons donc voir des écarts de 30 centimes sur ces coûts. Notre portefeuille de dossiers acceptés, non encore refinancés, a donc un effet négatif sur nos marges. C'est mécanique.

JA. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce début d'année 2008 ?
PB. C'est un peu différent dans la mesure où nous avons eu sur quelques semaines une amélioration des coûts de refinancement. Ce qui confirme l'extrême volatilité dont nous parlions.

JA. Comment jugez-vous l'influence du bonus écologique sur vos activités ?
PB. Dans son ensemble, le marché a été fortement impacté. Peut-être même bien plus que ne l'auraient imaginé les têtes pensantes qui ont mis sur pied le système. D'abord, depuis la mise en place du bonus- malus, les transactions de véhicules d'occasion de moins d'un an sont reparties à la hausse. Ce que nous n'avions pas vu depuis deux ans. C'est le premier constat.
Après, cela a eu pour conséquence de renforcer les ventes de véhicules émettant moins de 130 ou de 160 g CO2/km. Le mix modèle au sein des marques a véritablement changé. Dès le mois de décembre 2007, les effets de la future loi se sont fait sentir à plein, avec notamment des volumes de vente exceptionnels sur les véhicules émettant plus de 160 g CO2/km. Aujourd'hui, nous sommes dans une phase plus mûre dans la mise en place de cette mesure. La demande sur les véhicules plus vertueux est toujours aussi soutenue. Et cela a pour effet d'allonger les délais de livraison. La période que nous allons vivre va donc être très intéressante. Les clients vont-ils accepter ces délais ? Vont-ils reporter leurs achats sur d'autres modèles ? Vont-ils monter en gamme ? Et puis, le Grenelle II vient de s'ouvrir. On parle d'une annualisation du malus. Les évolutions sont permanentes et il est donc très difficile de prévoir les réactions du consommateur et de faire des projections.

JA. Concrètement, la typologie des véhicules aujourd'hui recherchés a-t-elle eu un impact sur vos montants financés ?
PB. Là encore, c'est mécanique. Le bonus-malus a eu un réel impact sur le ticket moyen. Nous estimons que depuis le début de l'année, celui-ci a baissé de 7 à 8 %. Il y a un effet destructeur certain. Après, il faut être prudent car le process n'est absolument pas stabilisé. Il est trop tôt pour faire les comptes. Je ne suis pas extrêmement optimiste. Mais l'automobile reste un produit à propos duquel le rationnel ne l'emporte pas toujours.

JA. Quels sont les outils dont vous disposez pour contrebalancer cet impact négatif, combiné de la hausse des taux d'intérêts et du bonus-malus ?
PB. La LOA est une solution pour défendre nos marges. Cela permet en effet de maintenir une rentabilité acceptable. Puis cela permet au client, au sein d'une même mensualité, de monter en gamme sans augmenter son loyer. Mais ce n'est pas le seul outil. Il nous faut également travailler sur les services qui accompagnent le financement. En tant que financeur, nous avons la légitimité pour proposer des produits d'accompagnement comme la garantie. D'ailleurs, depuis l'année dernière, notre garantie capital est passée de 3 à 5 ans sur le montant facturé. Nous ne sommes pas encore sur le modèle d'une pure location longue durée. Mais nous sentons clairement une attente sur le sujet de la part des particuliers. A nous de fournir la bonne réponse. Nous n'avons pas attendu le bonus-malus pour travailler sur la LLD aux particuliers. Mais il est vrai que, dans le domaine, le bonus-malus aura un effet accélérateur pour certains acteurs.

JA. Comment voyez-vous se terminer l'année 2008 ?
PB. Je pense que ce que nous allons gagner en immatriculations, nous le perdrons en volume financé. En valeur, je parie donc sur un marché stable. Ce que nous pouvons dire clairement, c'est que les constructeurs français sont les plus grands bénéficiaires de la fiscalité actuelle. Comme le poids de leur captive est important au sein de leurs concessions, je pense que les captives des constructeurs français devraient reprendre une certaine santé en 2008.

Photo : Patrick Berchot : "Nous avons bien résisté aux attaques bancaires qui utilisent l'automobile comme un produit d'appel".

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