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Mobilité : ce que révèle le rachat de LeCab par SnapCar

Publié le 8 juillet 2019

Par Gredy Raffin
3 min de lecture
Le marché français des VTC connait un mouvement d'envergure puisque SnapCar vient de sceller le rachat de son concurrent, LeCab, le service supporté par Keolis. Derrière cette annonce, on décèle un élan de désengagement de la SNCF. Et ce n'est pas terminé.

 

La concentration se poursuit dans le secteur des nouvelles mobilités. Cette fois, il s'agit de la branche des VTC. Keolis a annoncé, le 8 juillet 2019, son retrait du marché des véhicules avec chauffeur en cédant l'activité de la société LeCab à son concurrent SnapCar. Une transaction validée pour un montant non communiqué. La réalisation définitive de l'opération de cession reste soumise à des conditions de finalisation. Elle devrait intervenir fin juillet.

 

Les deux entités ont un profil similaire. Sur ce marché largement dominé par le groupe américain Uber et – dans une moindre mesure – par Kapten (Daimler), SnapCar et LeCab "s'adressent principalement aux entreprises". Conjuguées, elles vont couvrir 23 agglomérations à travers l'Hexagone, ont-elles tenu à souligner dans un communiqué publié à l'occasion de l'événement. Le rachat de LeCab "concrétise notre ambition de construire une plateforme VTC 100% française solide et pérenne", a déclaré Yves Weisselberger, le président et co-fondateur de SnapCar.

 

L'échec de Keolis

 

D'un autre point de vue, cette opération trahit l'échec de Keolis. L'opérateur de transports publics a reconnu qu'il n'avait pas obtenu les résultats escomptés depuis sa prise de contrôle de LeCab en 2016. "L'activité ne s'est pas révélée aussi porteuse qu'espérée, a déclaré un porte-parole à l'AFP. On a jugé qu'on n'était plus le meilleur acteur pour la poursuivre". Néanmoins, Keolis estime avoir acquis une expérience utile avec l'opérateur de plateforme VTC. Elle aurait facilité le lancement de nouveaux services de transports à la demande.

 

Seule la société LeCab est concernée par cette vente. Voxtur, dont Keolis est actionnaire à hauteur de 99 %, continuera d'animer LaBerline, le service de location de véhicules aux chauffeurs, développé en parallèle du VTC. Située en région parisienne, cette branche a négocié un accord pour fournir des Peugeot 508, avec un prix préférentiel pour les professionnels engagés sur la plateforme LeCab.

 

Désengagement du covoiturage

 

Cet accord de cession en dit beaucoup plus, en réalité. Au-delà de la filiale de transports urbains, c'est bien le groupe SNCF qui semble se metttre en retrait des services de nouvelle mobilité. On se souvient qu'en novembre 2018, la compagnie OuiBus avait été cédée à BlaBlaCar, ouvrant la voie à une collaboration de long terme avec la plateforme de covoiturage. La SNCF avait notamment profité de l'opportunité pour entrer au capital de BlaBlaCar, avec un apport de 101 millions d'euros.

 

Et le groupe est en passe d'annoncer un nouveau désengagement. Selon nos informations, la filiale IDVroom va changer d'actionnaire majoritaire. Le départ en toute discrétion de Frédérique Ville, la directrice générale emblématique, au début de l'année, avait jeté le flou sur l'avenir de l'entreprise. La plateforme de covoiturage doit rejoindre le périmètre d'un de ses concurrents directs, capable de traiter aussi bien avec les autorités organisatrices des mobilités (AOM) sur les territoires que les gestionnaires en entreprise, et lui apporter sa base de 800 000 inscrits. Une opération qui donnerait alors naissance à l'acteur le plus important du secteur du covoiturage domicile-travail, en Europe. 

 

La SNCF aura certes tiré des enseignements et des compétences de cette période riche en déploiements de technologies et de services, mais il est une vérité, celle que les modèles économiques sont difficiles à trouver et ce même pour les entreprises les plus puissantes. Pour les politiques, le signal n'est pas des plus valorisants. Alors que la version finale de la Loi d'orientation des mobilités est attendue, un géant des transports qui se retire résonne comme un manque de confiance dans le potentiel libéré par le futur cadre.

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