Les indépendantes fourbissent leurs armes
Quelques financières pourraient bien regretter 2010. En effet, l’exercice à venir s’annonce riche en nouveautés et événements susceptibles de faire perdre des parts de marché à certains grands acteurs du financement : tous les professionnels du secteur vont devoir s’adapter à l’arrivée des premiers VE et intégrer les nouvelles mesures de la loi Lagarde. “Les plus importantes entreront en vigueur courant 2011”, souligne toutefois Virginie Constant, consultante au sein du cabinet de conseil et de veille concurrentielle Sémaphore Conseil. “Les mesures à venir vont avoir des conséquences moins sur les niveaux de production que sur les process de travail en concessions”, nous a aussi indiqué Jean-Marie Thierry, le directeur de Viaxel. L’an prochain, les vendeurs sur le lieu de vente devront notamment avoir suivi une formation à la distribution de crédits et tenir des fiches de dialogue et d’information avec les emprunteurs. Les taux d’usure ne dépendront eux plus du type de crédit mais des montants empruntés (prêts inférieurs à 3 000 euros, prêts compris entre 3 000 et 6 000 euros et prêts supérieurs à 6 000 euros) et tous les organismes prêteurs devront vérifier la solvabilité des emprunteurs via la consultation du fichier des incidents de paiements (FICP). “A ce jour, seul le volet publicité de la réforme est entré en vigueur”, poursuit Virginie Constant, le décret sur les mesures liées au surendettement ayant été publié juste après cet entretien (la durée d’inscription au fichier des incidents de paiement passe de 8 à 5 ans pour les personnes engagées dans une procédure de redressement personnel et de 10 à 5 ans pour celles engagées dans un plan de remboursement élaboré par une commission de surendettement). Le volet publicité de la réforme stipule entre autres que le taux de crédit affiché sur un support de communication doit apparaître dans une taille de caractère au moins aussi importante que celle du taux promotionnel et que tout support doit désormais comporter la mention légale : “Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifier vos capacités de remboursement avant de vous engager”.
“Cetelem Automobile et la Maaf sont les deux seules non captives à avoir lancé des offres de financement dédiées aux VE”
Une chose est sûre : le volet publicité de la réforme n’a pas franchement eu d’impact sur les volumes de production des financières. “Ces mesures nous laissent moins d’espaces de créativité mais elles vont dans le bons sens dans la mesure où elles rassurent les clients”, nous a ainsi déclaré Jean-Christian Valette, le directeur marketing prescripteurs de Cetelem Automobile. Cet organisme n’en a pas moins anticipé des mesures appelées à être beaucoup plus “impactantes”. “Cetelem Automobile vient de lancer une offre de financement qui affiche une durée de réflexion de trente jours”, illustre Virginie Constant. Or actuellement, le délai légal de rétraction est de 7 jours et il doit simplement passer à 14 jours courant 2011. Et l’organisme de crédit ne paraît pas vouloir s’arrêter là.
Cetelem Automobile vient de faire savoir qu’il ne comptait pas rester inactif en matière de financement de VE : l’organisme de crédit a lancé récemment une offre permettant d’acquérir un VE, une offre qui en appellera beaucoup d’autres aux dires de son directeur marketing prescripteurs (voir article ci-après). “Cetelem Automobile et la Maaf sont les deux seules sociétés non captives à avoir lancé des offres de financement dédiées aux VE”, souligne la consultante de Sémaphore Conseil. Cette dernière considère néanmoins qu’il s’agit là d’abord et avant tout d’une stratégie de communication.
Les financières dans leur ensemble restent concentrées sur les ventes aux professionnels et véhicules thermiques
Les autres sociétés de financements non captives ? Elles sont encore en période d’observation, considérants qu’il n’y a pas encore d’offre ou que les constructeurs les empêchent de se lancer sur le marché en privilégiant quasi exclusivement la seule location (elle leur permettrait de “déguiser” des subventions et donc de fausser quelque peu la valeur résiduelle des VE).
“Les financières dans leur ensemble restent concentrées sur les ventes aux professionnels et les véhicules thermiques ou hybrides”, indique toutefois Virginie Constant, cette responsable considérant aussi que les sociétés de crédit indépendantes devraient surtout communiquer sur les garanties annexes au niveau de leurs futures offres de financement VE. “Et dans un premier temps, leurs offres de financement devraient surtout reposer sur du crédit classique ou de la LOA”, précise la consultante. La première technique de financement permet de supprimer la problématique des valeurs résiduelles et la seconde de fidéliser le client final. “Nous n’excluons pas de proposer à terme des VE en LLD”, nous a néanmoins déclaré Frédéric Rémy, le responsable du marché automobile de Financo. Cette financière travaille toujours au développement d’une offre de LLD, prestation qui s’adressera aussi bien aux particuliers qu’aux PME-PMI. En attendant, elle va s’attacher à promouvoir à la fois son futur logiciel de gestion d’encours stocks et sa toute récente solution de gestion de floor plans constructeurs. Financo devra pourtant compter avec la concurrence. “Le financement de stocks est un argument de conquête”, rappelle Pascal Roussarie, responsable de la communication corporate de BNP Paribas Personal Finance. “Aucune financière ou presque ne [peut] désormais travailler avec un distributeur si elle ne dispose pas de ce type d’offre dans son “catalogue””, affirme pour sa part Jean-Marie Thierry.
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