Le VE est-il à sa place dans notre société ?

Le véhicule électrique est aujourd'hui partie prenante d'un monde plus sain. Hommes politiques, industriels ou chercheurs en sont tous convaincus. Mais le VE est-il réellement adapté à notre société ? Répond-il à la crise énergétique actuelle ? Sommes-nous tous égaux devant lui ? Autant de sujets qui ont été débattus lors du dernier rendez-vous organisé par l'Avere-France. Pour répondre à ces questions, l'association avait invité André Broto, directeur général adjoint de Cofiroute, Jean-Marc Jancovici, directeur associé de Carbone 4, ainsi que le sénateur Louis Nègre.

D'emblée, ce dernier a tenu à rappeler l'importance et l'impact qu'a sur l'environnement le véhicule électrique. Baisse de la pollution, du bruit et des dépenses en carburant sont autant d'avantages allant dans son sens. En défenseur acharné du sujet – il conduit lui-même une Renault Fluence et a doté Cagnes-sur-Mer, commune dont il est maire, de véhicules propres –, il a aussi souligné le caractère plus réfléchi d'un VE. Louis Nègre s'est ainsi dit persuadé que cette solution incitait les conducteurs à mieux "penser" leurs déplacements.

Ne pas confondre environnement et énergie

Face à ce constat flatteur, Jean-Marc Jancovici s'est montré, de son côté, beaucoup plus réservé. Pour ce spécialiste, si le véhicule électrique répond bien à la problématique environnementale, il n'en va pas symétriquement de même d'un point de vue énergétique. Alors qu'un VE permet de moins consommer de carburant, sa production engendre, elle, une importante production de CO₂. En effet, remplacer l'énergie fossile par l'électrique sous-entend créer de quoi produire cette énergie, être en mesure de la stocker, pouvoir la faire circuler et réussir à la diffuser. Au final, la production d'un VE peut se révéler tout aussi gourmande en énergie qu'une voiture thermique. D'où une certaine critique du débat actuel, qui tend à nous faire passer ce type de véhicule comme la recette "magique" à nos problèmes.

Disparité sociale

Par ailleurs, le VE peut également potentiellement être source d'inégalités. Comme l'a souligné André Broto, on s'aperçoit aujourd'hui que l'offre d'éco-mobilité est essentiellement cantonnée aux grands centres urbains. Les habitants de Paris bénéficient ainsi de multiples lignes de métro, de moyens de locomotion en partage, d'une proximité plus grande qu'ailleurs avec leurs entreprises, et de moyens financiers globalement plus importants. Autant d'avantages que n'ont pas les "banlieusards". Distance et temps de transport plus long, accès aux infrastructures de recharge moins important, sont autant de problèmes auxquels, actuellement, le VE ne répond pas. Un véritable écosystème reste encore à construire.

Au final, il ressort de ce débat que, si ce véhicule en tant que tel n'est pas à remettre en cause, ses avantages sont sans doute à relativiser. Il ne peut être considéré comme la solution idéale à tous nos problèmes et doit être pris en compte dans un système global. Si, à l'heure actuelle, le VE semble à la portée des grandes agglomérations, il n'en est pas de même une fois ailleurs. Messieurs Jancovici et Broto se sont dit convaincus que le sujet aurait tout à gagner à se recentrer sur les banlieues et les zones rurales, là où la réflexion sur le véhicule propre ne semble pas avoir encore abouti.

Article écrit pour la Newsletter du véhicule électrique - Collaboration Avere-France - Journal de l’Automobile