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Le marché des lubrifiants en baisse

Publié le 5 octobre 2022

Par Marc David
4 min de lecture
En légère régression à l'issue du premier semestre 2022, le marché des lubrifiants enregistre une forte chute sur le seul mois de juillet. Une situation peu commune pour ce mois estival, sans doute due à un phénomène de surstockage durant les mois précédents.
Composant essentiel de l'élaboration d'un lubrifiant, l'huile de base demeure au cœur d'un marché tendu.

Avec un mois de juin à -2,4 % selon les statistiques du CPL (Centre professionnel des lubrifiants), le premier semestre 2022 a été bouclé sur un retrait minime de 0,2 % (150 670 tonnes) par rapport au 1er semestre 2021. Las, avec un retrait marqué de 13 % à lui seul, le mois de juillet suffit à porter la baisse à -2 % après 7 mois d'activité (173 496 tonnes), soit exactement le même niveau que celui de l'année courante, c'est-à-dire du 1er août 2021 au 31 juillet 2022.

 

Certes, pour ce qui concerne juillet, les chiffres publiés par le CPDP (Comité professionnel du pétrole) font état d'une baisse de 6,2 % des livraisons de carburants routiers sur le marché national. Plus précisément, les livraisons de sans plomb affichent une baisse de 0,6 %, tandis que parallèlement, les livraisons de gazole ont plongé de 8,2 %. Un certain paradoxe, déjà, quand on sait que la période estivale s'est révélée plutôt porteuse sur le plan touristique. Les français ont-ils moins utilisé leur véhicule compte tenu des prix à la pompe ? Sans doute, puisque la SNCF a connu une fréquentation record avec 23 millions de billets vendus pour juillet et août, soit une progression de 10 % par rapport à 2019.

Un certain manque de dynamisme dans les ateliers

 

Ce phénomène est-il directement lié au net tassement du marché côté lubrifiants ? Chez Yacco comme chez Motul, on reconnaît que ce mois de juillet s'est avéré peu dynamique. "Nos remontées terrain nous ont rapporté une faible activité dans les garages sur les mois de mai et juin, sachant que le phénomène s'est poursuivi en juillet et août, fait remarquer Eric Candelier, président de Yacco. Maintenant, la baisse très marquée sur juillet demeure un sujet d'interrogation, dans la mesure où il s'agit généralement d'un mois plutôt porteur".

 

A noter que le baromètre d'activité Mobilians-Solware le confirme, avec une activité à fin août de -5,9 % par rapport à 2021. Mais, Eric Candelier d'avancer une autre explication. Selon lui, les hausses successives consentis par les différents acteurs sur leurs produits finis (entre 12 et 15 % au cumul), hausses dues à l'envolée du coût des matières premières, ont sans nul doute joué un rôle. "Nous l'avons constaté par le biais de notre hausse passée au 31 mai, qui nous a permis de réaliser un mois de mai anormalement élevé, note-t-il. Il en va de même pour septembre, puisque ce mois marquait le passage de notre deuxième hausse".

 

Un effet de surstockage qui malheureusement, se paie sur le mois ou les deux mois suivants. Reste que, pour les différents acteurs, impossible de déroger à cette démarche, dans la mesure où la flambée des matières premières se poursuit de manière inquiétante. Ainsi, pour ce qui concerne Motul, autre grand industriel du graissage du secteur avec Yacco, l'approche est identique.

La conséquence des hausses successives

 

Responsable marketing et grands comptes au sein de Motul, Cédric Blanc le confirme : "si depuis le début de l'année on constate effectivement une certaine stabilité du marché en volume, et c'est aussi le cas en ce qui nous concerne, en revanche, notre chiffre d'affaires est en progression, note-t-il. Il s'agit là de la conséquence des hausses que nous avons dû passer sur nos produits eu égard au coût des matières premières, une situation inédite. En fait, une première hausse en mai et une deuxième en septembre".

 

Exemple typique d'inflation, l'huile de base de groupe 1 référencée par l'ICIS (Independent Commodity Intelligence Services). Avec un cours à 1 650 dollars/tonne à fin août, contre 930 dollars début janvier, ce type d'huile de base a subi une augmentation pharaonique de 77 %. Une hausse directement liée au conflit ukrainien, la Russie se positionnant comme un gros producteur de ce type d'huile. Ici, il est aussi question de disponibilité. Et c'est bien à ce niveau que le bât blesse pour ce qui concerne les additifs. En effet, tandis que la situation demeure tendue sur les additifs d'huiles de boîtes de vitesses, l'accident de Lubrizol (26 septembre 2019) aurait toujours des incidences sur la fourniture de certains additifs d'huile moteur.

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