Le marché de la carrosserie à la croisée des chemins
Les réparateurs qui s'adapteront à la transformation du marché de la carrosserie ont encore un bel avenir devant eux. En effet, le volume de réparation-collision auto reste pour l’instant relativement stable d’après l'étude prospective sur "l'après-vente automobile en 2030", de TCG Conseil/Mobilians.
Cette activité est passée de 7,4 à 7,3 millions de chantiers de réparation automobile entre 2019 et 2022. Mais son volume pourrait descendre à 6,3 millions en 2030. Les réparations de sinistre auto devraient donc sérieusement diminuer de -13,4 %, du fait de l'évolution du parc, des technologies et des usages autour des véhicules.
L'impact des Adas et des VE
Mais paradoxalement, les observateurs estiment que la valeur de ce marché de la carrosserie pourrait augmenter de 6,3 % sur la même période. Cette tendance est déjà amorcée, puisque le chiffre d’affaires du secteur de la carrosserie est déjà passé de 8,92 milliards d'euros en 2019 à 9,58 milliards en 2022. L’étude TCG Conseil/Mobilians estime qu’il pourrait atteindre les 10,18 milliards d'euros dans six ans.
Le syndicat professionnel précise que pour l'instant, l'apparition des systèmes d'aides à la conduite (Adas) ont moins réduit la sinistralité que la diminution du kilométrage parcouru. Car, ceux-ci restent encore minoritaires dans le parc roulant.
Ils ne se révèlent pas non plus toujours fiables et leurs utilisateurs leur font parfois trop confiance. Plus globalement, les effets des Adas sur la sinistralité ont aussi été atténués par la tendance des VE – de plus en plus nombreux dans le parc roulant – à subir légèrement plus d'accidents que leurs homologues thermiques.
Cependant, certains systèmes Adas étant obligatoires sur les VN depuis 2022 (sur les nouveaux modèles) et 2024 (sur tous les véhicules), ils devraient équiper plus de la moitié des véhicules sur route en 2030. La proportion des chocs importants devrait donc continuer de baisser. Elle devrait passer de 26 à 20 % entre 2022 et 2030.
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Conséquences de ces mutations : la diminution des chocs et la réduction de leur importance réduit théoriquement le coût des réparations. Ce mouvement devrait encore être accentué par le recours croissant à la pièce de réemploi (PRE). Sa part dans les réparations pourrait passer de 3,5 % aujourd'hui à 25 %, grâce à l’incitation des assureurs.
Intéressant à condition d'investir
Mais en réalité, les nouveaux véhicules sont plus coûteux à réparer. Ainsi, le remplacement et le recalibrage des Adas renchérit la facture des carrossiers. Tandis que les VE restent en moyenne 25 % plus chers à réparer que leur équivalent thermique, alors qu’ils sont de plus en plus nombreux. Leur surcoût est dû à la fois au traitement de la batterie (mise en sécurité, déconsignation, etc.) et aux recourt à certains matériaux : aluminium, aciers spéciaux, etc.
Parallèlement pour les carrossiers, certaines activités hors-assurance devraient encore se développer. Celles-ci comprennent notamment les réparations rapides, avant restitution des véhicules de location longue durée. La facturation de ce type d’activité devrait même compenser la réduction des chantiers de réparation-collision.
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Cependant, pour surmonter ces évolutions et en profiter, les carrossiers (indépendants et concessionnaires) doivent sérieusement investir. Les formations et les équipements nécessaires pour s'adapter aux nouvelles technologies sont impératives : recalibrage des Adas, prise en charge des VE, réparations de matériaux spéciaux... Sans négliger de former des jeunes, pour pérenniser la main d'œuvre dans les ateliers.
Bataille en vue ?
En résumé, l'étude TCG Conseil/Mobilians indique donc que l’activité carrosserie est prometteuse pour les réparateurs qui resteront au niveau. À l'échelle de l'ensemble de l'après-vente, la carrosserie (associée aux activités annexes : lavage, contrôle technique…) contribuerait même à compenser le ralentissement de la maintenance mécanique due à l’essor des VE.
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Certains ne s’y trompent pas. Ainsi, depuis quelques années on constate que certains concessionnaires s'intéressent à nouveau à cette spécialité. Ils investissent dans des carrosseries ultra-modernes.
Tandis que du côté des indépendants, certains transforment leurs entreprises. Des carrossiers ouvrent de grands ateliers, optimisés en mode semi-industriel. Des mouvements qui pourraient annoncer une future bataille sur ce terrain, entre réseaux de constructeurs et indépendants.
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