Le contrôle technique traque désormais les airbags Takata

Le gouvernement change de braquet dans la gestion de la crise des airbags Takata. D’ici 24 mois, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires veut passer au peigne fin l’ensemble du parc concerné et faire réparer les véhicules aux équipements défectueux.
Pour y parvenir, le contrôle technique est désormais mobilisé comme filtre systématique, en complément des campagnes de rappel déjà menées par les constructeurs. Le dispositif, annoncé l’été dernier, entrera en application au 1er janvier 2026, une fois le décret paru au Journal officiel.
Un contrôle technique connecté aux rappels constructeurs
Désormais, à chaque passage au contrôle technique, le centre interrogera automatiquement une base de données recensant les véhicules faisant l’objet d’un rappel grave constructeur. Si le véhicule est concerné, la mention apparaîtra sur le procès-verbal remis au propriétaire, sans impact immédiat sur la validité du contrôle. L’objectif est de donner aux automobilistes une vision claire des défaillances susceptibles d’affecter leur voiture.
"C’est une nette amélioration par rapport au système précédent, puisque là, à chaque contrôle technique, le propriétaire du véhicule aura une visibilité sur le ou les rappels graves qui concernent son véhicule", a expliqué Alexandre Dozières, directeur adjoint à la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), lors d’un point presse.
En revanche, pour les véhicules frappés d’un "stop drive" en lien avec un airbag Takata, la sanction tombe aussitôt : le contrôleur prononcera une défaillance critique, avec obligation de contre-visite. Le véhicule sera alors interdit de circulation dès le lendemain de la visite et jusqu’au remplacement effectif de l’airbag.
Le coût de cette contre-visite restera à la charge de l’automobiliste. Le ministère a toutefois demandé aux centres de contrôle technique de faire preuve de "bienveillance et de modération" dans la tarification de ces contre-visites spécifiques.
Une course contre la montre pour 1,35 million de véhicules
L’objectif est clair : donner un coup d’accélérateur à une opération de rappel d’une ampleur inédite. Depuis le début de l’affaire, 2,8 millions de voitures ont été concernées par une campagne Takata en France. À fin mars, 1,2 million d’entre eux avaient déjà été corrigés, dont 670 000 depuis le mois de juillet.
Reste toutefois un nombre conséquent : 1,35 million de véhicules soumis à une consigne "stop drive" et encore en circulation, auxquels s’ajoutent 450 000 véhicules faisant l’objet d’un rappel dit "simple", à traiter d’ici fin 2026. Le gouvernement veut hâter les réparations car ces équipements défectueux restent à l'origine de nombreux accidents sur la route.
À ce jour, 46 accidents liés à l’éclatement d’un airbag Takata ont été recensés en France, avec un bilan de 25 blessés et 20 décès. Début décembre, un jeune homme d’une vingtaine d’années est encore mort à La Réunion après l’explosion de son coussin gonflable. La majorité de ces drames sont survenus en outre-mer, où chaleur et humidité accélèrent la dégradation des équipements du fabricant japonais.
Constructeurs sous contrainte et menacés d’astreintes
L’activation du contrôle technique vient s’ajouter à un arsenal réglementaire déjà renforcé au cours de l’année. Deux arrêtés, datés des 9 avril et 29 juillet, ont durci les obligations qui pèsent sur les constructeurs.
Désormais, lorsqu’un automobiliste se signale pour faire remplacer son airbag, le constructeur doit lui répondre dans un délai maximum de trois jours et proposer un rendez-vous de remplacement dans les deux mois. Si le délai dépasse 15 jours, il doit offrir une solution de mobilité gratuite : véhicule de courtoisie, prise en charge d’un remorquage, intervention à domicile ou opération dans un rayon de 50 kilomètres.
Plusieurs marques ont déjà été sanctionnées pour non-respect de ces exigences, avec des amendes pouvant atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros. Le ministère suit ces indicateurs de près, avec un suivi hebdomadaire, et n’hésite pas à infliger des astreintes aux constructeurs jugés trop lents.
Ce cadre coercitif s’accompagne d’une campagne de sensibilisation massive, en particulier dans les départements et régions d’outre-mer, où des opérations de prospection en porte-à-porte sont imposées. Avec, en plus, la menace d’une contre-visite bloquante au contrôle technique, l’exécutif espère lever les dernières résistances et faire sortir des routes l’ensemble des véhicules encore équipés de ces airbags à risque.
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