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Lavage : le spectre des restrictions d'eau refait surface

Publié le 14 mars 2023

Par Marc David
5 min de lecture
Déjà mise à mal l'an dernier, la profession ne ménage pas ses efforts pour tenter de faire face en amont aux mesures de restriction d'eau dont elle fait l'objet. Pas simple, compte-tenu du contexte négatif qui se profile déjà.
A l'instar de cette station du Calvados à l'été 2022, les fermetures administratives prises dans l'urgence ne règlent absolument pas le problème de la gestion de l'eau

Trente-deux jours sans véritable pluie sur le territoire à fin février 2023. Une absence de précipitations qui dépasse le record très récent de 2020 et fait de ce mois l'un des plus secs  (en cette période hivernale) avec un déficit pluviométrique de plus de 50 % (- 40 % en Ile-de-France par exemple), selon Météo France.

 

Plus globalement, cet hiver 2022-2023 fait partie des 10 hivers les moins arrosés depuis 1959. Conséquence directe, cette situation compromet le rétablissement des nappes phréatiques. Les trois quarts d'entre elles se trouvant en-dessous de leur niveau moyen, épuisées par la sécheresse historique de l'an dernier.

 

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Pire, pour la plupart des climatologues, les pluies du printemps ne seront pas suffisantes pour recharger ces nappes, et ce d'autant plus que les racines des arbres en pleine végétation ne manqueront pas de "pomper" une partie de ces réserves.

 

Certes, la situation évolue d'une semaine à l'autre mais, au 22 février, quatre départements se trouvaient déjà en "Alerte Renforcée" soit le seuil inférieur à l'état de crise : l'Isère, les Bouches-du-Rhône, le Var et les Pyrénées Orientales. Peu après, l'Ain les rejoignait. De quoi amener Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, à prendre des mesures drastiques dès maintenant, en collaboration avec les sept préfets des grandes régions. Une démarche qui fait suite au plan de sobriété annoncé récemment par Emmanuel Macron, président de la République.

 

Un guide sécheresse toujours ambiguë

 

Avec quels impacts pour le lavage des véhicules en stations ? Déjà, les exploitants désirant créer une nouvelle station (en particulier sur les régions en alerte) sans unités de recyclage ont du "mouron à se faire", quand on sait que certains maires des communes concernées ont pris la décision pour le moins radicale de geler durant quatre ans les demandes de permis de construire ! Ajoutée à une certaine frilosité des banques pour ce qui concerne les financements, il faut s'attendre à une année 2023 pas forcément porteuse du côté des créations pures de stations.

 

Maintenant, pour les stations existantes, retour au Guide Sécheresse élaboré fin 2021. Comme en 2022, celui-ci fait état au seuil d'alerte renforcée d'une "interdiction sauf avec du matériel haute pression, et avec un système de recyclage de l'eau". Un texte officiel soulevant toujours une certaine ambiguïté dans la mesure où, pour rappel, le recyclage ne s'applique pas à la HP dans sa forme actuelle. Une chose est certaine, les agriculteurs ne sont pas les seuls à s'inquiéter de la situation actuelle, et de celle à plus long terme.

 

De quoi, en effet, amener la profession à se mobiliser à nouveau. Si le dialogue avec la direction générale de l'eau a été établi via plusieurs rendez-vous, Mobilians a organisé le 17 février dernier une visio-conférence réunissant une bonne partie des acteurs membres de sa Commission Lavage (fabricants de matériels, réseaux, exploitants indépendants, etc.) que préside Jean-Luc Cottet. Si rien de véritablement concret n'en est ressorti selon nos sources, plusieurs solutions ont été évoquées, comme celle de n'utiliser que la moitié des pistes haute pression d'un centre en cas d'arrêté sécheresse localisé, ou encore de bloquer les portiques sur les trois premiers programmes (voire sur un programme unique en cas de "crise"), moins gourmands en matière de consommation d'eau.

 

Le recyclage demeure logiquement à l'ordre du jour

 

Une hypothèse déjà évoquée l'an passé, mais difficile à mettre en œuvre dans la mesure où elle nécessite un re-paramétrage sur site avec déplacement du technicien. Et puis, bien sûr, le recyclage des eaux usées demeure également d'actualité (mais dans quelle proportion ?), quand bien même sa stricte application ne serait pas sans impact économique pour la majorité des stations du territoire.

 

En outre, comme le souligne par ailleurs Fabrice Collet (directeur commercial & marketing de WashTec France SAS), encore faut-il avoir l'assurance de pouvoir exercer son activité après avoir investi ! Ce qui n'était absolument pas le cas l'an passé. Dans ce dossier délicat mais ô combien essentiel pour l'avenir de la profession, le plus difficile sera être d'obtenir une véritable cohésion de l'ensemble des acteurs, les intérêts de chacun s'avérant quelque peu différents.

 

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En attendant cette cohésion souhaitable, sachant aussi que le temps presse, Mobilians appelle les pouvoirs publics à l'instauration d'un véritable plan coordonné et progressif avec le secteur, déjà fortement engagé dans une stratégie de long terme en faveur d'une gestion maîtrisé de l'eau, plutôt que la mise en place de restrictions soudaines et préjudiciables aux entreprises. Des entreprises qui, il faut le rappeler, sont souvent des PME qui ont des coûts fixes importants et des marges de manœuvre limitées.

 

Le syndicat demande également la création d'un fonds de compensation pour les pertes subies par les centres de lavage du fait des fermetures administratives. Alors que certaines autres activités économiques fortement consommatrices d'eau bénéficient de dérogations leur permettant de maintenir leur activité, ce fonds s'inscrirait dans une logique de solidarité et permettrait de ne pas freiner l'installation de système de recyclage dans les centres, faute de ressources financières.

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