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Lavage : Le portique en état de grâce

Publié le 19 mars 2015

Par Marc David
14 min de lecture
Un marché porteur en perpétuelle évolution, tant au niveau des tendances que des développements techniques, voilà résumée la situation relative au secteur du lavage. L’exercice 2014 n’a pas dérogé à la règle, avec des positions bien établies côté fabricants/distributeurs.
En mesure d’assurer les fonctions basiques de lavage/séchage, le nouveau portique M1 de Lavance devrait permettre au leader de reconquérir des parts de marché sur le secteur des professionnels de l’automobile.

Plaisir pour les uns, corvée pour les autres, le lavage demeure un acte de la vie courante. Partant de là, deux grands modes sortent toujours du lot : le lavage à la haute pression et le lavage automatique (ou aux rouleaux). Tandis que le premier symbolise une version moderne du lavage à la main, avec derrière des valeurs dites rurales (travail manuel, satisfaction du fait-main avec des résultats visibles…), le second s’associe aux valeurs citadines qui recherchent le résultat en attachant de l’importance aux aspects pratiques, à la facilité et à la rapidité.

Sur ces bases, une récente étude de marché menée par Eléphant Bleu sur un échantillon de 800 personnes montre une progression constante de la prestation effectuée chez un professionnel, au détriment de la prestation effectuée à domicile. Ainsi, en 2013, la proportion entre les deux modes était de 63,1/36,9 %, en faveur de la première nommée.

En termes de répartition de la démarche, toujours côté consommateur, les exclusifs lavage haute pression représenteraient 40,5 %, les exclusifs lavage portique 26,7 %, les exclusifs lavage manuel pro 1,1 %. Quant à ceux qui cumulent plusieurs types de lavage, leur proportion serait de 31,7 %.

Le portique, toujours dans une démarche de conquête

Maintenant, côté marché, si le lavage haute pression détient toujours la majorité avec 49 % des parts via quelque 3 500 à 3 600 centres de trois pistes en moyenne installés sur le territoire, le lavage automatique (42 % des parts) se positionne toujours dans une phase de conquête favorable, via la commercialisation de 800 à 900 portiques par an (sur un parc d’environ 7 000 machines, selon les estimations). Quant au lavage sans eau dit “écologique”, soit le domaine de prédilection des enseignes telles qu’Ecolave, Ecowash mobile, Autobella (qui a repris AutoClean Service), Sineo, etc., force est de constater que sa part de marché (estimée à 4 %) stagne quelque peu. Jusqu’à présent, les recrutements de nouveaux franchisés, comblent difficilement les cessations d’activités.

Le lavage automatique en phase de conquête, disions-nous ? Oui, dans la mesure où la tendance très marquée au niveau des professionnels du secteur, enseigne à forte notoriété ou indépendants déjà établis, consiste dans la mesure du possible à supprimer une piste HP au profit de l’implantation d’un portique à brosses. Ne parlons pas d’une pure création, qui verra systématiquement ou presque l’implantation d’un portique. Qu’il s’agisse d’Oki, Superjet, Astikoto (le réseau indépendant déployé sur la région Loire-Atlantique) et bien sûr Eléphant Bleu, tous adhèrent à la démarche. Ainsi, pour ce qui est de Superjet, le réseau d’exploitation du groupe Lavance compte plus de 350 sites, dont 99 % équipés d’un portique (ce dernier cohabitant avec deux pistes HP sur les sites à fort potentiel). Pour sa part, Eléphant Bleu passe à la vitesse supérieure. En effet, l’enseigne vient de franchir un nouveau cap en implantant non pas un, mais deux portiques à brosses de type “Souple” à 200 m de son centre HP historique de Troyes, sur une annexe spécialement dévolue au lavage automatique. Une démarche à laquelle avait également souscrit le centre de Tours. Ainsi, ces deux centres viennent s’ajouter aux six centres du réseau, qui disposaient pour leur part de deux portiques installés sur leur aire de lavage, cette fois en complément de la haute pression. “La démarche risque fort de se démultiplier, pour absorber les flux en période de pointe, pense Patrick Mary, directeur commercial d’Hypromat France. Accessoirement, elle procure aussi une certaine sécurité si l’un des deux portiques est à l’arrêt.” Pas faux. Au global, une quarantaine de portiques supplémentaires auront été installés en 2014, pour un total actuel de 150 unités.

Pour l’investisseur, installer un portique sur son centre de lavage représente un choix stratégique, avec un gain en rentabilité de 30 à 50 % (soit 30 000 à 100 000 euros HT de CA annuel supplémentaire), un accroissement de la fréquentation de plus de 20 %, le tout avec un retour sur investissement compris entre trois et cinq ans. Il faut dire que la haute pression (75 % de l’activité du réseau en propre d’Eléphant Bleu), détermine un panier moyen supérieur à 5 euros TTC, tandis que le lavage automatique (14 % de l’activité) signifie un panier moyen supérieur à 7 euros TTC. Des éléments qui contrebalancent une légère baisse de fréquentation due aux conditions météo peu favorables, bien que le mois de septembre ait globalement permis de rattraper “l’été pourri” sur bon nombre de régions. “Autant le facteur économique est difficile à évaluer, autant le facteur météo demeure le plus impactant sur nos résultats”, rappelle fort justement Patrick Mary. Dans ce contexte, le chiffre d’affaires du réseau en propre d’Eléphant Bleu a connu une croissance de 6 % à périmètre constant en 2014.

Une position de leader n’est pas forcément synonyme de croissance

Bien évidemment, cette tendance lourde d’implantation de portique(s) représente une belle opportunité pour les fabricants/importateurs de ce type de matériels, parmi lesquels se positionnent en premier lieu Lavance et WashTec. Sans véritable surprise, les deux leaders du secteur pèsent toujours 70 % du marché au minimum, devant Christ, Kärcher, Madic/Tsunamo, Tecnolec Autoequip, Heurtaux, Ryko, etc. A ces acteurs reconnus vient désormais s’en ajouter un autre, ainsi que nous l’avons récemment stipulé dans nos colonnes, Tammermatic. La marque scandinave plutôt positionnée haut de gamme effectue son retour sur l’Hexagone après plus de vingt ans d’absence, par le biais d’Emic Groupe, acteur essentiel de la haute pression. A suivre !

Pour ce qui est de WashTec France, la société de Saint-Jean-de-Braye (45) a clôturé l’année 2014 avec un chiffre d’affaires de plus de 42 millions d’euros, en légère progression par rapport à 2013 (40,5 millions). Un point extrêmement positif dans la mesure où une position de leader n’est pas forcément synonyme de croissance, qui plus est dans une période de crise ! “En ce qui nous concerne, le secteur des pétroliers est celui qui s’est révélé le plus dynamique”, souligne Fabrice Collet, directeur grands comptes et produits de lavage au sein de WashTec France SAS. Bien sûr, à ce niveau, Total et son concept Total Wash (désormais déployé sur les stations “DoDo” des indépendants) remporte la palme, et de loin. En outre, il faut noter que la progression sur les produits chimiques se révèle particulièrement marquée, puisque équivalente à 24 %. Pour appuyer cette dynamique, Washtec adopte en 2015 une entité produits de lavage distincte sous le nom d’Auwa, le leader européen repris en mai 2008.

Outre cet aspect, les perspectives 2015 passent d’abord par le maintien du chiffre chez les pétroliers. Elles passent aussi par des référencements en GMS, ceux-ci étant actuellement en cours. Normal, dans la mesure où les GMS se positionnent comme des acteurs majeurs sur le marché. Et puis, il y a également le référencement exclusif (pour deux ans, renouvelables) PSA Peugeot Citroën, au niveau des sites de production et des quelque 400 succursales implantées en Europe. “Outre l’aspect business, l’aspect intéressant de ce partenariat est de dynamiser le lavage à usage interne, plutôt stagnant ces dernières années, note Fabrice Collet. Il montre aussi que WashTec ne se focalise pas uniquement sur le très haut de gamme, puisqu’il s’agit ici de machines dépourvues d’options, qui doivent se montrer relativement rapides et fiables, dans le cadre d’un service (gratuit) à la clientèle.” Un rôle taillé sur mesure pour l’EasyWash, l’un des piliers de la gamme WashTec. En théorie, celui-ci devrait aussi permettre de toucher les concessionnaires et agents de marque…

Exercice 2014 particulièrement porteur pour Lavance

Un segment également visé par Lavance, par le biais de son tout nouveau portique M1 présenté à Automechanika, et dont le positionnement tarifaire se révèle inférieur à 30 000 euros HT ! Pour ce qui est de Lavance, justement, l’exercice 2014 s’est révélé particulièrement porteur, puisque le distributeur d’Istobal a battu son record de vente d’équipements avec plus de 500 unités, volume englobant les portiques VL et PL neufs et rénovés, ainsi que les centres HP, le tout avec une croissance du chiffre d’affaires de l’ordre de 13 %. “Afin de répondre à cette augmentation d’activité, notamment en termes de maintenance, nous avons également mis à profit l’année passée pour poursuivre notre politique de recrutement, sachant que nous disposons désormais de 89 techniciens itinérants, indique Guillaume Roux, le directeur général du groupe Lavance. Evidemment, ceux-ci ont dû suivre une formation adéquate, raison pour laquelle nous disposons aussi d’une équipe de trois formateurs terrain, c’est-à-dire des techniciens expérimentés.”

Entre 120 et 130 machines par an, en moyenne : le marché de Total

Côté perspectives, l’exercice 2015 se présente sous les meilleurs auspices puisque la société rennaise prépare son grand retour chez Total (bien qu’elle n’ait pas été complètement absente, via le matériel rénové et le lavage HP), par le biais d’un nouveau référencement obtenu fin 2014 au niveau des portiques et des centres haute pression Istobal. Un fait significatif pour Guillaume Roux. “En termes d’exigences qualité/prestation, Total demeure la référence absolue sur le marché, souligne-t-il. Aussi, le fait d’être à nouveau présent dans le réseau de ce pétrolier en tant que fournisseur de portiques neufs est très important. Une reconnaissance basée sur la compétitivité de nos machines et de notre SAV.” Pour rappel, le marché Total en globalité représente quelque 120 à 130 machines par an en moyenne, auxquelles s’ajoutent une quarantaine de centres HP. Ainsi, Lavance de rejoindre le duo Christ et WashTec, ce dernier demeurant (historiquement) majoritaire en matière de volumes, sachant que les ratios sont régulièrement remis en cause par le pétrolier en fonction des performances des prestataires en matière de maintenance. Reste que cette nouvelle opportunité pour le leader du secteur, aussi prestigieuse soit-elle, ne doit en rien occulter les acquis, symbolisés par une présence significative sur les autres secteurs. “Aujourd’hui, notre répartition en termes de portefeuille clients se révèle très équilibrée, un état de fait essentiel à nos yeux”, fait remarquer Guillaume Roux. Effectivement, tandis que les indépendants représentent 50 % des parts, les GMS pèsent 25 % et l’ensemble pétroliers/grands comptes également 25 %.

Sur le plan technique, pas de véritable révolution. En effet, pour Fabrice Collet, “la vraie révolution serait un portique qui consomme 20 litres d’eau !”. Pas encore pour demain. “Aujourd’hui, la richesse de l’offre programmes représente un facteur non négligeable de la consommation d’eau, indique-t-il. En moyenne, un portique actuel évolué consomme quelque 220 litres d’eau. De quoi, sans doute, expliquer le léger frémissement sur les ventes de systèmes de recyclage.” Des ventes qui demeurent toutefois bien en deçà de ce qu’elles devraient être puisque, en fonction des différents acteurs, il faut parler d’un volume annuel de 20 à 30 unités… Affaire à suivre, malgré tout, sur les prochaines années.

Sans véritable révolution, le vecteur technologique se révèle particulièrement dynamique

Au-delà de ces éventuelles perspectives, l’aspect technique ne s’en montre pas moins particulièrement dynamique sur le secteur du lavage, avec bon nombre de développements visant à améliorer l’efficacité, la rentabilité côté exploitant et, bien sûr, le quotidien du client laveur. Dans ce cadre, Washtec France va mettre à profit ce début d’année 2015 pour capitaliser sur son concept “Multiflex”, également présenté à Francfort en septembre. Dans la pratique, ce développement optionnel relatif au suivi de profil des brosses latérales est destiné uniquement à la gamme SoftCare Pro. Par le biais d’un double vérin hydraulique, les brosses latérales disposent de deux axes d’inclinaison, l’un classique, l’autre exclusif, dédié à l’arrière du véhicule, y compris la lunette arrière. “En mesure de procurer un maximum de contact, le concept se montre particulièrement intéressant pour traiter les véhicules de type compact ou SUV, avec spoiler”, explique Fabrice Collet. Effectivement, le fait que chacune des deux brosses s’incline de 15 % permet de s’affranchir des zones difficiles d’accès.

Le recours aux LED ­multicolores ajoute à l’attractivité

Reste que, en termes de tendance lourde, la rapidité de la machine demeure “le nerf de la guerre”, ceci dans l’optique de diminuer les files d’attente en période de pointe. A ce niveau, si un portique double permet de ramener à moins de 3’ un lavage/séchage contre 4’30’’ sur un portique standard, le vrai défi consiste à réaliser un cycle complet sous les 7’. Autre tendance très marquée, sur le plan de l’attractivité cette fois, la communication sur la machine ainsi que la mise en valeur de celle-ci. A ce niveau, le recours aux LED multicolores va bon train. Très bon exemple, le nouveau Varius Vitesse de Christ. Désormais doté de panneaux à affichage multiples, celui-ci offre la possibilité de communiquer sur les sécurités, le programme sélectionné, etc. Le fabricant allemand va même plus loin puisque les panneaux lumineux s’en remettent à un décor similaire à celui des montants de la machine !

Enfin, pour l’essentiel, l’abaissement du niveau sonore des machines demeure toujours d’actualité. Dans ce registre figure le nouveau concept Smartflow d’Istobal. Proposé en option sur le portique M22 de Lavance, ce concept permet de réduire le niveau sonore de 6 dB, ce qui n’est pas rien compte tenu de la moyenne de 80 dB des systèmes existants. Un résultat issu d’une turbine spécifique en mesure “d’écraser” les flux d’air récupérés en amont et de les expulser en grande quantité, le tout avec très peu de perturbations. En outre, le concept permet également la réduction des consommations électriques de manière très significative, puisque celles-ci passent de 15,5 kW/h sur un portique classique à 6,5 kW/h.

Maintenant, une question s’impose : le contexte économique actuel influence-t-il les comportements d’achat au niveau de l’exploitant ? En d’autres termes, le (très) haut de gamme est-il toujours autant plébiscité ? Fabrice Collet répond sans détour. “Sachant que nos clients ont tendance à constater une légère baisse du panier moyen côté consommateur, le phénomène se répercute sur le budget moyen d’un investissement portique, constate-t-il. Certes, le phénomène ne se ressent pas dans une forte proportion, mais il est logique.” Une raison qui, selon lui, peut expliquer le fait que l’ensemble des acteurs du marché améliore de plus en plus le matériel d’entrée et de milieu de gamme. “Par rapport à il y a quelques années, l’écart considérable entre un entrée de gamme, un milieu de gamme et un haut de gamme a véritablement tendance à se resserrer, note-t-il. D’où la nécessité, également, de rechercher de vraies innovations pour redynamiser le marché vers le haut de gamme.” Ceci partant du principe que le dernier mot, au niveau de l’investisseur, reviendra toujours à son banquier ! A titre indicatif, le niveau de prix d’un portique de milieu de gamme se situe aujourd’hui entre 50 000 et 60 000 euros HT.

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FOCUS - Tecnolec se démarque

Une deuxième année record dans la foulée de 2013, telle est la résultante de l’année 2014 pour Tecnolec Lavages, digne représentant de la marque italienne Autoequip sur le territoire. Dans les faits, le distributeur de Colombes aura commercialisé quelque 45 machines (y compris les rénovées), auxquelles s’ajoute une petite dizaine de centres HP de trois pistes en moyenne. “Une certaine performance compte tenu des conditions climatiques peu favorables, et ce, depuis octobre 2013”, souligne Luc Mezzalana, directeur commercial de Tecnolec Lavages. Une précision. En conformité avec la tendance actuelle, certains centres HP ont vu l’implantation de deux portiques à brosses. “Pour un budget quasi identique, il est préférable pour l’investisseur d’implanter deux pistes HP et deux portiques plutôt que quatre pistes et un portique, ceci sachant que le coût de deux pistes est grosso modo équivalent au coût d’un portique haut de gamme (70 000 à 80 000 euros HT, N.D.L.R.), et que le chiffre d’affaires dégagé n’a plus rien à voir”, justifie Luc Mezzalana. A noter que l’ensemble des portiques commercialisés chez les exploitants indépendants (80 % de la clientèle de Tecnolec) étaient équipés du système exclusif de lavage de roue sans contact Discover et, bien sûr, du programme Rain-X cher au fabricant italien. Une bonne manière de se démarquer sur le secteur, avec à la clé presque 20 % de CA supplémentaire pour l’exploitant…

Quant à 2015, une dizaine d’installations auront été réalisées à fin mars. “Nous demeurons confiants du fait de la dynamique Equip Auto notamment, même si ce rendez-vous engendre généralement un coup de frein sur les commandes en septembre voire même en juin”, note Luc Mezzalana.
 

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