Laurent Boudet, CGI Finance : "La performance s'est accrue d'un facteur 1,5 à 2"
Le Journal de l'Automobile : En quoi les nouvelles technologies aident les sociétés de financement ?
Laurent Boudet : Comme les autres acteurs financiers, nous nous en remettions à des modèles d'intelligence artificielle (IA) traditionnels pour produire nos scores d’octroi de crédit. Pour faire simple, nous utilisions des données clients et véhicules anonymisées ainsi que la constatation des défauts de paiement pour prédire le risque de crédit. Les nouvelles technologies de l’IA que nous utilisons depuis peu, comme le machine learning (réseaux neuronaux) améliorent les scores d'octroi grâce à une meilleure prédiction.
J.A. : Quel a été le principal défi de cette innovation ?
L.B. : En prenant en compte plus de paramètres, il devient difficile de dire ce que les algorithmes utilisent pour apporter des réponses. Il a fallu ajouter des facteurs d'explicabilité pour consolider cette nouvelle approche.
JA. Quel est le bénéfice direct ?
L.B. : Nous avons nettement diminué les taux d'erreur et de faux positifs. La performance s'est accrue d'un facteur 1,5 à 2. Il en a résulté une amélioration substantielle dans la capacité à accepter mieux et plus vite, ce qui est stratégique dans notre métier. C’est un travail de fond que nous avons démarré il y a dix ans.
Nos partenaires accéderont à une vision globale de leurs comptes d’exploitation
J.A. : À quoi ces dix années de travail servent-elles aujourd'hui ?
L.B. : Nous avons passé une décennie à collecter, historiser et travailler la qualité des données. Outre les modèles d’octroi, nous avons développé un modèle de valorisation fondé sur la compilation de millions de transactions. Cela nous donne la possibilité de disposer aujourd’hui d'un outil d'aide à la tarification des voitures d'occasion et des véhicules neufs. Il ne s'agit pas seulement d'évaluer un prix à un instant T, selon des caractéristiques de produit et de marché, mais aussi de faire des projections à plus long terme. Ce modèle nous permet d’apporter le meilleur conseil à nos partenaires sur ce sujet.
J.A. : Les distributeurs aimeraient profiter de cette vue d'ensemble. Est-ce prévu ?
L.B. : Dans quelques semaines, nous proposerons à nos partenaires ce modèle, sous forme de tableau de bord, dans une interface dédiée. Un tableau qui permettra un diagnostic sur leur risque lié à la valeur résiduelle, notamment sur l’électrique. Grâce à cet outil, nos partenaires accéderont à une vision globale de leurs comptes d’exploitation, leur permettant d’observer aussi bien les gains réalisables que les pertes sur les valeurs résiduelles des buy back.
J.A. : N'avez-vous pas une solution plus poussée en préparation ?
L.B. : En effet, lors de la prochaine session des Clés du VO, qui se tiendra fin novembre, nous présenterons en exclusivité à nos partenaires distributeurs présents des approches innovantes. Il y aura, par exemple, un outil permettant d’optimiser la gestion des fins de contrats de location.
J.A. : Quel est l'avenir de l'intelligence artificielle dans votre métier de financeur ?
L.B. : Les algorithmes n'apporteront pas toutes les réponses, mais permettront d’accélérer et d’optimiser nos solutions, ainsi que le confort de travail de nos collaborateurs. Les IA génératives notamment joueront un rôle clé. Nous les utilisons déjà pour apporter des réponses plus rapides à nos clients finaux. À terme, les outils de nos back-offices et espaces clients devraient également en bénéficier, pour améliorer le traitement des prospects et l’efficience globale de la relation client au service de nos partenaires.
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