Hamilton émerge de la nuit

...Lewis Hamilton exulte. Beau vainqueur, le britannique valide une fois de plus la thèse relative à tout circuit urbain. Celle qui veut qu'un pilote parti de la pole position ait les plus grandes chances de s'imposer. Un brin chanceux la veille pour avoir monté des pneus neufs au début d'une séance Q3 interrompue par le drapeau rouge à une trentaine de secondes de la fin, suite à la sortie de route de Barrichello (Brawn GP-Mercedes), le champion du monde en titre n'avait laissé le soin à personne de décrocher sa troisième pole (en 1'47''891) sur les quatre derniers Grands Prix. Un bon départ et une stratégie à deux arrêts feront le reste. "Je suis arrivé à Singapour avec l'objectif de bien faire, confessait le vainqueur. Je voulais me racheter de mon erreur de Monza et j'y suis arrivé au terme d'une course très difficile, ne serait-ce qu'en raison de la température élevée (30 °C au moment du départ, NDLR) et de ces virages qui ne cessent de s'enchaîner". Peu sensible à son classement chez les pilotes (seulement 5e avec 37 points), le souhait du leader de McLaren-Mercedes est désormais d'amener son équipe à la 3e place chez les constructeurs. Objectif en soi réaliste, dans la mesure où elle talonne Ferrari, devant elle avec, seulement 3 points de mieux (62 pts à 59).

Seuls, Nico Rosberg et Sebastian Vettel auraient pu lui contester la victoire. Parti à ses côtés de la 1ère ligne, le premier a payé au prix fort (un "drive through") son incursion au-delà de la ligne blanche à la sortie de la voie des stands après son premier arrêt. Le second, quant à lui, a connu des fortunes diverses. Outre le fait d'avoir perdu le rétroviseur droit de sa Red Bull-Renault, Vettel a également écopé d'un "drive through", pour avoir dépassé la vitesse maximum autorisée dans la voie des stands de… 1,4 km/h ! Dur à admettre. Pour l'espoir allemand, le GP de Singapour se positionnait en quelque sorte l'une des dernières cartouches dans l'optique du championnat. En terminant 4e sous le drapeau à damiers, juste devant… Button, ses chances sont désormais nulles. En effet, le pilote Red Bull concède désormais 25 points de retard sur le leader du championnat, à trois encablures du but.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les lauriers sont retombés sur la tête de Timo Glock, 2e, et de Fernando Alonso, 3e. Pour le jeune allemand, qui obtient le deuxième meilleur résultat de sa carrière après sa 2e place au GP de Hongrie 2008, ce résultat tombe à pic.

A une semaine du rendez-vous de Suzuka, il tombe également à pic pour son écurie, malheureusement toujours en mal de victoire depuis ses débuts en 2002. Une équipe Toyota dans l'expectative quant à la saison 2010, puisque aucun de ses deux pilotes maison n'a pour le moment renouvelé son contrat. Reste le cas Fernando Alonso. Indiscutablement, le premier podium du pilote espagnol, cette saison, a mis du baume au cœur à une équipe Renault secouée par les événements du début de semaine. Bob Bell, qui coiffe désormais la double casquette de directeur d'Equipe et de directeur Technique, en convenait. "Décrocher un podium est toujours une bonne chose, mais celui-ci a une saveur particulière après les événements traversés récemment. Toute l'équipe va aborder les trois derniers Grands Prix avec un surcroît de motivation grâce à ce résultat". Et Jean-François Caubet, le directeur général "intérimaire" d'ajouter : "Ce résultat est extrêmement important pour le personnel Renault, pour notre partenaire Total et nos sponsors (toujours sponsor principal de l'équipe jusqu'en fin de saison, ING ne figure plus sur la carrosserie des deux R 29, NDLR), sans oublier les membres de l'équipe. Nous venons de montrer que Renault a toujours la capacité à évoluer au plus haut niveau". Sans doute un beau cadeau d'adieu d'Alonso, aussi, qui ne devrait plus tarder à officialiser son transfert dans le giron de la Scuderia.

Photo : Hamilton, Glock, Alonso… Un beau podium que celui de Singapour, pour des raisons diverses.