FFSA ou la compétition de proximité

...de Formule 1 à Magny-Cours, le Tour de Corse et le Championnat de France des Rallyes et par le prestige des pilotes qui y participent, la FFSA s'avère une véritable pépinière de talents et de spectacles réunis.

Fondée en 1952, la FFSA compte quelque 70 000 licenciés, toutes catégories confondues du sport automobile et du karting, et un ratio de 2/3 pour l'auto et 1/3 pour le karting. Et du karting à l'auto, le courant passe bien, il n'est pas rare de voir les têtes de série du kart s'envoler vers la voiture et d'aucuns de l'auto se soumettre aux règles du kart avec la même énergie ! Quant aux aficionados de l'auto, les plus nombreux sont adeptes du Championnat de France des Rallyes, mais suivent de très près les autres épreuves. Il faut préciser que les deux tiers d'entre eux sont les concurrents, les autres étant les officiels, tous des passionnés des sports mécaniques face à plus d'un million de spectateurs recensés sur l'ensemble du championnat, par exemple. Et comme le souligne Georges Colin, responsable du service de presse de la FFSA, "chaque concurrent ne peut prétendre s'engager dans un rallye sans que la voiture ait été préparée. Ce qui suppose le concours d'un préparateur et d'une équipe de mécaniciens à ses côtés pour effectuer l'assistance technique pendant les épreuves et, donc, démultiplie le nombre de personnes impliquées".

Une fédération en permanente ébullition

Pour mieux comprendre le fonctionnement de la FFSA, il faut se pencher sur "ses clients" et sur son rôle premier. En effet, la FFSA a une mission de service public qui est de développer le sport automobile et d'en fixer les règles. Organiser des rallyes, des épreuves ou des championnats sur le plan pratique n'entre pas dans ses priorités (même s'il se trouve tout de même que le Grand Prix de France et le Rallye de France - Tour de Corse soient placés directement sous sa coupe), au contraire de réglementer, de développer et de sécuriser. En ce sens, elle se retrouve confrontée à deux populations aussi exigeantes l'une que l'autre, celle des licenciés, qu'ils soient pilotes, mécanos ou officiels et celle du public. Un public fidèle, jeune et passionné, qui n'hésite pas à se déplacer en famille sur les spéciales, se faire un pique-nique pendant le week-end pour ne pas rater un dépassement ou une attaque, et qui rêve, souvent, de se retrouver au volant. Sans compter, le soutien au pilote de la région et mieux encore la revendication de sa marque de voiture ou de son équipement. Si les milliers de spectateurs présents sur les différentes épreuves s'emmêlent souvent pour donner le classement des pilotes, ils savent, en revanche, très bien citer les marques qui gagnent et si les autos sont montées en Michelin, Continental ou Pirelli, ou encore si telle auto a remporté l'épreuve parce que l'amortisseur ceci, parce que les freins cela sans parler des bougies, des lampes, des… et quand le pilote de tête est de la région, le délire est proche. Les spectateurs sont, en effet, majoritairement des habitants de la région. A la FFSA de remplir ses différentes missions en faisant évoluer les propositions.

Ouvrir davantage.

Permettre au plus grand nombre de participer s'impose comme prioritaire pour Olivier Pignon, responsable du Championnat de France des Rallyes et de son développement et dépendant directement de Jacques Régis, son président qui est aussi vice-président de la FIA (Fédération Internationale Automobile). Lors de la nouvelle réorganisation du Championnat phare en Rallye intervenue début 2004, il commente ainsi la "réouverture" : "Le fait d'avoir réouvert n'exclut personne et permet à chacun de participer. En ouvrant le championnat de France à toutes les catégories, nous donnons à chacun la possibilité de se confronter et d'offrir une plus value sportive plus conséquente. Par ailleurs, nous avons conçu un championnat, qui, en adoptant une réglementation très proche de celle du Championnat du monde apporte, d'une part, un professionnalisme plus efficace et, d'autre part, favorise une stabilité des systèmes d'organisations." Il existe, en effet, trois grands types de championnats, la Super Série (Opérateur : SRO), les Grands Prix de Karting (Opérateur : TKC, Team Karting Compétition) et bien sûr le Championnat de France des Rallyes (géré directement par la FFSA), discipline phare que l'on vient d'aborder. Aujourd'hui, quatre grandes catégories d'acteurs peuvent participer et entrer dans le classement général du Championnat de France, à commencer par le système pro, représenté par les constructeurs ou les écuries professionnelles qui "fournissent" surtout en Super 1600 ou WRC. En catégorie amateurs, on citera le Trophée Michelin, en pleine progression puisqu'il accueillait en 2004, une vingtaine de voitures et que l'on en comptait déjà 25 en 2005. Une prime de 30 000 euros récompense les amateurs, issue d'une triple participation, l'organisateur, Michelin et la FFSA pour 10 000 euros chacun. Autre catégorie qui fonctionne très bien, les coupes des marques, systèmes développés par les constructeurs automobiles comme Citroën, Renault ou Peugeot. Ce sont souvent de bonnes écoles pour les compétiteurs qui veulent devenir pros puisque, parfois, précise Olivier Pignon, le constructeur offre à la fin, un volant au meilleur des pilotes (parmi une trentaine en général), ce que l'on appelle les formules de promotion. Expression qui prend toute sa valeur quand on sait que Sébastien Loeb et Alexandre Bengué en sont issus, ou encore Stéphane Sarrazin, à son heure membre de l'équipe de France FFSA (concept de promotion des meilleurs jeunes pilotes français rallymen, "pistards" ou kartmen mis en place depuis 1998 et les aidant à accéder au milieu pro) et désormais pilote officiel Subaru en WRC. Enfin, les concurrents régionaux constituent une part non négligeable des concurrents. A noter que des courses de véhicules historiques viennent souvent étoffer le championnat.

Une capacité d'organisation insoupçonnée

La FFSA, en elle-même, ne comprend qu'une cinquantaine de permanents, répartis dans cinq directions, direction générale, financière, compétition, communication et développement. Elle s'appuie essentiellement sur des bénévoles, véritables interprètes de la passion de l'automobile et du kart : 18 comités régionaux du sport automobile (autant en karting), 230 associations automobiles et 200 associations de karting constituent le gros des troupes relayant la Fédé dans nombre des 1 200 compétitions automobiles et de karting organisées chaque année partout en France. Et les budgets sont impressionnants. Pour organiser un rallye du Championnat de France, il faut compter environ 300 000 euros se composant de trois tiers, les concurrents, le partenariat privé et les institutions régionales. Et ce pour un public s'élevant parfois jusqu'à 200 000 spectateurs pour une épreuve ! La gratuité du spectacle favorisant bien sûr la venue des gens et aussi le mythe que soulèvent les noms des rallyes tels Le Touquet, le Critérium des Cévennes, le Lyon Charbo ou le Mont Blanc Morzine… Côté budget, celui des concurrents n'est pas sans importance non plus, environ 700 à 800 000 euros pour une participation complète en WRC (307 WRC ou Xsara WRC), 400 000 euros pour le Super 1600 et 100 000 euros pour le Trophée Michelin (chiffres estimatifs). Mais comme le dit Olivier Pignon : "Ce qu'on produit, c'est du sport, du spectacle et aussi du rêve, de l'aventure, de la sportivité…" Alors, alors, il faut communiquer et ce n'est pas la moindre des tâches de la FFSA !

Communiquons… ensemble !

Formidable relais de la communication des constructeurs, des équipementiers et des prestataires de l'automobile sur le terrain, le Championnat de France des Rallyes, pour ne parler que de lui, fait l'objet d'un soin tout particulier de la FFSA pour le faire savoir. Georges Colin, qui gère ce département, ne lésine pas et déploie sur chaque manche une équipe de production (indépendante) qui officie pour la Fédé et propose gratuitement des images à toutes les chaînes de télévision. Quatre personnes assurent en permanence pendant les courses la diffusion des communiqués à la presse audio et écrite, notamment la presse quotidienne régionale très présente sur les épreuves, animent le site Internet, assurent les conférences de présentation avant chaque rallye et plus globalement fournissent tous les matériaux pour un relais efficace. S'il est clair que les retransmissions sur les télés nationales ne font pas le gros des répercussions médiatiques, le fait que la Fédé fournisse gratuitement les images a bien fait progresser les choses et c'est quelque 80 heures de rallye qui sont ainsi diffusées sur les chaînes câblées et France 3 région. Les radios locales sont davantage présentes parce qu'à l'affût de l'événementiel de la région. Olivier Pignon enfonce le clou : "Notre cœur principal, c'est le spectacle, l'aventure humaine et faire se retrouver des gens qui ont un lien avec l'automobile". D'ailleurs, les entreprises ne s'y trompent pas et nombre d'équipementiers ont réussi à faire connaître leurs produits grâce au sponsoring lié à la Fédé. En effet, la FFSA, par le biais de sociétés spécialisées comme DBCOM, proposent des packages complets qui ne se portent pas sur une épreuve ou sur un pilote mais sur le championnat. C'est pourquoi, les sponsors et partenaires s'y retrouvent : présents sur les voitures, sur les calicots, sur les invitations, les affiches… Ils peuvent ensuite inviter leurs clients et prospects dans le village VIP en toute intimité et en tout privilège et surtout proximité. Et profiter des nombreuses actions et animations organisées sur mesure. Dominique Bertrand, directeur de DBCOM le précise : "Il est difficile aujourd'hui pour un équipementier de pénétrer un marché en constituant une force commerciale suffisamment importante. Inviter les clients dans les villages VIP dans chaque région de France pour assister dans des conditions privilégiées au spectacle revient nettement moins cher et, en favorisant les relations, accroît la fidélisation ou même la découverte. C'est comme cela que les amortisseurs Kayaba se sont fait connaître, que Ferodo, Champion, ou Brembo ont pu communiquer sur la qualité de leurs produits ou de leur présence en Formule 1, ou encore que Philips a accrû sa part de notoriété "automobile" en France". La FFSA n'hésite d'ailleurs pas à utiliser la "voiture ouvreuse" pour emmener et faire vibrer les invités, ou encore à organiser les rencontres avec les pilotes. Quand on sait que des Sébastien Loeb, Simon Jean-Joseph, ou Stéphane Sarrazin y ont traîné leurs guêtres, cela laisse rêveur… et présage bien de l'avenir des championnats de France de Rallyes !

Hervé Daigueperce